crédit photo: Thomas Dufresne
Festival FME

FME 2023 – Chapitre 3 | Rouyn en musique, pour une dernière fois de l’été

Oui, il est toujours agréable de voir performer FouKi ou Les Louanges sur une grande scène. Ils sont bons. Excellents, même. Mais ces deux-là, tout comme une panoplie d’artistes ayant déjà percé dans le milieu, il est aisément possible de les apprécier aux Francos, au FEQ, bref, un peu partout à travers les festivals de la saison estivale au Québec. C’est là où le FME se distingue de plusieurs autres événements de l’industrie : des concerts cachés, des artistes européens traversant l’océan seulement pour une poignée de jours, ou des performances de musiciens émergents dans le courant de la nuit, ne bénéficiant pas du privilège de pouvoir tourner dans la province. Ce mélange-là procure une expérience unique.

Les grands gagnants de ce FME : nul autre que le groupe bruxellois TUKAN.

Explication : originellement annoncé seulement pour la nuit du samedi au dimanche, au sous-sol du Petit Théâtre du Vieux Noranda, à 1h30, les festivaliers intéressés reçoivent une belle surprise.

L’application du FME envoie la notification que le quatuor belge sera présent aux alentours de 20h, le vendredi, devant la Fonderie Horne.

Une petite centaine de gens réactifs préfèrent la performance de TUKAN à celle de Greg Beaudin, à la Scène principale, et autant dire que d’une manière générale, les visages affichent des expressions positives, enchantées.

La musique proposée s’avère originale, pas forcément accessible à n’importe qui, mais on retrouve cette audace de créer quelque chose de différent.

Aucun des quatre membres ne saisit le micro pour chanter, chacun se trouvant derrière leur instrument, mélangeant le rock, le jazz, avec surtout de l’électro.

Le cadre de la performance cachée se marie à merveille avec l’artistique de TUKAN : un environnement industriel, entre usine, rails de train, gravier et containers, le soleil couchant agrémentant l’association déjà envoûtante, et en soi, logique.

* Photo par Thomas Dufresne.

Deux spectacles, plusieurs artistes du festival en ont pourtant bénéficié, pourquoi les qualifier de « grands gagnants », alors?

Le dimanche, durant la performance de clôture de Philippe Brach, les téléphones des festivaliers sonnent pour la dernière fois de cette 21e édition : « TUKAN en cadeau! », peut-on lire sur l’écran.

Pas un « Show caché », pas un « Artiste surprise », comme le reste des messages du festival ont pu nous habituer, bel et bien une supplémentaire.

Le passage nocturne du groupe belge, la veille, a visiblement su faire son effet.

Pas une, pas deux, bien trois performances en quatre jours.

 

Un drôle d’oiseau

À peu près une dizaine de performances cachées sont à signaler durant les quatre jours passés au FME 2023 : parmi l’une des plus marquantes assistées, on note Flavien Berger, le samedi en début d’après-midi, dans un stationnement du centre-ville de Rouyn-Noranda.

Le décor entrevu reste tout sauf enchanteur : l’artiste performe devant un mur gris, une enseigne du Tim Hortons non loin de là rajoutant encore de la sauce à ce contexte anti-glamour.

Et pourtant, l’expérience apporte ce sentiment absolument contraire.

Rien qu’en lisant un peu sur Flavien Berger, on assimile rapidement l’esprit décalé du personnage : Berger aurait découvert « la composition musicale sur sa PlayStation 2 avec le jeu Music 2000 », nous apprend sa page Wikipédia.

Atypique.

* Photo par Christian Leduc.

L’artiste français, à rappeler le caractère insolite de Philippe Katerine, semble se sentir dans sa bulle en jouant, intriguant, combinant des productions électro-pop avec des paroles souvent improvisées sur le moment.

Si la proposition, écrite comme telle dans un article, avait peut-être du mal à se faire comprendre, les personnes présentes à l’événement savent à quel point celui-ci s’est révélé agréable.

Étrange, oui, mais agréable.

Le public danse au son de sa musique (et pas des petits pas timides, il se déhanche réellement!), initie une haie pour laisser passer ceux tentant les démarches les plus audacieuses, constamment le sourire scotché aux lèvres.

Comme une boîte de nuit extérieure, mais à 3h de l’après-midi, sous la chaleur.

« Bisous bisous, à plus c’était correct », jette-t-il en partant, accompagné d’applaudissements.

* Photo par Christian Leduc.

Alors que Flavien Berger va s’offrir six représentations de suite à Paris, en mars prochain, dans des salles penchant aux alentours de 1000 personnes, TUKAN peut également se vanter d’avoir récemment rempli l’Ancienne Belgique, à Bruxelles, d’une capacité de 2000 personnes.

Le point est le suivant : un festival comme le FME permet d’offrir cette possibilité d’apprécier en direct des artistes européens à petit déploiement, et gratuitement, ceux-ci penchant davantage vers la célébrité dans leurs pays d’origine qu’ici, logiquement.

Pas mal, et surtout, pas frileux de leur part.

 

La guitare et la voix comme seuls instruments

Des bars, restaurants et cafés à travers le centre-ville de Rouyn présentaient un bel éventail d’artistes en 5 à 7 durant la tenue de ce FME 2023.

À L’Abstracto, le vendredi en début de soirée, se produisait l’auteure-compositrice-interprète Arielle Soucy.

Le décor ne relève pas de l’habituel : entre les quelques membres du public venus l’écouter dans le fond de l’établissement, des clients de L’Abstracto soupent en même temps que la tenue de la performance, assis à des tables dispersées dans l’endroit.

Et étonnamment, ceux-ci s’avèrent attentifs, on ne retrouve pas ce tapage caractéristique à un restaurant qui aurait pu rabaisser le niveau de la performance, malgré l’artiste.

Tant mieux.

* Photo par Dominic McGraw.

L’artiste montréalaise impressionne de sa débrouillardise : sans musicien ou vocaliste l’accompagnant, Arielle Soucy enregistre en direct sa propre voix dans le but de s’harmoniser elle-même, ajouter de la richesse à ses propres et douces compositions folk.

Propres compositions, puis une petite reprise de L’effet Lisa, de Richard Desjardins, pour clôturer le tout.

Une excellente ouverture à la soirée de cette deuxième journée du FME, alors que l’artiste s’apprête à sortir son premier album studio prochainement.

 

Le quartier général

Pas littéralement, seulement l’acronyme de la salle de spectacle Le QG, où divers musiciens tenaient des performances du vendredi au dimanche, dans le but de débuter les festivités dans le quartier.

Mélissa Fortin, du groupe Bon Enfant, présente son projet solo le samedi, à 16h, dans une disposition féérique et invitante.

Plantes et feuillages sur la scène, arc-en-ciel comme éclairage, l’artiste et autres accompagnateurs offrent « de la musique pour musicien », tant la proposition apparaît poussée, riche, les accords variés.

Seul le simple interprété Fleur cosmique est paru sur les plateformes d’écoute, mais la musique instrumentale de Mélissa Fortin, ainsi que sa technicité au clavier, donnent envie de découvrir ce qu’elle nous réserve en studio pour la suite.

* Photo par William B. Daigle.

Le lendemain, le septuor montréalais comment debord tiendra la dernière performance des 5 à 7 au QG.

Pendant que Rémi Gauvin, à la guitare et au chant de la formation, annonce la récente parution de leur album, monde autour, il y a deux jours, un constat récurrent s’impose dans la salle : il fait chaud, il fait beaucoup trop chaud.

Comme au Paramount, durant la performance de Karkwa la veille.

* Photo par William B. Daigle.

L’événementiel à Rouyn-Noranda ne semble pas habitué à recevoir des performances comme telles à l’année longue.

Cela n’empêche pourtant pas comment debord d’offrir une performance à la hauteur des attentes, tandis que la salle entière danse au gré de la musique proposée par les artistes, prenant visiblement plaisir de retourner sur les planches, de pouvoir présenter le projet dès sa sortie, aspect impossible pour le premier projet, paru en contexte pandémique.

Consultez d’ailleurs notre entrevue avec le groupe comment debord par ici.

 

Jusqu’au bout

L’événement de clôture ne signait pas la fin définitive de cette 21e édition du Festival de musique émergente.

Suivant la performance de Philippe Brach, en soirée le dimanche, les festivaliers courageux pouvaient se permettre encore quelques derniers concerts.

Courageux, car nombre d’entre-eux retourneront le lendemain, en cette fête du Travail, dans les contrées qu’ils habitent.

Tôt, le lendemain.

Ça n’a toutefois pas coupé les ailes à une petite cinquantaine de personnes d’assister à la performance de cet OVNI nommé VioleTT Pi, au Cabaret de la dernière chance, aux alentours d’1h du matin.

Le compagnon de Klô Pelgag interprète essentiellement son dernier album, Baloney suicide, devant ces friands de musique rock, voire métal, présents dans le modeste bar.

* Photo par Christian Leduc.

Voilà, le festival est dorénavant clôturé.

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