crédit photo: Charlotte Rainville
Philippe B

Entrevue avec Philippe B | Retourner à la ville, maintenant à trois

Six ans après son dernier opus, l’auteur-compositeur-interprète à talent Phillipe B nous revient avec un nouvel album, Nouvelle administration, qui paraît aujourd’hui même. Endossant dorénavant un rôle de père, le natif de Rouyn-Noranda navigue dans ses textes entre divers choix cruciaux à sa récente vie de famille.

Tout d’un coup, on n’est plus deux, on est rendu trois.

Dès le deuxième titre de Nouvelle administration, le nom de Pauline, dernière arrivée dans la famille Bergeron, est évoqué.

« Je suis en train de choisir, dans le fond, le mode de vie et l’identité de quelqu’un d’autre que moi. Est-ce que ça va être une fille de la ville, une fille de la campagne, une fille de la région? », se questionne Philippe B, en entrevue avec Sors-tu? « Je trouvais ça vertigineux un peu, non seulement de choisir pour moi, mais de faire ce choix-là pour quelqu’un d’autre », poursuit-il.

Le musicien folk a pris la décision de fraîchement s’établir à Montréal, alors qu’il avait quitté la métropole il y a de cela quelques années. Chaque segment de sa vie lui apparaît comme une source d’inspiration concrète pour ses morceaux.

« C’est un peu une exploration de toutes les émotions et les dynamiques qui sont à l’œuvre dans ces transitions-là. […] Entre le passé et le futur, les ruptures, entre la vie d’avant et la vie d’après, on vit la vie comme un fil continu, mais quand on prend du recul, on reconstruit tout en chapitres pour en faire sens », confie Philippe Bergeron.

Bien que six ans séparent La grande nuit vidéo et Nouvelle administration, le style de Philippe B reste pourtant caractéristique et reconnaissable à travers les dix titres de son récent projet, conservant alors cette allure folk et ces magnifiques et douces sonorités qui lui ont procuré le succès par le passé.

« Musicalement, je viens de faire un album qui est beaucoup dans la continuation du style de chanson que je faisais, plutôt qu’une tentative de virage ou de réorientation, lance l’artiste. Je n’avais pas cette peur-là, d’être dans la redite en général, parce qu’au niveau du propos, il y avait quelque chose dans l’écriture qui avait fondamentalement changé », ajoute Philippe B, en référence à son style d’écriture au « tu », incluant désormais sa fille.

Cette manie de s’adresser à l’autre dans ses textes se révélant essentiellement une conversation entre lui et un personnage féminin (l’exemple du titre Rouge-gorge, de La grande nuit vidéo, est abordé dans l’entrevue, la voix féminine occupant un rôle entier et non de simples « back vocals ») se reflète dans les concerts de l’artiste. Deux musiciennes accompagneront l’auteur-compositeur-interprète sur scène prochainement : « C’est sûr qu’au niveau des arrangements, mon réflexe c’est de me dire, je vais prendre des voix féminines, [celles-ci] incarnent le personnage. »

Suivant ce que Philippe B qualifie presque du « lancement de son album » aux Francos de Montréal, le samedi 10 juin prochain (à la salle Le Studio TD de la Place des Arts), de nombreux festivals se trouveront sur la route du musicien cet été. « Les shows que je fais, c’est à Baie Saint-Paul, au Festif, à Tadoussac, puis à Petite-Vallée, c’est vraiment les beaux festivals de régions. C’est un peu loin, mais c’est vraiment des affaires, cinq-six ans depuis l’autre album, dont je m’ennuie », émet Philippe B. « J’ai l’impression que ça fait longtemps que je ne suis pas allé à Tadoussac, voir les spectacles des autres, de mes amis, puis de mes collègues », continue-t-il.

La formule de ses prochaines représentations apparaît unique pour le musicien, qui ne semble pas avoir peur de s’entraîner dans de nouvelles avenues. « J’ai hâte d’essayer ça! », déclare-t-il.

* Philippe B à Coup de coeur francophone 2018. Photo par Marie-Claire Denis.

Tout a changé, tout est pareil

Alors que le début du processus créatif de certaines chansons de Nouvelle administration remonte à il y a cinq ans, la pandémie a complètement bouleversé le rythme de vie de Philippe B, partage-t-il.

« Je n’avais pas le même temps, le même espace pour faire ce que je faisais d’habitude, d’écrire des chansons à la maison. C’est ça qui a créé ce gap, plutôt que mon rythme habituel autour de 3 ans. »

Après que sa vie se soit révélée moins « chaotique », de ses mots, ces derniers mois lui ont permis d’achever son sixième disque plus aisément. « [J’ai pu] trouver les dernières phrases, les derniers mots qui manquaient, de certaines idées qui, elles, étaient nées depuis déjà longtemps. »

Si l’incarnation à trois demeure le fil rouge du disque, un sujet somme toute personnel, l’artiste arrive à se livrer sans gêne au gré de ses morceaux : « C’est toujours le défi, de trouver des mécanismes littéraires, des angles poétiques pour que ce soit intéressant, rappelle Philippe B. Ce qui était nouveau, ce qui prenait beaucoup de place, c’était ça : être un papa à la maison. Dans la musique que je fais, je n’avais pas le choix de parler de cette réalité, parce que c’est l’essentiel de ce que je vivais émotivement.

Mais ça, pour moi, c’était un défi : de trouver des manières de faire des chansons là-dessus [être papa], que ce ne soit pas ringard, que ce ne soit pas trop fleur bleue.

Alors que Philippe B cite Leonard Cohen comme sa première référence, un artiste à la croisée de la chanson française et du folk américain, l’aspect du disque vinyle est également soulevé.

« C’est sûr que moi j’aime ça, ça me donne l’impression d’avoir fait un disque pour vrai! [rires] C’est ce que j’ai connu, c’est le médium avec lequel j’ai aimé la musique, se rappelle-t-il. Je sais que pour le petit bassin de gens qui l’achètent, c’est important pour eux », remarque l’artiste.

« Même s’il y a un plus gros pourcentage de monde qui vont l’écouter en streaming, puis c’est ce que je fais aussi, les personnes qui veulent acheter les vinyles, juste le fait qu’il y en ait, c’est le fun. »

Durant l’entrevue, Philippe B confirme qu’il juge son retour à Montréal définitif.

Ça sera donc une fille de la ville.

 

Pour apprécier le retour de Philippe B sur les planches, voici les dates de sa tournée, jusqu’en 2024!

10/06/2023 – Montréal – Francos de Montréal

18/06/2023 – Tadoussac – Festival de la chanson de Tadoussac

21/10/2023 – Lavaltrie – Église St-Antoine

26/10/2023 – Salaberry-de-Valleyfield – Cabaret d’Albert

28/10/2023 – Ottawa – 4e salle du CNA

04/11/2023 – Terrebonne – Le Moulinet

10/11/2023 – Waterloo – Maison de la Culture de Waterloo

11/11/2023 – Val-Morin – Théâtre du Marais

18/11/2023 – Sherbrooke – La Petite Boîte Noire

23/11/2023 – Repentigny – Théâtre Alphonse-Desjardins

25/11/2023 – Montréal – Gesù

17/02/2024 – Joliette – Musée d’art de Joliette

22/02/2024 – Longueuil – Théâtre de la Ville

23/02/2024 – St-Jérôme – Théâtre Gilles-Vigneault

01/03/2024 – Québec – Théâtre Petit Champlain

14/03/2024 – Alma – Boîte à Bleuets

15/03/2024 – St-Prime – Vieux Couvent

16/03/2024 – Jonquière – Côté-Cour

22/03/2024 – Frelighsburg – Beat & Betterave

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