Little Scream

Entrevue avec Little Scream

Un mois et demi après la parution de son premier album The Golden Record, Little Scream est de retour pour quelques jours dans sa ville d’adoption, le temps de « faire ses taxes », de croiser quelques amis (et son petit ami musicien) et d’offrir à ses fans un concert de lancement au Il Motore, ce mercredi 25 mai.

 

Laurel Sprengelmeyer, de son vrai nom, a aussi accordé quelques minutes à Sorstu.ca afin de discuter de tout et de rien, dans un parc du Mile-End sous le chaud soleil montréalais.

 

Photo par Brantley Gutierrez

« Ça me paraissait plus logique de faire mon propre concert à Montréal, parce que je n’avais pas vraiment eu de lancement ici », lance-t-elle, quelques semaines après avoir ouvert la soirée pour Plants & Animals au National en mars.

Tout juste revenue d’une portion de tournée nord-américaine avec The Antlers – qu’elle rejoindra à San Francisco à la fin mai pour poursuivre la tournée nord-américaine avec une douzaine de dates aux États-Unis – Little Scream roule à un train d’enfer ces jours-ci. Surtout pour une artiste qui a mis près de 10 ans avant de faire paraître son premier album.

« J’avais fait plusieurs enregistrements maison, et je les aimais bien, mais je ne crois pas que c’était ce que les gens voulaient entendre de ma part.

Il y a tellement d’artistes pour qui je me suis fait une mauvaise première impression en raison de la qualité de leur premier enregistrement, pour réaliser plus tard que j’aime bien ce qu’ils font. Je voulais éviter ça pour Little Scream. Je préférais attendre pour avoir les ressources ».

 


Un sens de communauté

Par « ressources », Laurel Sprengelmeyer parle davantage de « ressources humaines ». Et pour un premier album, l’entourage de l’artiste a de quoi impressionner : Richard Reed Parry (Arcade Fire, Bell Orchestre) à la réalisation aux côtés de l’artiste, Aaron Dessner (The National) y met du sien également, ainsi que les musiciens invités Mike Feuerstack (Snailhouse), Rebecca « Becky » Foon (Esmerine, A Silver Mt. Zion), Patty McGee (Stars) et Sarah Neufeld (Arcade Fire, Bell Orchestre).

D’ailleurs, plusieurs de ses complices la joindront sur scène, en plus d’ouvrir la soirée avec leur propre prestation en première partie : Rebecca Foon, le guitariste Marcus Paquin (Silver Starling) et November May (nom actuel du projet de la flûtiste Jess Robertson).

«Nous nous aidons tous. Moi aussi, à mes débuts, plusieurs artistes m’ont prêté main forte quand j’étais insécure et timide. C’est ça pour moi, la communauté de musiciens. Certains des musiciens avec qui je joue sont tellement en avance sur moi et d’autres se retrouvent plus tôt dans leur cheminement.

Je ne suis pas quelqu’un de très compétitif. Quand je vois quelqu’un faire les choses mieux que moi, je l’applaudis, c’est inspirant. J’aime cet esprit, ça rend la scène musicale plus intéressante ».

Naviguer dans la variété

Maître à bord de cette aventure, l’artiste originaire de l’Iowa (et exilée à Montréal depuis une dizaine d’années) se nourrit beaucoup de cette « communauté de musiciens » à laquelle elle s’associe. Cela résulte en une incroyable variété de tons (du folk à l’Americana en passant par de bonnes doses de guitares indie rock bien lancées), de rythmes et de couleurs sur The Golden Records, une approche assez risquée pour un premier album.

La pochette de "The Golden Record"

« Quelques gens d’étiquettes de disques me l’ont mentionné et ça les inquiétait. Mais pour moi, chaque chanson est son propre petit monde. Je suis aussi peintre (ndlr : la couverture de The Golden Record est une œuvre de Sprengelmeyer) et j’en retire ce parallèle : lorsqu’on expose, chaque peinture est son propre petit univers, même si on y voit des thèmes qui les relient. C’est pourquoi au lieu de viser un tout cohérent pour l’album, je préférais rassembler plusieurs petites bulles et les attacher ensemble comme un collier ».

Lorsque vient le temps d’aborder le sujet du titre de l’album – The Golden Record fait référence au Voyager Golden Record, disque emmené à bord des sondes spatiales Voyager contenant des sons et des images destinés à documenter des êtres extraterrestres au sujet de la vie terrestre – l’artiste se lance dans de longs parallèles philosophiques, témoignant de sa passion pour cette « œuvre » de l’astrophysicien Carl Sagan.

« À cette époque (1977), les gens pensaient à de grandes choses. Ces temps-ci, on dirait qu’on ne se concentre qu’à ne pas s’autodétruire, à régler nos problèmes, nos guerres, nos troubles environnementaux. Qui s’intéresse encore à la découverte de l’espace, si ce n’est qu’à des fins militaires ?

À l’époque du Voyager (et même un peu avant), ça se reflétait même dans la musique, avec les synthétiseurs et tout: s’imaginer cet univers cosmique si mystérieux, tragique et presque fantastique. ‘’Plonger nos orteils dans l’océan cosmique’’, comme disait Carl Sagan.

C’est un peu ça l’idée de l’album : croire en des choses plus grandes que nous. Le reste ne devrait pas être si compliqué si on arrêtait de foutre le bordel. Il y a tellement plus à vivre et pourtant, nous sommes pris dans cette réalité, par notre faute ».

 

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