Critique | Festival Wayhome Music & Arts – Jour 3: Soleil de plomb et excellente musique
C’est sous un soleil brûlant que la troisième et dernière journée du festival Wayhome s’est déroulée. On sentait les festivaliers un peu moins énergiques qu’au début de ce long et superbe week-end. La tente où l’on remplissait gratuitement d’eau les bouteilles vides était l’une des plus achalandées, et chaque coin d’ombre sur le site était occupé par quelqu’un. Ceci dit, la musique était bonne et la bonne humeur régnait. Une vraie belle journée de fin de festival.
Amos The Transparent
Nous avons débuté la journée devant la scène WayAway (la plus petite) sur laquelle jouait cette formation originaire d’Ottawa. Nous les avions vus il y a un an ou deux à Peterborough, et ils nous avaient beaucoup impressionnés.
Encore une fois la magie a opéré ; le sextette propose un rock convivial et quelque peu complexe, qui peut rappeler par moment celui de The Decemberists. Les voix de Jonathan Chandler et Olenka Reshitnyk se marient superbement et en tant que public, il est difficile de résister au charme de leurs chansons.
Une très belle performance, qui s’est terminée sur une excellente reprise de The Chain de Fleetwood Mac, devant une petite foule qui semblait beaucoup apprécier la prestation.
The Sheepdogs
Après celui d’Ottawa, nous sommes passés par la scène principale pour voir un groupe de Saskatoon dont la réputation va en grandissant, et dont les chansons passent continuellement sur les chaînes de radio rock (du moins, c’est le cas en Ontario).
Nous avions vécu l’expérience il y a trois ans au festival Coachella, et encore une fois ça se confirme : The Sheepdogs – et son style rappelant un peu les Lynyrd Skynyrd – est le groupe tout approprié pour une journée ensoleillée de festival.
Les cheveux et barbes longues, les solos de guitare bluesés, le spectateur a l’impression de se retrouver en 1975. Et ça marche auprès du public, car beaucoup de gens entonnaient avec le groupe ses succès How Late, How Long et I Don’t Know, entre autres. La formation a aussi reprise Southern Man de Neil Young, concluant ainsi un très bon spectacle qui s’est déroulé entièrement sous un soleil cuisant.
St. Vincent
Pour cause de conflit d’horaire, nous avons pris la dure décision de manquer la formation July Talk, que nous avons déjà vue à maintes reprises, pour plutôt s’avancer près de la scène et voir de très près la superbe Annie Clark, qui donne toujours des spectacles particuliers et un peu imprévisibles.
Sous un soleil accablant, toujours sur la grande scène nommée WayHome, St. Vincent et ses musiciens ont offert un spectacle musicalement sans fautes. Les pas de ballerine de Clark lorsqu’elle se déplace avec sa guitare, ou ses mouvements chorégraphiés exécutés avec la claviériste et guitariste Toko Yasuda, sont toujours divertissants à regarder et donnent de la personnalité au « personnage » qu’est St. Vincent.
Ses grandes chansons y sont toutes passées : Cheerleader, Strange Mercy, Digital Witnesses et plusieurs autres, et la voix de Clark était tout aussi belle et envoûtante que d’habitude. La chanteuse a aussi offert une version de Dig a Pony des Beatles, en s’accompagnant de sa guitare électrique, une performance qui semblait quelque peu improvisée, ce qui a rendu le moment magique.
La prestation dans l’ensemble semble avoir été marquée par de nombreux pépins techniques, de notre point de vue rapproché. Le portable du claviériste Daniel Mintseris a même dû être placé sur de grands sacs de glace tellement la température était suffocante.
À la fin du spectacle, de toute évidence frustrée par les ratés techniques sur scène, Clark est descendue pour marcher entre les clôtures qui séparent la foule et en a profité pour serrer des mains dans le public tout en donnant l’impression de se défouler totalement. La foule était de toute évidence ravie.
Cold War Kids
Ensuite, rendez-vous vers la scène WayBright où se produisaient les Californiens et leur pop-rock entraînante. Le spectacle était constitué d’un excellent mélange de pièces de tous leurs albums, le matériel récent se mélangeant parfaitement au vieux – de We Used To Vacation et Hang Me Up To Dry en passant par First et Miracle Mile, ainsi que Louder Than Ever et Something is Not Right With Me.
Nathan Willett était en grande forme vocale, et il est toujours aussi intéressant de l’observer changer d’instrument (sa guitare et le piano) avec Jonnie Russell selon la chanson. Un spectacle parfait sous un soleil encore chaud mais moins brûlant, qui s’est terminé par la toujours superbe Saint John.
Sam Smith
Changement de registre pour clôre la soirée. Le chanteur de charme britannique a su attirer une foule spectaculaire, non pas seulement composée de femmes comme on aurait pu le supposer, mais de toutes sortes de gens venus chanter à coeur joie ses chansons, celles-ci tirées de son seul album telles que Leave Your Lover, Not In That Way et Money On My Mind.
Accompagné d’un trio d’excellents choristes – qui ont offert une belle reprise de Ain’t No Mountain High Enough, ainsi que d’un groupe de musiciens chevronnés (incluant un bassiste aux déhanchemens épiques), Sam Smith s’avère être un très bon chanteur et sa voix est agréable à écouter en spectacle (contrairement à ce que nous craignions).
Malgré le côté un peu ringard de son style musical, et de ses paroles qui ne comportent pas la moindre nuance, le tout est exécuté avec tellement de sincérité qu’on ne peut qu’apprécier. Le sourire de Sam Smith est l’un des plus authentiques que l’on ait vu. Cet homme est visiblement heureux d’être sûr scène.
Il parle ouvertement de son homosexualité, de l’inspiration de ses différentes chansons, et l’on comprend que les choses n’ont probablement pas été faciles pour lui dans le passé. Son amour de la scène et du public est palpable.
Ceci dit, il n’a pas (encore) de personnalité sur scène, du moins pas comme St.Vincent, par exemple. Lorsqu’il se promène de gauche à droite de la scène, et vice versa, on sent trop sa nervosité. Il piétine, ce n’est pas placé, et ça nuit à la performance qui devient rapidement morne visuellement (malgré les jeux d’éclairages abondants et les timides pas de danse du chanteur et de son groupe).
Mais tout de même, le spectacle s’est superbement déroulé, même si on déplore sa courte durée (à peine une heure et quart). Smith a terminé avec la fameuse Stay With Me, que tout le monde a probablement eue longtemps en tête en quittant les lieux du festival.
La première édition du festival Wayhome semble, de notre point de vue, s’être très bien déroulée, sans incident majeur. Il restera à voir quel sera le bilan des organisateurs et si ce festival deviendra tradition.
En termes de superficie et d’ambition, il n’a rien à envier aux grands festivals du genre. Les lieux faisaient beaucoup penser à Coachella, sans les palmiers et avec de moins intéressantes oeuvres d’art sur le terrain (l’un des défauts mineurs du festival).
Sinon, en ce qui concerne la nourriture, les services divers et l’organisation en général, nous n’avons rien à redire, et l’offre musicale fut abondante et diversifiée. Une réussite selon nous!
- Artiste(s)
- Amos The Transparent, Cold War Kids, Sam Smith, St. Vincent, The Sheepdogs
- Ville(s)
- Oro-Medonte
- Catégorie(s)
- Festival, Folk, Indie Rock, Pop, Rock,
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