Rufus Wainwright

Critique concert – Rufus Wainwright au Théâtre St-Denis à Montréal

Concept ou pas, Rufus triomphe

Lundi 21 juin 2010 – Théâtre St-Denis 1 (Montréal)

En dépit d’une première partie au concept douteux (mais au contenu vibrant d’émotions), Rufus Wainwright a épaté la galerie avec son spectacle solo à son retour à Montréal après quelques mois d’absence.

Les spectateurs étaient bien avisés : il ne fallait pas applaudir l’artiste lors de la première moitié de son spectacle, pas même lors de son entrée ni sa sortie. Tout ça au nom d’un concept mystère où le «cycle de chansons» allait être accompagné du visuel de l’artiste Douglas Gordon.


L’œil post-moderne vous guette

Espérons que cette intrigante requête de l’artiste n’ait pas gonflé inutilement les attentes d’un grand nombre de spectateurs, parce que le « concept » s’est avéré bien mince.

En somme, Rufus a interprété toutes les chansons de son nouvel album All Days Are Night : Songs for Lulu dans l’ordre du disque (ce qui était assez prévisible), alors que le visuel n’était qu’une série de projections d’un œil beurré noir (pas au beurre noir) qui s’ouvrait et se refermait au ralenti. Le même œil que sur la pochette du disque, quoi.

Ce cliché (parodie?) de l’art conceptuel post-moderne servait de canevas à une prestation, elle, très riche, à l’image du disque capricieux qu’elle défendait. Des interprétations très fidèles à celui-ci d’ailleurs.

Le silence créé par « l’interdiction d’applaudir », lui, avait toutefois un certain effet sur la prestation, comme si l’on assistait, en voyeurs, à une session privée de Rufus.

Bon, l’extravagant costume à extra-longue traîne brisait un peu l’effet «Rufus dans son salon», mais au moins, l’ambiance (et la sono sans faille) nous permettait de bien savourer les moindres élans de la voix lancinante et étirée de l’artiste, ainsi que le jeu complexe au piano.


Deuxième partie plus joviale

Par la suite, Rufus est revenu sur scène, après un interlude, vêtu de son plus bel habit orangé à la Elton John pour nous interpréter, seul au piano, une sélection de ses succès sur un ton plus enjoué.

Beauty Mark, Grey Garden, The Art Teacher, Poses et bien d’autres ont retenti comme de petites bombes à travers le Théâtre St-Denis.

Comme le veut la tradition (lorsque la logistique le permet), Rufus Wainwright a même appelé la petite sœur Martha Wainwright à se joindre à la prestation pour une version française de Moon Over Miami (à la manière de Joséphine Baker), l’incontournable relecture du classique de Leonard Cohen Hallelujah et une chanson de feu Maman Kate, Southern Boys.

En tout, c’est 27 chansons que Rufus Wainwright a offert à ses fans, sans le moindre signe d’essoufflement, ni même un moment où l’intensité faisait relâche.

Avec ses rigolotes interventions d’artiste bilingue pour ponctuer le tout, et un vibrant hommage de près d’une dizaine de minutes à sa mère Kate McGarrigle, Rufus Wainwright a surtout offert à son public une soirée complète de pure émotion.

Grille de chansons

Première partie
(All Days Are Night : Songs for Lulu en intégral – sans applaudissement)

  1. Who Are You New York?
  2. Sad With What I Have
  3. Martha
  4. Give Me What I Want and Give It To Me Now
  5. True Loves
  6. Sonnet 43
  7. Sonnet 20
  8. Sonnet 10
  9. The Dream
  10. What Would I Ever Do With a Rose?
  11. Les Feux d’artifice t’appellent
  12. Zebulon

Deuxième partie

  1. Beauty Mark
  2. Grey Gardens
  3. Pretty Things
  4. Matinee Idol
  5. Memphis Skyline
  6. Moon Over Miami (version française à la manière de Josephine Baker, avec Martha Wainwright)
  7. Hallelujah (avec Martha Wainwright)
  8. Southern Boys (chanson de Kate McGarrigle, avec Martha Wainwright, et Thomas Bartlett au piano)
  9. The Art Teacher
  10. Complainte de la Butte
  11. Dinner At Eight
  12. Cigarettes & Chocolate Milk

Rappel

  1. Poses
  2. Going to a Town
  3. Walking Song (des sœurs McGarrigle)

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