Richard Desjardins

Critique concert: Richard Desjardins et Marie-Jo Thério à Coup de coeur francophone

Coup de coeur francophone s’offrait tout un cadeau pour son 25e anniversaire: une soirée à l’Astral avec Marie-Jo Thério seule au piano et Richard Desjardins seul à la guitare. La veillée, donnée à guichet fermé, a pris des airs de fête intime avec deux artistes qui ont le festival et le fait francophone tatoués sur le coeur, deux grands artisans de la chanson mis à nu, tout près devant nous comme s’ils étaient dans notre salon pour nous sérénader.

Marie-Jo Thério était la première sur scène et nous a démontré toute l’étendue de sa belle folie, dans une prestation ponctuée de moments délicats et prenants de sincérité.

C’était clair dès le départ: la soirée n’allait pas être un typique spectacle promotionnel pour les 2 artistes impliqués. Marie-Jo Thério l’a démontré en chevauchant l’ensemble de son oeuvre, des titres plus ou moins familiers tels À Moncton, Bodily Deltas et Another Love Song about Paris à des histoires cabotines, en partie improvisées, qui paraissaient difficiles à suivre. Mais telle est l’artiste et son public sait qu’il doit s’accrocher à ses fils narratifs comme on s’agrippe à la corde d’un bateau fou en skis nautiques.

Un joli condensé de ce qu’on aime de Marie-Jo Thério: la justesse de ses émotions, son jeu de piano nuancé, la complexité de son langage acadien qui vole au-dessus de ses mélodies baroques, s’y déposant à l’occasion, et ces quelques moments éclatés qui rendent le tout somme toute assez ludique.

 

Richard Desjardins et sa « guétard »

Pour sa part, Richard Desjardins a pas mal transposé de façon presque intégrale son spectacle proposé aux Français cette année.

Lui aussi, il naviguait dans son répertoire sans égard pour l’élan promotionnel de son plus récent disque L’Existoire. Les comiques et mordantes Développement durable et Roger Guntaker ont tout de même été interprétées, tout comme l’émouvante pièce titre. Migwetch est également apparu dans une trilogie de chansons sur les Indiens, avec Kanasuta et Moi, Elsie que Richard Desjardins avait écrite pour Elisapie Isaac.

Pour le reste, le poète chansonnier a proposé ses grands titres: Tu m’aimes-tu, Boom Boom, Koulou Koulou, Le Bon Gars, Les Yankees, Et J’ai Couché dans mon char, ainsi que la jolie ballade d’amour ouvrière Jenny et le classique des classiques, Quand j’aime une fois j’aime pour toujours, en rappel. Toutes à la guitare.

D’ailleurs, son jeu de guitare, exposé dans toute sa vulnérabilité, démontrait bien quelques défauts de dextérité, mais ça semblait agacer l’artiste bien plus que son public, qui appréciait davantage la rencontre sans artifice avec le grand chansonnier dans un lieu aussi intime.

Richard Desjardins n’a pas manqué de saupoudrer la soirée de quelques commentaires politiques, parfois français (il avait tout le matériel pour), parfois plus local. Aucune mention de Trou Story ni de sa thématique. En revanche, son poème aux indignés a particulièrement touché la cible.

Marie-Jo Thério et Richard Desjardins y sont tous deux allés d’anecdotes soulignant leur respect et leur amitié pour Alain Chartrand, directeur général et artistique de Coup de coeur francophone et homme « ayant fait plus que l’Office de la langue française », aux dires de Desjardins. Parmi les multiples raisons de remercier M. Chartrand, il faudrait sans doute ajouter le fait d’avoir permis la réalisation de cette soirée magique.

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