Gatineau

Critique CD: Gatineau – Karaoké King

Gatineau - Karaoké King Gatineau Karaoké King

Le projet électro-rap Gatineau accouche finalement d’un deuxième album : le divertissant et dansant Karaoké King. Si une certaine adaptation est nécessaire pour les fervents du premier album (Gatineau, en 2007), le charme de ce second disque, taillé sur mesure pour les pistes de danse, opère dès la deuxième ou troisième écoute et s’avère plus satisfaisant qu’on aurait tendance à le croire…

Il faut dire qu’un changement de cap s’imposait; le trio (s’il en était un) n’étant plus que duo, du moins sur le plan créatif. Et l’homme manquant n’est pas le moindre : c’est Dom Hamel, bidouilleur et « machiniste », qui a quitté la barque vers des cieux plus Orange Orangés.

Séba et Perceval, deux membres fondateurs, tiennent le cap (avec l’apport du batteur Jean Sébastien Nicol, dit Burne MacPhersound) et ont pris le temps qu’il fallait pour créer un digne successeur à Gatineau, quoiqu’assez différent.



Obscène, dansant, drôle et troublant

La nature organique qui soutenait le premier bouquet de chansons de Gatineau et l’agressivité rentre-dedans font place à davantage de synthétiseurs et de rythmes « dance », house, hip-hop et disco.

L’essence de Gatineau demeure toutefois pratiquement intacte. La verve de Séba sert toujours aussi bien son écriture si particulière, même si la poésie fait souvent place à une plume plus pop, toujours bourrée de références relativement riches. Musicalement, on retrouve aussi ce contraste marqué entre les moments ludiques, lascifs, troublants (à l’image de la pochette!) et occasionnellement acariâtres.

Il y a également ce petit côté obscène, cet humour noir et tordu qui ressurgit lorsque Séba aborde la sexualité avec le je-m’en-foutisme de sa génération. Motherlover en est un bon exemple, tout comme Au natureLLL qui rappelle une version moins crue de Pointe All-Dressed par sa thématique.

Quelques moments de sarcasme cocasses sont également au menu et prennent souvent la forme de description à la première personne avec une bonne dose de malice. C’est le cas de Toutes dépenses payées qui aborde le phénomène Tanguy (avec une finale savoureusement excessive), de Révolutionnaire qui traite des revirements des « activistes du dimanche » vire-capot, et de Le monde est d’même et Je veux être vu avec qui se moquent respectivement du potinage et du snobisme.

Certains moments prennent quant à eux une tournure assez sérieuse et permettent un regard assez intimiste dans la tête de l’auteur, qui s’autopsychanalyse, par exemple, sur ControLLL.

Toutes ces saveurs conspirent à faire de Karaoké King une oeuvre satisfaisante à plusieurs niveaux et qui titille une plus grande palette d’émotions qu’à la première écoute où la drôlette chanson titre – mais d’où provient ce nouveau fétiche envers Claude François ?! – semble être le principal fait saillant.

* Gatineau lancera son 2e album Karaoké King à la Taverne Normand le mercredi 16 mars prochain.

Vos commentaires