Critique CD: Eminem – Relapse
Le Retour de l’enfant terrible
L’enfant terrible du rap est de retour après cinq ans d’absence et bien peu semble avoir changé.
Toujours maître de la controverse et de la provocation? Sans doute. Mais si les plus puritains continueront de crier au scandale, les habitués n’hausseront peut-être plus les sourcils autant qu’avant, malgré le haut niveau d’indécence qui tapisse ce sixième disque.
Marshall Mathers (de son vrai nom) recherche bien évidemment l’attention à tout prix, et sait comment l’obtenir. Pour un cinquième album de suite, c’est dans le « démesurément amoral » qu’il puise, et l’effet s’en trouve forcément amoindri à la longue.
Slim Shady déblatère une fois de plus sur des meurtres fantasmés, des propos horrifiants envers des célébrités (Lindsay Lohan, Britney Spears, Amy Winehouse et son ancienne petite amie Mariah Carey, notamment) et des histoires tordues impliquant des enfants, des femmes, des tueurs en série, des psychopathes et quoi encore.
Pour ceux que ça amuse encore, tout y est.
Désintox
Ce qui change, toutefois, c’est la part de ses propres démons qu’il insère dans les propos de ses chansons.
Les cinq ans écoulés entre Encore et Relapse ont servi à Marshall Mathers à combattre une dépendance aux médicaments et aux drogues. Une telle expérience de vie ne peut faire autrement que de trouver son chemin dans l’œuvre de l’artiste qui la vit. Et quand on s’appelle Eminem, on ne passe pas par quatre chemins pour aborder un thème.
Des dizaines de noms de pilules sont évoquées, tout comme des tranches de vie d’un pathétisme assumé. Lorsque ces confessions côtoient des histoires de viol présentées à la première personne, on se doute bien que l’artiste ne cherche pas la pitié.
La verve toujours aussi solide
Heureusement, si le penchant pour la provocation est toujours aussi présent, les grandes forces d’Eminem ne se sont pas estompées non plus.
Eminem fait toujours preuve d’une facilité à jouer avec les mots et d’un débit hors du commun. Sa maîtrise de la linguistique, de la grammaire et de la phonétique ne fait aucun doute.
Les rythmes de Dr Dre résonnent toujours et les mélodies toutes simples s’accrochent au cerveau comme de la gomme.
Les musiques y sont un peu plus glauques qu’à l’habitude, mais les thèmes explorés étant aussi sordides, le mariage est pour le moins approprié.
Rien de très nouveau sous le soleil pour Eminem, donc. Il ne se fera certainement pas beaucoup de nouveau fans, mais il faut remettre au César du rap américain ce qui lui revient : il a encore le talent de bien aligner les rimes sur des thèmes obscènes qui testent les limites de l’humour noir.
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