Primus

Critique album: Primus – Green Naugahyde

Primus - Green Naugahyde Primus Green Naugahyde

Primus a joué un rôle pour le moins effacé dans la première décennie des années 2000, après avoir brillé de tous ses feux tout au long des années 90 avec une série d’albums rock alternatifs tous plus atypiques et marquants les uns que les autres. Douze ans après Antipop, l’éclectique trio californien semble avoir réussi à se repositionner là où les fans souhaitaient les revoir avec Green Naugahyde.

Toujours en marge, Primus trouve encore le tour de nous charmer avec cet étrange mélange de funk, de jam rock à la fois progressif et psychédélique et de métal, à défaut de surprendre.

Les grosses cordes de Les Claypool pétardent des riffs que lui seul peut produire, autour desquels la guitare nerveuse et savamment échevelée de Lalonde brode des fioritures souvent atonales. Rien de nouveau pour les habitués, mais comme personne n’est réellement parvenu à imiter Primus, il fait bon retrouver cette formule appliquée avec autant de bonnes intentions et un plaisir presque palpable. Et pour les néophytes, il n’est jamais trop tard pour se convertir à cet univers si particulier…

Nouveau batteur

Si l’inquiétude de revoir Primus à l’œuvre sans Tim « Herb » Alexander pouvait en inquiéter quelques-uns, le nouveau batteur Jay Lane – qui avait fait partie du groupe bien avant le premier album de Primus – se fait rassurant. Son jeu n’a rien à envier à Herb, ni même à Bryan Mantia, qui avait frappé les peaux sur le plus brut The Brown Album en 1997.

Les thèmes, eux, sont toujours inusités, les textes étant habités par une panoplie de personnages cartoonesques et colorés, dans des lieux et des situations loufoques.

On constate toutefois que Claypool semble avoir la plume plus acerbe qu’auparavant. Bien qu’il ait souvent dénoncé le conformisme par le passé, on décèle ici un regard assez sarcastique au sujet de la consommation lors de titres comme HOINFODAMAN et Eternal Consumption Engine, alors que des soucis environnementaux s’invitent à l’histoire de pêche du Last Salmon Man, un renvoi aux nombreuses chansons dédiées à l’activité halieutique.

Les effets abrutissants des diverses formes de divertissement léger ont aussi inspiré le leader de Primus à écrire Eyes of the Squirrel et Moron TV, dont le titre se passe d’explication.

Contrairement aux albums marquants de Primus (Pork Soda, Sailing the Seas of Cheese et Tales From the Punchbowl), Green Naugahyde ne contient toutefois pas vraiment de moment marquant, d’extrait qui en vaut à lui seul le détour.

Toutefois, les Tragedy’s A-Comin’, Lee Van Cleef, Hennepin Crawler et Last Salmon Man de ce 7e album complet de Primus s’agenceront tous à merveille aux nombreux titres savoureux que le groupe a concoctés au cours des années 1990. C’est d’ailleurs ce que nous pourrons constater le 4 octobre prochain, alors que Primus sera en concert au Métropolis, à Montréal.

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