crédit photo: Marie-Claire Denis
Clan of Xymox

Clan of Xymox à la SAT | Remonter la ligne du temps du darkwave, une décennie à la fois

« You want more, you get more » nous dit Ronny Moorings, leader et seul membre original de Clan of Xymos, au début de leur deuxième rappel. Et « plus », on en a eu : Vosh, Bellwether Syndicate et Xymox nous ont fait voyager près de quatre heures à travers quatre décennies de musiques électroniques et de darkwave.

Il fallait évidemment être de noir vêtu pour cette messe du dimanche soir, et de noir vêtu toustes étaient, sans exception. Alors que certains y sont allés de pantalons sombres et de simples T-shirts noirs, d’autres ont revêtu leurs plus beaux accoutrements gothiques, nous catapultant instantanément dans l’ambiance de la soirée, dès notre entrée à la SAT.

Vosh – les nouveaux chouchous de Montréal

La soirée a commencé en véritable coup de canon, à huit heures tapantes. Deux puissants coups de caisse claire, un lourd accord de guitare électrique, on répète le tout, on braque les projecteurs rouges, projette en masse de boucane: la bande de Vosh entre sur scène. Le ton de la soirée était donné. Il aura fallu moins de trois titres à ce groupe originaire de Washington D.C. pour conquérir la foule, pourtant impatiente de voir Clan of Xymox.

Formé en 2022 par Josephine Olivia (voix) et Chris Moore (voix et batterie), Vosh explore les courants darkwave, gothique et rock industriel. Leur premier album Vessel, paru sous l’étiquette Trash Casual il y a quelques jours seulement, évoque des sonorités proches de Ministry, Sisters of Mercy, Nine Inch Nails et on ose dire Kælan Mikla (qui était de passage cet automne).

Mais plus qu’un postiche de ces groupes, Vessel cogne et explose (Cruel Intent, Devout, Falling) sans toutefois se priver de mélodies sirupeuses et puissantes (Perfection, Superstition, Bleed as One). Pièce maîtresse du groupe tant sur l’album que sur scène, la voix de Olivia fait un clin d’œil aux voix du soul et de l’indie pop. Véritable bête de scène, elle a conquis rapidement le public, s’agenouillant régulièrement pour se rapprocher de celui-ci.

On espère que l’enthousiaste réception du public rassemblé à la SAT, pourtant chose assez rare pour des premières parties, attirera l’attention des promoteurs – on veut revoir le jeu de batterie enragé de Moore, les lourds riffs de guitare et le charme d’Olivia sur une scène, bien à eux, pour un set plus long que 25 minutes.

Bellwether Syndicate – Un rendez-vous prometteur, mais manqué

Ce qui s’annonçait être la parfaite transition d’une programmation ambitieuse et exceptionnelle s’avéra être la déception de la soirée. Il aura fallu plus d’une heure pour que la bande de Chicago monte sur scène, évoquant des problèmes techniques. D’ailleurs, ces difficultés techniques auront eu raison de la qualité sonore, la batterie dominait jusqu’à complètement obstruer la superbe voix de Sarah Rose Faith sur You Can See Through Me.

Bien que le son n’ait pas été aussi clair et précis que sur les albums, l’énergie et l’impulsion des titres à la jonction du rock industriel et du dance punk (Dystopian Mirror, Night Watch et Republik) ont donné bonne impression au public attentif… plusieurs personnes autour de moi ont qualifié le groupe de solide et cherchait à savoir qui ils étaient et d’où ils venaient. Malgré tout, le groupe aura gagné de nouveaux admirateurs.

Au final, Bellwether Syndicate a joué que cinq titres, plutôt que les huit joués à Toronto la veille. On n’a pas été déçue de cette prestation écourtée, vu la soirée qui avançait et la faible qualité sonore de la prestation.

Clan of Xymox – Xymox pour les intimes

Deux heures après les premières notes fracassantes de Vosh, l’imposant Sean Goebel (clavier) est entré sur scène armé de deux lampes de poche qu’il brandit comme en plein rave. Sont ensuite entrés Ronny Moorings (leader et seul membre d’origine) et le reste de la bande de Clan of Xymox.

Le bagage musical du groupe originaire des Pays-Bas est impressionnant, il compte près de 20 albums en carrière. Cela leur a permis de nous accompagner dans un voyage initiatique de 17 titres à travers l’évolution du darkwave des quatre dernières décennies avec des titres, entre autres, de leurs albums Clan of Xymox (1985), Creatures (1999), In Love We Trust (2009) et Spider on the Wall (2020).

Leur son électro-gothique remémore autant les groupes culte des années 80 (The Cure, Joy Division, New Order) que Nine Inch Nails et parfois même Rammstein. Le fond électronique en mineur et la voix caractéristique de Moorings assurent une cohérence à travers cet imposant parcours. Grâce au talent de compositeur de Moorings, Xymox compte parmi les rares groupes des années 80 qui ont su rester pertinent, produisant encore des albums s’attirant la faveur des critiques et du public.

À la hauteur de leur réputation, Xymox a offert dimanche soir un spectacle tout en son et lumière, absorbant l’énergie de la salle et l’amplifiant. Une prestation nette et bien coordonnée, mêlant la nervosité de la musique électronique à une guitare post-punk expressive et la mélancolie de la voix de Moorings. Sur scène, sa présence est d’ailleurs audacieuse, mais jamais exubérante, toujours bien ancrée dans la « coolitude ».

Il n’hésite pas à utiliser les quelques mots de français qu’il connaît, blaguant et introduisant en bonne et due forme chacune des pièces. Après toutes ses années de carrières, on ne le sent pas du tout lassé de fouler la scène : il chante encore avec beaucoup d’émotions et d’engagement. C’est d’ailleurs près de deux heures de spectacle que Xymox a généreusement donné au public, un public qui visiblement semblait trouver que ça faisait trop longtemps qu’ils ne s’étaient pas arrêtés dans la métropole.

L’intensité musicale, les arrangements scéniques et la prestance de Moorings, nous ont donné tout ce dont nous avons tellement besoin en cette fin d’hiver : une recharge émotionnelle. Ce n’est pas étranger au fait que le groupe a été appelé à deux reprises sur scène, malgré l’heure tardive, expression d’une grande affection du public envers la bande. On s’étonne que celui-ci ne soit pas plus imposant, Xymox mériterait certainement de pouvoir s’offrir une soirée dans une salle plus grande. « You want more, you get more ».

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