Saison 17-18 du Théâtre La Chapelle | Horizons larges

Pas moins de 24 productions, dont 16 premières, seront à l’affiche de La Chapelle Scènes Contemporaines pour la saison qui vient. Le petit théâtre de la rue Saint-Dominique continue sa mission d’expérimentation de disciplines d’avant-garde audacieuses, fidèle à sa réputation du plus underground des théâtres montréalais.

Du nouveau cette année, certaines pièces seront jouées en alternance, sur une même période, pour permettre leur représentation sur une plus longue durée. Et comme le font déjà quelques théâtres bien ancrés dans leur quartier, un tarif spécial sera offert au voisinage afin de solidifier les relations de proximité. Enfin, on trouvera aussi cette année une place bonifiée pour la programmation musicale.

Le coup d’envoi sera donné le 9 septembre avec un événement d’ouverture convivial, festif et gratuit. Dès 18h, La Chapelle ouvrira ses portes pour faire se rencontrer et discuter ensemble le public et les artistes à propos des œuvres en devenir qui habiteront non seulement la scène mais les lieux mêmes tout au long de la saison.

C’est au metteur en scène Jocelyn Pelletier, entouré des finissants de l’École nationale de théâtre, que reviendra la responsabilité de lancer en grand la programmation avec son très attendu Hamlet-Machine, d’après l’auteur allemand Heiner Müller que jadis Gilles Maheu et sa compagnie Carbone 14 ont fait découvrir ici. Une pièce sur la déshumanisation et la marchandisation des idées qui frappe l’imaginaire à grands coups.

Fin septembre, La Chapelle accueillera l’événement Danse-Cité avec les chorégraphes David Albert Toth et Emily Gualtieri pour la première de La vie attend. Puis, suivra en octobre le résultat d’une carte blanche offerte à l’artiste multidisciplinaire Peter James sous la forme d’un cabaret contemporain.

Florent Siaud, un metteur en scène qui a fait sa marque rapidement, entre autres avec Q uartett de Heiner Müller, et 4.48 Psychose de Sarah Kane l’année dernière, revient avec Nina, c’est autre chose, un des premiers textes de l’auteur français peu souvent joué ici, Michel Vinaver, né à Paris de parents russes. Éric Bernier, Eugénie Anselin et Renaud Lacelle-Bourdon sont de la distribution.

Would. Crédit photo Jeremy Mimnagh.

Would. Crédit photo Jeremy Mimnagh.

Des spectacles hors nomes de Félix-Antoine Boutin, Kyrie Kirstmanson, Nicolas Berzi, Thomas Duret, Brice Noeser et Jacob Wren suivront en automne, en plus du retour marquant de Would de Mélanie Demers qui a reçu le Prix du CALQ pour la meilleure œuvre chorégraphique en 2014-2015.

Les trois personnages emblématiques de la littérature universelle que sont Ulysse, Don Quichotte et Peer Gynt passeront à la moulinette de Hanna Abd El Nour avec Voyage(s) en janvier. Ce sera suivi par Slideshow de Rachel Burman, une pièce musicale immersive défendue par la mezzo-soprano Marie-Annick Béliveau, et par une présentation intimiste de Bullshit Threshold par la musicienne électro Marie Davidson.

Andréane Leclerc et Dany Desjardins mêleront leurs disciplines et leurs influences pour Sang bleu qui se veut une réflexion sur le corps, tandis que la chorégraphe Catherine Gaudet fera un retour à La Chapelle avec Tout ce qui va revient, en trois solos héroïques interprétés par Clara Furey, Louise Bédard et Jolyane Langlois. Et pour terminer l’hiver, nous assisterons aux découvertes du laboratoire P.O.R.N. (Portrait Of Restless Narcissism), une mise en scène de Christian Lapointe d’un texte de l’auteure Nadia Ross, lauréate l’année dernière du très convoité Prix Siminovitch.

La Dette de Dieu. Crédit photo Claire Renaud.

La Dette de Dieu. Crédit photo Claire Renaud.

Au printemps 2018, Danse-Cité et La 2e Porte à gauche présenteront Pluton – Acte 3 où Benoît Lachambre et Peter James interpréteront une chorégraphie signée respectivement par Dana Michel et Katie Ward. Pour sa part, l’artiste multidisciplinaire Jean-François Boisvenue offrira La dette de Dieu, une pièce qui incite à la réflexion sur l’endettement généralisé à travers la performance, le documentaire, la musique et la vidéo.

Par la suite, Andrew Tay, François Lalumière et Katrzyna Szugajew arriveront avec Frame Prayer / Eating, une pièce qui se réapproprie le langage codé de la psychopop pour le transposer en une chorégraphie autour de la spiritualité queer.

Fin avril, Ellen Furey et l’artiste anglais Malik Nashad Sharpe promettent de surprendre avec la pièce No Nationalism qui vient réaffirmer leur désir de pluralité dans l’expression des arts vivants. Alors qu’en mai, Julien Blais clôturera la saison avec Temps Universel + 1 (laboratoire intermédial), un solo numérique centré sur la mémoire, mais aussi sa perte.

Avec sa programmation éclatée, qui ne ressemble à celle d’aucun autre théâtre à Montréal, La Chapelle Scènes Contemporaines se renforcit dans sa niche expérimentale en avance sur son temps, mais toujours accessible aux curieux et téméraires qui s’y frottent avec la soif des nouvelles formes sans cesse repoussées que provoque l’art à l’état brut sur une scène.  

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