Rétrospective 2025 | Nos 10 albums coups de coeur de l’année
Pour cette dernière semaine avant les Fêtes, l’équipe de Sors-tu? vous proposera au cours des cinq prochains jours des articles en mode Rétrospective afin de revisiter ce qui a marqué notre année! Pour ce premier jour de l’exercice, pas évident de résumer 2025 en albums, mais notre équipe s’est attelée à la tâche! On retrouve évidemment l’incontournable Lou-Adriane Cassidy en tête de liste, tout comme des sorties internationales particulièrement marquantes (Geese, FKA Twigs, Rosalía). Ne manquez pas la vingtaine d’albums en « mentions honorables » à la fin de la liste qui auraient tout autant pu faire le cut! La parole à nos collaborateurs!
Journal d’un loup-garou – Lou-Adriane Cassidy
* Lou-Adriane Cassidy aux Francos, en 2025. Photo par Morgane Dambacher.
En tant qu’immigrant au Québec, j’ai découvert ce pays surtout à travers sa musique. Avec le temps, j’ai rencontré des artistes d’ici qui m’ont vraiment touché, et Lou-Adriane Cassidy en fait maintenant partie. Je ne connaissais pas son travail avant Journal d’un loup-garou, mais cet album m’a surpris par sa sincérité, sa beauté et sa force. C’est un album construit autour d’un vrai concept, et ça se sent dans chaque détail : la production, l’écriture, les titres, l’atmosphère. Avec Alexandre Martel, elle a créé un univers parfaitement cohérent, intense et maîtrisé. Le thème du loup-garou parle de nos contradictions humaines — la douceur et la rage, la fragilité et l’instinct. Même la pochette reflète cette idée de transformation, intime et mystérieuse. Elle mérite amplement ses 12 Félix à l’ADISQ. Cet album raconte nos métamorphoses avec une honnêteté et une poésie qui restent longtemps.
(Yagub Allahverdiyev)
Getting Killed – Geese
Imaginez-vous Television copuler avec Weezer et en faire un enfant (oui, oui, dans mon monde, les groupes en entier copulent). Ajoutez-y une dose de prog, une dose de kraut, et un chanteur génial au timbre particulier, semblable à Thom Yorke, mais avec 35 ans en moins. Vous voilà avec Geese, mes amis. Comme The Strokes avait capturé l’esprit millenial au tournant du 21e siècle, Geese est en train, depuis la sortie de son Getting Killed, d’incarner la génération Z à lui seul. Ces dernières années, le rock était en train de tourner en rond avec tous les Greta van Fleet et les Måneskin de ce monde, mais Geese est en train de redonner espoir aux vrais amateurs du style. Écoutez Taxes, Cobra et Au Pays du Cocaine, et dites-moi où vous auriez déjà entendu ce genre de son. Et si vous me répondez en me donnant un exemple, je ne vous croirai pas. Le futur est grand avec Cameron Winter.
(Sami Rixhon)
Lotus – Little Simz
* Little Simz au MTelus, en 2023. Photo par Pierre Langlois.
Symbole de résilience dans l’adversité, le lotus résume parfaitement l’état d’esprit de Little Simz sur ce sixième album, marqué par la rupture et la trahison. Pour la première fois, la rappeuse britannique se sépare d’Inflo, son ancien producteur et ami d’enfance, l’ayant laissée dans une situation financière précaire après un prêt non remboursé. Bien loin de se laisser abattre, l’artiste utilise sa rage et sa déception comme catalyseur pour créer son album le plus authentique et sans filtre. Dès l’ouverture, Thief donne le ton avec ses guitares punk rageuses, son flow tranchant et ses paroles impitoyables. Produit par Miles Clinton James, l’album déploie une palette sonore riche et variée : jazz-rap organique, afrobeat (Lion, Flood), bossa-nova aérienne (Only), funk (Young) et soul rétro (Free). Trois ans après le triomphal Sometimes I Might Be Introvert, Little Simz s’impose plus que jamais comme une MC incontournable du hip-hop.
(Edouard Guay)
Oiseau de Nuit – Antoine Corriveau
* Antoine Corriveau au Ausgang Plaza, en 2025. Photo par Marc-Étienne Mongrain.
Oiseau de nuit, d’Antoine Corriveau, est un album cryptique. L’avez-vous écouté ? Avez-vous été déstabilisé par son avalanche de mots ? Votre esprit s’est-il perdu dans ses histoires rapides, complexes et indéchiffrables à la première écoute ? Parvenez-vous à suivre les différents narrateurs ? Suzo, Argentine, le tatou de mule… Qu’est-ce qui relie tous ces éléments ? Qui nous parle vraiment ? Antoine Corriveau, ou l’un de ses personnages ? S’agit-il d’histoires réelles ou de fictions ? Je ne sais pas, mais les arrangements, les mélodies et les structures de chansons offrent quelque chose de nouveau à la musique québécoise. Ouvrez votre vision de ce que peut être la chanson francophone. Commencez par la chanson Imprudence, elle est convaincante. Sinon, posez- vous cette question : pourquoi n’êtes-vous pas en train d’écouter cet album au lieu de me lire ?
(Arthur Chénier)
Uh Oh – Patrick Watson
* Patrick Watson à l’Impérial Bell, en 2025. Photo par Normand Trudel.
Uh Oh est un album où Patrick Watson retourne à l’essentiel. Dès l’ouverture avec Silencio, en duo avec November Ultra, on comprend d’où vient cette nouvelle fragilité. La chanson évoque la peur qu’il a traversée lorsqu’il ne savait plus s’il pourrait chanter un jour. Cette période de silence l’a forcé à se recentrer, à entendre le monde différemment. Tout au long du disque, Watson invite aussi des artistes féminines extraordinaires qui enrichissent son univers sensible. Leurs voix apportent encore plus de douceur, de texture et d’émotion à ces compositions déjà très intimes. Les morceaux parlent du doute, de la fatigue, mais aussi de la force qui renaît quand on accepte sa vulnérabilité. La production, légère et minimaliste, laisse respirer chaque note. Avec Uh Oh, Patrick Watson transforme une épreuve personnelle en un album lumineux. Ce n’est pas seulement un disque : on a l’impression de lire une histoire, page après page, à travers sa musique.
(Yagub Allahverdiyev)
City of Clowns – Marie Davidson
* Marie Davidson à Palomosa, en 2025. Photo par Manon Duval.
Pointant du doigt les dérives éthiques, humaines et morales du numérique et de la technologie en cette ère des GAFA et du capitalisme de surveillance, City of Clowns est un album brûlant d’actualité, qui donne autant envie de se révolter que d’envahir le dancefloor. Sur ce sixième long jeu inspiré par The Age of Surveillance Capitalism de la psycho-sociologue Shoshana Zuboff, la musicienne et productrice Marie Davidson nous livre son œuvre la plus aboutie en carrière. Épaulée par l’illustre groupe électronique belge Soulwax, ainsi que par son compagnon Pierre Guerineau (l’autre moitié du duo Essaie Pas), la Montréalaise nous propose un irrésistible mélange de spoken-word cynico-ironique et de techno survitaminée. Un manifeste dansant aussi intelligent que jouissif.
(Edouard Guay)
Critique Love – Critique Love
* Critique Love au Studio Madame Wood, en 2025. Photo par Jérôme Daviau.
Sous le projet Critique Love se trouve Antoine Binette Mercier qui a sorti l’album éponyme en septembre. Il a su nous proposer une musique ambitieuse, avec des titres aux structures souvent originales et surprenantes incorporant des orchestrations atypiques comme l’utilisation de l’onde Martenot. Autant en anglais qu’en français, l’ambiance et les textes sont plutôt sombres, même si la lueur d’espoir ensoleillé reste tout de même présente en filigrane. Le tout est porté par le mélange des voix d’homme (Binette Mercier) et de femmes (Lisa Kathryn Iwanycki et Frannie Holder), apportant de la diversité à l’ensemble sans compromettre la cohésion de l’album. Je retiens notamment le riff de basse addictif sur le titre d’ouverture, Bone White Dust, alors que Fading Star nous happe dans un univers doux et amer. Chemical est quant à lui un petit bijou musical et vocal qui finit l’album sur un sommet. Critique Love est un album fascinant même s’il peut demander quelques écoutes avant que sa beauté ne nous soit révélée.
(Jérôme Daviau)
LUX – Rosalía
* Rosalía à Osheaga, en 2019. Photo par Loïc Fortin.
Où étiez-vous le 27 octobre dernier, quand Rosalía secouait la planète musicale avec Berghain, avant-goût somptueux de son nouvel opus LUX? D’abord associée au reggaeton, Rosalía présentait une œuvre en trois mouvements mêlant orchestre, chœur et beats électroniques dans une cohérence surprenante. Björk, qui apparaît sur Berghain, admire Rosalía depuis longtemps, et on comprend pourquoi. LUX n’est pas un simple album : c’est une odyssée en quatre mouvements et 18 pièces qui mêle musique baroque, envolées lyriques, flamenco et dissonances électroniques. S’inspirant de saintes féminines de toutes cultures, cet album révèle au musicophile attentif une nouvelle couche à chaque écoute. On a eu un coup de cœur pour La Yugular, qui s’inspire de Rabia Al Adawiyya, considérée comme la première sainte féminine de l’islam, et qui en fin de parcours glisse un clin d’œil à The Doors. Nul doute qu’on retrouvera LUX dans les rétrospectives des œuvres phares de notre époque.
(Ziève Gauthier)
Debí Tirar Más Fotos – Bad Bunny
* Bad Bunny au Centre Bell, en 2022. Photo par Jesse Di Meo.
Debí Tirar Más Fotos confirme la domination de Bad Bunny, artiste le plus écouté au monde en 2025 avec 19,8 milliards d’écoutes sur Spotify. Pour son sixième album, il signe un projet à la fois accessible et profondément politique, où la pop urbaine rencontre une réflexion intime sur Porto Rico. Sorti par surprise le 5 janvier, l’album accompagne aussi l’annonce de sa résidence 2025 : 30 concerts intitulés No Me Quiero Ir De Aquí, tenus au Coliseo de Puerto Rico José Miguel Agrelot entre juillet et septembre. Un court métrage vient compléter le propos en abordant la gentrification, la perte d’identité culturelle, la nostalgie et la préservation de la mémoire. Sur le plan musical, l’album se distingue par sa chaleur et sa nostalgie : une ouverture en salsa des années 70, suivie de bangers reggaeton déjà devenus des incontournables. Bad Bunny invite RaiNao, Chuwi, Dei V, Omar Courtz ou Pleneros de la Cresta et mêle reggaeton et house à des styles traditionnels portoricains, tels que la salsa, la plena, la bomba et le jíbaro. Il intègre également le dancehall, le hip-hop, le R&B, la bachata, ainsi que des touches de synth-pop et de rock alternatif. Le tout forme une célébration vibrante de l’identité portoricaine. Une déclaration d’amour puissante et maîtrisée qui a marqué l’année 2025.
(Florence Herbaut)
EUSEXUA – FKA Twigs
* FKA Twigs à Osheaga, en 2015. Photo par Karine Jacques.
2025 aura commencé en grand avec la parution en janvier de ce troisième album de la Britannique FKA Twigs, six ans après le sublime Magdalene. Extatique, sensuel, transcendant, énergique et profondément libre, EUSEXUA propose un parfait hybride entre la pop dansante des meilleures années de Madonna (Girl Feels Good) et le côté plus champ gauche d’une Björk (Room of Fools). À la manière de BRAT de Charli XCX l’an dernier, FKA Twigs s’amuse à faire éclater la barrière des genres et des influences, avec à la clé plusieurs solides morceaux à la fois club et garage. Si on oublie l’étrange et complètement inutile apparition de North West, la fille de l’autre, babillant en japonais (?) sur Childish Things, on peut dire mission accomplie sur toute la ligne pour FKA Twigs, qui continue de cimenter sa position d’incontournable de la scène avant-pop.
(Edouard Guay)
Mentions spéciales à tous ces autres albums évoqués par notre équipe lors du processus :
Alison Goldfrapp – Flux
Ariane Roy – Dogue
AUS!Funkt – Rewire The Damage
Brainwasher – 39 Lightyears from Heaven
Burna Boy – No Sign of Weakness
Cameron Winter – Heavy Metal
Clipse – Let God Sort Em Out
David Gilmour – The Luck and Strange Concerts
Disiz – on s’en rappelera pas
Florence + The Machine – Everybody Scream
Foxwarren – 2
Gims – Le Nord se souvient
Gus Englehorn – The Hornbook
Kathryn Joseph – We Were Made Prey
Louise Forestier – Vielle Corneille
Mark Pritchard & Thom Yorke – Tall Tales
Miley Cyrus – Something Beautiful
Population II – Maintenant Jamais
SANAM – Sametou Sawtan
Steven Wilson – The Overview
The Damn Truth – The Damn Truth
The New Eves – The New Eve Rise
Wet Leg – moisturizer
Yoo Doo Right, Population II & Nolan Potter – Yoo II
- Artiste(s)
- Antoine Corriveau, Bad Bunny, Critique Love, FKA Twigs, Geese, Little Simz, Lou-Adriane Cassidy, Marie Davidson, Patrick Watson, Rosalía
- Catégorie(s)
- Alternatif, Art rock, Bossa nova, Chanson, Dancehall, Electropop, Francophone, Hip-hop, Indie Pop, Neo soul, Post-punk, Post-rock, Québécois, Reggaeton,
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