Festival Petite-Vallée

Petite-Vallée 2021 | Marée du grand héron : Tout le monde à broil!

Il n’y a pas un symbole plus fort d’un certain retour à la normale que de vivre un festival de musique. À Petite-Vallée cette année, non seulement le public retrouve avec enthousiasme les artistes qu’ils aiment en spectacle, mais on ressent chez ces artistes un point commun : une furieuse envie de s’amuser, sans retenue et de faire résonner leur musique plus fort que jamais.

Ça donne des spectacles parfois imparfaits mais tous empreints d’une vigueur notable, d’une excitation certaine qui crée des grands frissons, comme si on prenait tous conscience que les arts vivants ne peuvent plus être pris pour acquis. Ça peut s’arrêter à tout moment, alors vivons la prochaine chanson comme si c’était la dernière!

Devant une foule comble (à l’intérieur des paramètres des consignes sanitaires en vigueur, bien entendu), Les Soeurs Boulay ont souligné dimanche soir leur retour sur scène dans leur patelin en invitant les gens à « juste avoir du fun après une année de merde ».

Mélanie est enceinte de 8 mois, et la voir sur scène jouer de la guitare (derrière sa magnifique protubérance!) et frapper le tambour sans retenue, ça envoyait le message qu’on ne peut plus remettre à demain l’envie de se faire du bien avec la musique.

Photo par André Bujold.

 

Le grand héron et sa troupe

Ce concert de 22h suivait le spectacle principal des trois derniers jours : La Marée du grand héron, un spectacle-événement créé lors d’une résidence à la Place des Arts il y a quelques semaines, mettant en vedette Klô Pelgag et les invités de son choix. Elle a sélectionné Safia Nolin, Marie-Pierre Arthur, et les trois artistes qui composent son choeur surnommé Les Grand-mères à broil : N Nao, Lysandre et Laurence-Anne.

Toutes ensemble sur scène sous le chapiteau de Grande-Vallée, en compagnie de Virginie Reid aux claviers, de Pete Petelle à la batterie et d’Etienne Dupré à la basse, les 6 puissantes artistes ont uni leurs voix, leurs talents et leurs chansons pour donner un spectacle remarquable, plein de tendresse et d’intensité.

Brillante idée que d’appeler les mères de chacune de ces artistes pour leur demander, au téléphone, de présenter la musique de leur fille respective pour ensuite diffuser ces enregistrements lors du spectacle! Beau petit flash de mise en scène, sympathique comme tout!

Chacune brillait ensuite à son tour, permettant à N Nao, Lysandre et Laurence-Anne de se faire découvrir par les fans de Safia, Marie-Pierre et Klô. Elles ont toutes réussi ce pari.

La foule a accueilli à tout rompre Safia Nolin après sa première chanson, comme une façon pour eux de lui envoyer un très fort message : oublie tout ce que tu as vécu ces derniers mois, tiens bon, et merci pour la musique! Elle se cachait le visage avec ses mains, visiblement émue de cet élan d’amour, sans savoir comment gérer sa réaction. On s’ennuyait de ce genre de moment!

Avec autant de talent réuni sur une même scène à l’unisson, À l’ombre des cyprès et Remora de Klô Pelgag ont tout cassé musicalement. Mais le moment le plus épique de la soirée demeure la version de Des feux pour voir, de Marie-Pierre Arthur, qui prenait des airs de puissante chorale grunge au refrain!

Photo par André Bujold.

 

Toutes ces artistes donnaient évidemment des spectacles individuellement à d’autres moments au cours des trois derniers jours, et Klô Pelgag nous a démontré qu’elle avait désormais l’envergure des plus grandes chanteuses du Québec avec son spectacle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Incarnée, groundée, puissante, elle pousse la note avec une maîtrise vocale impressionnante, tout en gardant intacte sa folie toujours surprenante, son air pince-sans-rire et son extravagance rafraîchissante.

Des chansons comme MelamineLa Maison jaune, et Samedi soir à la violence ont soulevé la foule qui devait pourtant rester assise selon les consignes. C’était trop pour rester ainsi cloué à sa chaise!

Marie-Pierre Arthur a aussi fait bonne figure lors de son spectacle au Chapiteau de la Vieille-Forge, samedi soir. Petite fille du coin, comme on dit, on a senti une connexion très spéciale avec le public, notamment lors d’un savoureux moment où ses nièces Justine, Sabrina et Elise l’ont rejointe sur scène pour interpréter L’encre de tes yeux de Francis Cabrel, ainsi que Si l’aurore et la magnifique Le vent m’appelle par mon prénom de son propre répertoire. Très beau moment familial, avec des harmonies de voix sublimes.

Photo par André Bujold.

En matière de broil, on constate aussi que Safia Nolin a des élans grunge ces temps-ci!  « Je suis devenue gênée depuis deux ans, a-t-elle humblement admis lors d’une de ses rares interventions au cours de son spectacle en formule quatuor au chapiteau de la Vieille-Forge. J’ai peur de parler faque je vais jouer de la musique. De toute façon, j’ai dit des affaires pour 200 ans. Si vous voulez les entendre, elles sont sur Internet! »

On la sentait prise d’une retenue de parole, mais d’une envie de chanter et de s’abandonner, sans revenir sur toutes les controverses qui lui sont associées. Et c’est par une approche résolument plus rock que ça se passe, y compris sur quelques nouvelles chanson qu’elle a partagées avec le public. On ne va pas s’en plaindre : ça augure bien, une Safia Nolin plus grinçante musicalement!

Photo par Marc-André Mongrain.

Du côté de Laurence-Anne, on la sent de plus en plus en maîtrise de son intéressant grain de voix, et de son univers musical de plus en plus éclaté et varié. Que ce soit la bossa nova de Pajaros, le rythme pratiquement dance de Nyx ou la drive alt-rock d’Accident, on sent Laurence-Anne en plein contrôle d’une exploration sonore fort intéressante qui se développe franchement bien.

Photo par Marc-ANdré Mongrain.

Et que dire de Lysandre, une nouvelle venue avec un projet solo fort charmant, qui chevauche la chanson folk, l’électropop et le rock, avec des textes franchement bien ficelés. Pour son premier spectacle à vie avec son band, on la retrouvait sur la scène d’une charmante petite salle bien nommée : le Bar de mer.

Visiblement émue de ce moment d’introduction pour sa carrière solo, elle aura fait belle figure, se faisant supplier de faire un rappel après une quarantaine de minutes de spectacle… demande à laquelle elle ne pourra pas acquiescer parce que son répertoire n’en contient pas encore assez!

Un premier album serait en chantier pour l’automne.

Photo par Marc-ANdré Mongrain.

Très belle lancée pour le Festival en chanson de Petite-Vallée, qui se poursuit jusqu’au 10 juillet avec deux autres « vagues », soit la Marée du coyote avec Tire le coyote et ses invités du 5 au 7 juillet, puis la Marée du loup avec Louis-Jean Cormier et quelques artistes de son choix du 8 au 10.

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