crédit photo: Laurie-Anne Benoit

Osheaga 2022 – Jour 1 | Le retour grandiose qu’on attendait !

On n’aurait pas pu demander mieux pour ce retour d’Osheaga, 1425 jours après que Childish Gambino ait conclu la dernière édition à l’été 2019. Une météo clémente typique de juillet, 40 000 spectateurs qui convergent au Parc Jean-Drapeau, et Arcade Fire qui revient à Montréal près de cinq ans après son dernier concert au Centre Bell ; tout était en place pour un retour à la normale mémorable.

Win Butler, Régine Chassagne et leurs comparses n’ont pas déçu. Loin de là ! Ils ont offert une prestation mémorable, tant musicalement que sur le plan humain — Win étant désormais un frontman de haut calibre aux commandes d’un des plus grands groupes rock grand public au monde — et du visuel, une scéno et des éclairages de haut niveau.

* Photo par Laurie-Anne Benoit.

La bande débute avec Age of Anxiety I, tirée du nouvel album WE. Derrière eux, un jeu d’écrans en demi-cercle, rappelant un peu les scénographies de Pink Floyd, tout en évoquant les préoccupations écologiques de notre « ère d'(éco)anxiété », permet de créer des tableaux intéressants pour chaque chanson.

Sitôt Age of Anxiety terminée, on comprend rapidement qu’Arcade Fire est là pour rallier tout le monde, et non pour nous enfoncer leur nouvel album dans le fond de la gorge. S’enchaîneront Ready To Start, The Suburbs, Neighborhood #1 (Tunnels), No Cars Go, Afterlife et Reflektor, pigeant dans chacun des albums acclamés du groupe.

Tout au long du spectacle, l’équilibre entre les vieux titres et les plus récents est d’ailleurs remarquablement bien calibré. Un segment au milieu du spectacle nous a présenté des versions convaincantes des nouveaux titres Age of Anxiety II (Rabbit Hole) et les nombreux chapitres des End of the Empire et The Lightning, ce qui constitue le plus long segment du spectacle sans vieux succès. Mais l’interprétation est remarquable (surtout la version un peu accélérée et nerveuse de The Lightning) et le visuel époustouflant, ce qui garde la foule dans le coup.

* Photo par Laurie-Anne Benoit.

Évidemment, les habitués auront remarqué l’absence de Will Butler, le petit frère de Win qui est parti faire ses choses en solo de son bord — il sera d’ailleurs en spectacle le 12 août prochain au Théâtre Fairmount — et l’ajout du multiinstrumentiste haïtien Paul Beaubrun, fils du réputé musicien Boukman Eksperyans, avec qui Win et Régine ont des liens personnels depuis longtemps.  D’ailleurs, Paul et Win se partageront la scène lors d’un DJ set aujourd’hui (samedi 30 juillet) à 19h au Parc Lafontaine, dans le cadre d’Haïti en folie. Avis aux fans d’Arcade Fire qui ne retournent pas à Osheaga aujourd’hui.

Tout ça pour dire que le band évolue, change de forme, mais ne perd rien de son intensité.  Will ne massacre plus de tambour sur scène avec son énergie débordante, mais cette époque est peut-être révolue, au profit d’un groove un peu différent, mais d’une bonne dose de punch à la hauteur de ce qu’on aime d’AF.

Le répertoire d’Arcade Fire est désormais assez fourni pour que le groupe puisse se permettre de ne pas jouer Neighborhood #3 (Power Out), Haiti, Keep the Car Running ni Intervention sans que le spectacle en souffre trop.

* Photo par Laurie-Anne Benoit.

Ah oui, et Win a eu la très bonne idée d’inviter l’ami Dan Boeckner sur scène pour interprété This Heart’s On Fire de son groupe Wolf Parade, qui a marqué Arcade Fire au fer rouge. Tout ça après une intervention passionnée vantant le multiculturalisme qui fait la beauté de Montréal.

Pour les fans, c’était la continuité dans l’excellence. Pour les néophytes, c’était un parfait contexte grandiose de festival pour apprécier le groupe à sa juste valeur. Même si notre voisin de foule, le rédac chef du Canal Auditif pour ne pas le nommer, semblait outré d’entendre Régine fausser autant. Fallait lui expliquer que ça fait partie du charme, et qu’on peut se compter chanceux qu’elle n’ait chanté que l’autrement excellente Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) au complet en solo cette fois-ci.

Évidemment, le tout s’est conclu par des confettis, Wake Up à fond la caisse, une annonce que le groupe allait revenir à Montréal le 3 décembre pour un concert au Centre Bell, et le ciel s’est mis de la partie en nous balançant une bonne grosse d’averse cathartique en toute fin de spectacle, comme pour en rajouter !

Difficile de faire mieux comme moment pour conclure la première journée de cette 15e édition, attendue depuis 3 ans !

 

Les déceptions de la journée

La journée avait plus ou moins bien commencé par contre. L’entrée sur le site était pour le moins laborieuse… Sans doute en raison des infâmes problèmes de pénurie de main d’oeuvre, mais toujours est-il qu’on n’a jamais subi des attentes de 45-50 minutes pour rentrer sur le site le vendredi en début d’après-midi.

Côté performance, notre journée a débuté avec deux déceptions de taille : Lolo Zouaï et PinkPantheress sur les scènes verte et de la vallée.

La première est une Française installée aux États-Unis, qui assurait la première partie de Dua Lipa au Centre Bell lundi dernier. En écoutant ce qu’elle fait sur Spotify, on appréciait bien la fraîcheur de sa pop raffinée, souvent R&B et groovy.

La Française a profité de son lien linguistique avec Montréal pour s’adresser à la foule en français… avant de s’excuser de l’avoir fait. On aurait peut-être dû la mettre au fait que c’est une question un peu délicate…

Toujours est-il qu’on était là pour entendre sa musique, et ça se passait plutôt bien (rien de spectaculaire, mais pour une jeune artiste en début de carrière, ça allait), jusqu’à ce que les trames sonores qui servent de fond musical tombent en panne (power outage?) juste avant les dernières chansons, dont High Highs to Low Lows qui est SA grosse chanson. Prise au dépourvu, Lolo a tout simplement abandonné son propre spectacle, quittant la scène après des explications plutôt floues. Pas très sympathique ni professionnel.

* Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

C’était encore pire dans le cas de l’Anglaise PinkPantheress, dont on appréciait encore une fois les chansons R&B, pop et drum’n’bass en l’écoutant sur Spotify. Sauf que voilà, elle se pointe sur scène, s’excuse de manquer de voix… et laisse sa DJ faire jouer ses chansons identiques à ce qu’on peut entendre en ligne, en rajoutant très peu de paroles au chant.

C’est bien de miser sur les vedettes montantes de TikTok pour monter une programmation de festival, mais il faudrait peut-être s’assurer qu’ils et elles sachent donner un spectacle. En matière de performance, c’était franchement décevant.

Heureusement qu’il y avait King Hannah et son blues rock enfumé. Le duo qui devient un quatuor sur scène a donné une prestation inspirée, envoûtante, avec plusieurs jams qui montaient en épingle. De très bons musiciens, les Anglais.

Parcels a aussi été excellent avec une performance indie-disco très solide, avec des harmonies vocales absolument époustouflantes. Très très bon groupe en spectacle.

Et Turnstile. Oh la la, Turnstile…. Nos attentes étaient hautes envers le seul groupe punk-hardcore de la programmation, et on n’a pas été déçu. Souriants, charismatiques, tous de blanc vêtus, ils étaient solides, convaincants, entraînants, bref tout ce qu’on aurait pu souhaiter d’eux.

Chapeau au bassiste le plus charismatique qu’on ait vu depuis longtemps, qui danse, sourit, interagit avec la foule sans rater une seule note.

* Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

 

Et chapeau aussi au chanteur qui fait penser à, genre, Ben Stiller dans le rôle du petit frère gentil du chanteur de Refused.

Tout cela était absolument parfait, et on espère les revoir bientôt en salle !

* Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

 

En raison de la case horaire de Turnstile, on a manqué la moitié du retour des Yeah Yeah Yeahs à l’autre bout du site. Karen O et ses musiciens nous ont semblé égaux à eux-mêmes, c’est-à-dire électrisants et colorés !  Ils ont du nouveau matériel à présenter, mais ça demeure les Zero, Gold Lion et Maps qui ont fait lever la foule. Aussi bons, excentriques et fougueux qu’à leurs deux autres présences à Osheaga, en 2009 et 2018.

* Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

Osheaga se poursuit samedi avec notamment Future, Caribou, 100 Gecs, Mitski, Khruangbin, Burna Boy et Polo & Pan.

Consultez Sors-tu? dimanche midi, alors que le collègue Philippe Granger reviendra sur la journée du samedi, ainsi que quelques-uns des spectacles qui l’a marqué vendredi, soit Charli XCX et The Kid Laroi…

Photos en vrac


Grille de chansons (Arcade Fire)

  1. Age of Anxiety I
  2. Ready to Start
  3. The Suburbs
  4. The Suburbs (Continued)
  5. Neighborhood #1 (Tunnels)
  6. No Cars Go
  7. Afterlife
  8. Reflektor
  9. Creature Comfort
  10. Age of Anxiety II (Rabbit Hole)
  11. End of the Empire I-III
  12. End of the Empire IV (Sagittarius A)
  13. The Lightning I
  14. The Lightning II
  15. This Heart’s On Fire (reprise de Wolf Parade)
  16. Rebellion (Lies)
  17. Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)
  18. Everything Now
  19. Unconditional I (Lookout Kid)
  20. Wake Up

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