Jacques Kuba Séguin livre un concert enlevant, Christine Jensen et Helen Sung un concert tiède

La soirée commençait par un concert de Christine Jensen et Helen Sung, un duo saxophone / piano qui nous a laissé sur notre faim. Ensuite, Jacques Kuba Séguin présentait le deuxième volet de sa trilogie des odeurs en l’excellente compagnie de son trio régulier et de l’Orchestre National de Jazz de Montréal pour une prestation enlevante.

 

Christine Jensen et Helen Sung en duo : un concert tiède

À Sors-tu?, on est sorteux pas à peu près!

Quand l’ami photographe Pierre m’a proposé d’ajouter un deuxième concert à notre soirée, j’ai dit oui rapidement. On se retrouve donc à la magnifique salle Bourgie pour le duo jazz entre la saxophoniste Christine Jensen, bien connue à Montréal, et la pianiste new-yorkaise Helen Sung, toutes deux récompensées par des distinctions du prestigieux magazine Downbeat.

Le concert commence de bonne heure, à 18h, et le public est clairsemé avec pas mal de têtes blanches. Les deux musiciennes entrent en scène et sont placées de façon particulièrement étrange : le pupitre de la saxophoniste est installé tout juste devant la pianiste! Pas de quoi faciliter les regards ou la complicité, tout en cachant la pianiste au public…

Drôle d’idée qui est rapidement corrigée par Jensen qui se déplace vers la droite pour pouvoir voir sa consœur et nous permettre d’apprécier son jeu fougueux sur les touches du clavier. Il est à noter également que le concert n’est pas sonorisé et que l’on profite pleinement de l’acoustique de la salle et du beau piano Steinway, sans aucun intermédiaire. C’est toujours agréable.

C’est la complicité des deux musiciennes qui sautent aux yeux et aux oreilles en premier. Les titres s’enchaînent et les musiciennes présentent des compositions de leur répertoire. Et si le jeu de Helen Sung se fait parfois plus aventureux avec une approche plus contemporaine, comme sur sa composition Motion, on ressent comme une retenue.

De son côté, Christine Jensen propose une approche du jazz traditionnelle, bien exécutée.

Au final, le concert est agréable mais sans avoir réussi à me convaincre totalement.

Jacques Kuba Séguin avec l’ONJ au Studio TD : un concert enlevant avec des musiciens en verve

Nous quittons rapidement la rue Sherbrooke pour rejoindre Sainte-Catherine. Notre deuxième concert de la soirée est au Studio TD et nous croisons devant la salle un grand nombre d’adolescents en provenance de La Tuque qui sont en sortie scolaire pour assister aussi au concert de Jacques Kuba Séguin avec l’ONJ. C’est la deuxième partie de sa Trilogie des odeurs qu’il nous présente ce soir.

J’avais fort apprécié la version album du premier volet Parfum no​.​1 mais le concert qui s’en était suivi avait pris du temps avant de m’embarquer dans l’ambiance. Ce soir, c’est en fait l’enregistrement en public du deuxième volet de la série, consacré à l’adolescence et aux découvertes.

Le trompettiste Jacques Kuba Séguin est entouré de son trio de base : Jean-Michel Pilc au piano ainsi que la section rythmique la plus courue du Québec, Rémi-Jean Leblanc à la contrebasse et Kevin Warren à la batterie. L’ONJ est également présent avec cinq saxophones, quatre trombones et quatre trompettes. La direction de l’ensemble est assurée par Philippe Côté. Autant dire que la scène est bien remplie avec autant de talents.

Le concert commence avec le titre La danse du hasard et rapidement, Jacques Kuba Séguin nous propose un long solo, particulièrement inspiré et en verve dès le commencement. Le titre suivant, Le Début, débutte avec une ambiance bien big band aux allures de Duke Ellington et contient des interventions du pianiste Jean-Michel Pilc puis de Kevin Warren qui laisse une grosse impression, comme souvent. Jacques Kuba Séguin enchaîne les solos de grande qualité tout au long de la soirée.

L’ensemble fait preuve d’une grande cohésion et on y ressent la belle émulation qui pousse les musiciens à se surpasser sur les délicieuses compositions de Kuba Séguin. Entre autre, les saxophonistes André Leroux et Jean-Pierre Zanella nous offrent aussi des solos de haute voltige.

Comme le spectacle est enregistré, le public ne sait pas trop comment réagir : est-ce qu’on peut applaudir un solo — certains s’essaient — ou on attend la fin du titre? Toujours est-il que malgré quelques bruits de chaises et certains ados énervés, la consigne est respectée même si on se retient d’exprimer notre joie autant qu’on le souhaiterait. Le concert se termine avec L’élévation du point de chute, un vieux titre de Kuba Séguin qui est enregistré pour la première fois ce soir et qui met de l’avant le trombone de David Grott et encore une fois Kevin Warren.

La soirée était annoncée comme « vive, frontale, puissante et avec beaucoup de groove ». Et effectivement, c’est ce à quoi nous avons eu à faire ce soir, avec une belle série d’interventions des musiciens impliqués et inspirés, avec un Jacques Kuba Séguin particulièrement en verve et impressionnant. J’ai hâte à la dernière partie de sa série qui devrait être plus symphonique cette fois.

 

Ce spectacle est le premier concert du ODD Sound Festival qui se déroule sur trois soirées :

Simon Denizart Nomad / Mélissa Pipe Sextet : lancement de l’album Of What Remains / Olivier Hébert & LoFi Octet – Vendredi 14 Avril à 20h00 à la Sala Rossa
Samuel Blais Four Visions Sax Quartet avec George Garzone, David Binney et Donny McCaslin – Vendredi 14 et samedi 15 avril à 20h00 au Dièse Onze
Philippe Côté Chamber 5tet / Ensemble ODD SOUND – samedi 15 avril à 20h00 au Ô Patro Vys

 

Musiciens

• Soliste et compositeur invité : Jacques Kuba Séguin
• Chef d’orchestre : Philippe Côté
• Piano : Jean-Michel Pilc
• Contrebasse : Rémi-Jean LeBlanc
• Batterie : Kevin Warren
• Saxophones : Jean-Pierre Zanella, Samuel Blais, André Leroux, Frank Lozano, Alexandre Côté
• Trombones : David Grott, Karine Gordon, Taylor Donaldson, Jean-Sébastien Vachon
• Trompettes : Jocelyn Couture, Dave Mossing, David Carbonneau, Bill Mahar

 

Grille des titres

• la Danse du Hasard
• Le Début
• le Tango
• Gratitude
• Krajobraz Dla Muniaka
• L’élévation du point de chute

Photos en vrac