Jacques Kuba Séguin

Montréal en Lumière 2023 – Jour 1 | Jacques Kuba Séguin : un concert qui prend le temps de s’installer pour finir fort

Pour l’ouverture de Montréal en Lumière 2023, le trompettiste multi-primé Jacques Kuba Séguin lançait jeudi soir au Studio TD le premier album de la série La Trilogie des odeurs, le Chapitre I consacré à l’enfance.

Avec un curriculum vitæ bien rempli, Jacques Kuba Séguin est un trompettiste aventureux qui œuvre aussi bien dans le jazz avec son album Migrations de 2019 (Prix Juno 2020 du Meilleur album jazz solo et Félix 2020 de l’album jazz de l’année) et en collaboration avec la chanteuse Elizabeth Shepherd et le saxophoniste Philippe Côté, que dans un univers plus pop avec Daniel Bélanger, Steve Hill, Jean Leloup ou Pierre Lapointe. Il est aussi le fondateur de la maison de disques Odd Sound.

Pour le concert de ce soir, il est très bien entouré, avec Jean-Michel Pilc au piano et la chanteuse Elizabeth Shepherd ainsi que la section rythmique la plus courue du Québec, Rémi-Jean Leblanc à la contrebasse et Kevin Warren à la batterie. De prime abord, il est clair que l’on a affaire à un groupe d’improvisateurs hors pair, la même équipe que sur le disque.

Ce qui m’a impressionné de l’album, c’est le côté enveloppant avec des mélodies simples et une orchestration chaleureuse, avec la liberté de l’improvisation et c’était un choix conscient d’offrir une canevas ténu et simple aux musiciens pour laisser place à l’expressivité et au développement d’idées. Le résultat est réussi et offre une belle palette d’ambiances.

Allions-nous retrouver ces ambiances sur scène sur la scène du Studio TD? Le concert commence tranquillement dans une ambiance feutrée avec de nombreux bouquets de fleurs sur la scène et quelques projections de vidéos en arrière plan sur le thème du parfum avec des images d’alambic et de fleurs. Les premiers titres présentent quelques improvisations moyennement inspirées et peinent à nous emmener dans le concept des odeurs et de l’enfance.

Le concert prend réellement forme lorsque Elizabeth Shepherd monte sur scène et ajoute ses touches de voix entre balade et évocation du rêve. Et la chimie du groupe prend tout à fait lors des deux derniers morceaux, avec notamment de beaux échanges entre le piano de Jean-Michel Pilc et la contrebasse de Rémi-Jean Leblanc. Jacques Kuba Séguin lâche également son fou dans sa meilleure intervention de la soirée, avec un solo enjoué et inspiré qui mène à un dialogue avec la batterie de Kevin Warren. Ce qui aboutit à un long solo de batterie, intense et inventif, jouant de retenu pour rester dans la pièce et qui prouve encore une fois le statut de batteur hors pair de Warren.

Pour le rappel, Kuba Séguin essaie de recréer l’ambiance de l’enregistrement, en laissant grande place à l’improvisation avec une trame ténue. Le résultat est intéressant mais en deçà de ce que l’album a à nous offrir.

C’est un concert tout en douceur auquel j’ai assisté ce soir et qui a pris lentement le temps de s’installer, avant de terminer en force. La magie de l’album a été difficile à retrouver sur scène et je suis sorti un peu déçu en comparaison du charme et de la fascination qu’exerce le résultat en studio du projet de Jacques Kuba Séguin.

À noter que Jacques Kuba Séguin sera en compagnie de l’Orchestre National de Jazz de Montréal le 13 avril au Studio TD afin de présenter le deuxième chapitre de sa Trilogie des Odeurs.

Elizabeth Shepherd sort Three Things aujourd’hui même,et sera en concert le 16 mars au Studio TD de Montréal avant de partir en tournée au Canada.

Jean-Michel Pilc sort Symphony également aujourd’hui.

Rémi-Jean Leblanc a sorti Heyday il y a 3 mois et part en tournée en mars : 3 et 4 mars à Montréal (Dièse Onze), 8 mars à Québec (District St-Joseph), 9 mars à Rivière-du-Loup, 10 mars à Rimouski, 11 mars à Trois-Rivières.

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