crédit photo: Christian Leduc
Festival FME

FME 2025 | Le festival rouynorandien en 12 coups de coeur

Dès les premiers instants, l’accueil chaleureux des bénévoles insuffle une énergie contagieuse. Est-ce une première immersion au FME ? « Oui, c’est mon baptême ! » On m’a dit : « Attention, c’est addictif ! » De retour chez moi, je ne peux qu’approuver cette mise en garde.

S’il fallait choisir une destination pour le long week-end, Rouyn-Noranda s’impose avec le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue. Même le ciel était de la partie ! Dès jeudi soir, la pluie s’efface au profit d’une ambiance fraîche : ceux qui n’avaient pas anticipé se sont rués sur la boutique du FME et la friperie attenante. Bonne idée que cet espace où une créatrice valorise des vêtements FME des éditions passées. En 2025, l’effigie s’imprime sur place : chaque festivalier peut personnaliser un article, apporté ou acheté, pour en faire un souvenir unique.

Le soleil revient dès vendredi après-midi, adoucissant progressivement les soirées jusqu’au point culminant du dimanche, véritable apothéose estivale.

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Une institution vivante et inclusive

Rendez-vous incontournable des passionnés de musique depuis 22 ans, se déroule toujours au cœur du quartier ouvrier de Rouyn-Noranda, où tous les résidents bénéficient gratuitement de la passe d’accès et sont invités au banquet d’accueil. Le festival porte haut les valeurs d’équité et de partage, en traitant tous les artistes sur un pied d’égalité, quel que soit leur statut ou leur notoriété.

La parité homme-femme est une valeur importante pour le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, un engagement visible dans sa programmation et son esprit. Cet aspect inclusif contribue à la richesse et à la diversité des propositions artistiques présentées au fil des ans, et cette année n’en fait pas exception.

Pour cette édition, 89 groupes et artistes se relaient sur 15 scènes, dans une programmation foisonnante. On ne peut tout voir, il faut faire des choix souvent déchirants… mais c’est la magie des découvertes du FME !

Voici donc nos 12 coups de coeur en ordre chronologique :

1. BéLi  (Show de la rentrée SiriusXM, scène principale)

BéLi avec sa voix puissante, sa désinvolture et sa fougue nous surprend, nous amène dans plusieurs textures avec des musiciens et musiciennes de grand calibre. La bassiste Érika Fogagnolo et la batteure Marie-Anne Tessier forment une solide section rythmique, pesante à souhait et répondent vigoureusement aux diverses ambiances musicales bien soutenues par le claviériste Blaise Borboën-Leonard. Ils ont mis la table haut la main pour Marie Pier Arthur et Jay Scott qui ont enflammées à leur tour la 7ème avenue aux grands plaisirs de leurs fans respectifs qui chantaient en chœur.

fme beli cr williambdaigle 5967* Photo par William Daigle.

2. Show caché: Les louanges (Salle de curling)

Peu après avoir reçu la notification FME, la salle de curling est déjà bondée : il faut attendre qu’un spectateur sorte pour espérer entrer. Mais l’attente en vaut la peine : la prestation survoltée du groupe éveille tout le monde, une expérience éclatée qui transforme ce lieu atypique en une véritable boîte à magie.

fme les louanges christianleduc* Photo par Christian Leduc.

3. Super Duty Tough Work (QG salle de spectacle)

Le groupe torontois, deux fois nommé sur la longue liste du prix Polaris et une fois lauréat des Western Canadian Music Awards, nous livre un rap engagé qu’on dit conscient, mixant le jazz, le hip hop et je dirais même le soul. Le tout bien dosé par le visionnaire Brendan Grey qui dirige ses excellents musicien.nes les amenant à ses moods et nuances désirées. La claviériste Desaraé Dee est définitivement une musicienne de jazz à surveiller.

4. Population II (Scène principale)

Power trio formé de Pierre-Luc Gratton (voix, batterie), Tristan Lacombe (guitare, claviers) et Sébastien Provençal (basse). Un rock psychédélique, tantôt punk, tantôt heavy métal et tantôt progressif. Avec des sons recherchés, pesants et uniques. Le trio joue avec les textures et les silences où se juxtapose les riffs répétitifs planants jusqu’à rendre le tout mordant et complexe. Je n’ai pas pu saisir les textes tellement j’étais happé par la musique avec l’impression qu’elle servait à installer le trio pour ses explorations instrumentales. Les solos étaient solides et d’une grande intensité.

 

5. Ariane Roy (Scène principale)

Avec sa voix chaude et précise, Ariane Roy a su envoûter la foule avec son audace et son assurance, même après l’intensité de Population II. Accompagnée par un groupe de solide musiciens composé de Vincent Gagnon (claviers), PE Beaudoin (batterie), Dominique Plante (guitare) et Jeanne Laforest (claviers, chœurs), elle livre un concert mature et nuancé, alternant puissance et folie maîtrisée – à voir et à entendre absolument sur scène !

 

screenshot6. Baby Berserk (Show caché, stationnement)

Projet synthpop/darkwave d’Amsterdam, fruit de la collaboration entre Mano Hollestelle, Eva Wijnbergen et Lieselot Elzinga. Dans son univers éclaté, la chanteuse électrisée vêtu en haute couture, grimpe sur une remorque en fond de ruelle dans cette ambiance glauque, animant la foule avec sa folie et des mélodies accrocheuses!

7. Alphonse Bisaillon (Local des Mooses)

Déjà remarqué lors de vitrines majeures auquel il a remporté plusieurs prix, l’auteur compositeur interprète offre des compositions et arrangements solides, mariant jazz, disco, funk et pop. Entouré de musiciens talentueux et deux magnifiques choristes, il déclenche la fête à fond. Moment fort : la réplique à la chanson Alphonse de Lynda Lemay, intitulée Lynda, savoureuse et pleine d’esprit.

8. Empanadas Ilegales (Scène principale et Parc botanique à fleur d’eau)

Le groupe instrumental de cumbia et de salsa psychédélique se démarque par ses arrangements alliant la la musique latine à des sonorités plus électrique et électronique avec des mélodies accrocheuses et des grooves festifs. L’excellente trompettiste Jocelyn Waugh, membre du Sister Jazz Orchestra est en avant-scène avec des solos impressionnants, l’infatigable percussionniste Andrea Milagros manie les maracas avec fouge et passion! Daniel Hernandez nous donne une basse soutenue et solide. Ricardo Perez et Jaime Millan aux guitares sont responsables des sonorités diverses et multiples effets avec des solos vacillant entre le rock, le surf et le latin jazz, le tout appuyé par le batteur percussionniste Daniel Ruiz qui nous en mets pleins les oreilles!

fme2025 empanadas ilegales cr louis jalbert* Photo par Louis Jalbert.

9. Pierre Lapointe (Le Paramount)

Je n’ai malheureusement pas pu assister à l’intégralité du concert, mais dès mon arrivée dans la salle bondée, dans ce moment suspendu d’une rare intensité, j’ai su qu’il se passait quelque chose de magique. Sobre et juste, accompagné d’un piano à quatre mains, Pierre Lapointe a fait vibrer le public dans un recueillement quasi mystique.

fme pierre lapointe cr christian leduc* Photo par Christian Leduc.

10. Boutique Feelings (Show caché, ruelle)

fme boutique feelingsNouveau groupe de Karim Lakhdar, chanteur, claviériste et guitariste de l’ensemble de psych rock progressif Atsuko Chiba. Formé depuis seulement 9 mois, il propose un rap socio-politique, musicalement traversé par un mélange parfait de funk psychédélique, de trip-hop, d’échantillonnage, et de sonorités alternatives allant du grunge jusqu’au métal et au rock progressif, avec même des influences jazz et orientales, lointaines mais perceptibles avec la touche de Vanessa Ascher, à la flûte et aux voix. Les autres musiciens: Kevin McDonald au synthétiseur et aux samples, David Palumbo à la basse, Eric Schafhauser aux guitares, et Anthony Piazza à la batterie et aux visuels sont totalement en symbiose et le résultat nous transporte dans un autre univers!

11. Frannie Holder (Agora des arts)

La dernière journée du festival, je sentais l’urgence d’en voir encore le plus possible. Le temps ne jouant pas en ma faveur pour me rendre à l’Agora des arts, j’ai malheureusement manqué le début du nouveau projet de cette artiste brillante, touchante et profondément pertinente, qui incarne totalement l’étiquette de musique émergente. Si son nom ne vous est pas familier, vous avez certainement pu la voir et l’entendre notamment à travers les formations Random Recipe et Dear Criminals. Avec sa forte présence, sa voix à la fois douce et puissante, d’une vérité et d’une beauté déroutante, elle a terminé sa performance dans une salle presque comble sous plusieurs « standing ovations ». Ses apparitions sont rares, ne manquez pas sa prochaine prestation.

fme frannie holder* Photo par Christian Leduc.

12. TEKE::TEKE (Show de clôture)

Avec son psych-rock japonais basé à Montréal, le groupe est composé des guitaristes Serge Nakauchi Pelletier et Hidetaka Yoneyama, de la flûtiste et claviériste Yuki Isami, ainsi que de l’artiste visuelle et chanteuse Maya Kuroki. Je n’ai pas le nom de la bassiste, mais elle était remarquable. J’ai appris qu’elle n’en était qu’à son quatrième spectacle avec la formation, un véritable exploit pour maîtriser un répertoire aussi complexe avec tant d’aisance.

La chanteuse Maya Kuroki est fascinante et difficile à décrire par sa façon singulière de bouger et de danser et par son utilisation de sa texture vocale où le geste poursuit là où la voix s’arrête.

Ils ont enchaînés les pièces pendant plus de 90 minutes sans répit. Métriquement et musicalement très complexe mais accrocheuses avec des arrangements audacieux, les pièces ont des inspirations de bandes sonores japonaises psychédéliques des années 60 et 70, avec une touche frénétique et moderne. Je n’ose m’imaginer le temps qu’il a fallu aux musiciens de tout assimiler et maîtriser avec aisance sur scène.

fme teke tekewilliambdaigle 8451* Photo par William Daigle.

Coup de chapeau (ou 13ème étoile) pour le festival dans sa totalité : les fondateurs, les 5 membres du CA qui ont tenu cette édition à bout de bras, les techniciens, les quelque 350 bénévoles, les habitants de la ville, tous ceux qui exercent un rôle de près ou de loin à rendre ce festival possible.

Lors d’un spectacle dans un café, j’ai rencontré Germain, enseignant à la retraite. Il était le voisin de Sandy et avait été son professeur de droit civil, de droit criminel et de droit des affaires à l’école secondaire. Il se souvient que Sandy lui avait dit : « Un jour, je vais amener la musique à Rouyn ! » Il a fait tellement plus que ça !

Le FME est le poumon de la musique émergente au Québec et un moteur important de l’Abitibi-Témiscamingue.

« Ne pas vivre le FME, c’est manquer une expérience musicale unique et mémorable. »

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