Klô Pelgag

Festival d’été de Québec 2018 – Jour 7 | Klô Pelgag et Hubert Lenoir à Place d’Youville: Éclectiques et flamboyants

Au milieu de son spectacle à Place d’Youville, Klô Pelgag semble réjouie de pouvoir jouer sur le même plateau que Hubert Lenoir, elle qui considère que les deux artistes font de la «nouvelle musique». «J’espère que cette musique prendra la place de la nostalgie un jour», s’écrit-elle lors d’une de ses nombreuses logorrhées aussi captivantes qu’imprévisibles. Fidèles à leurs habitudes, les deux excentriques ont donné des spectacles riches en surprises et en couleurs.


Tête d’affiche de la soirée, Klô Pelgag baignait dans le monde des abeilles: la dizaine de musiciens qui l’accompagnaient sur scène étaient habillés en apiculteurs sous une trame de bourdonnements. Hormis quelques appels à protéger les abeilles, le reste du spectacle était plutôt centré sur la musique de l’auteure-compositrice-interprète.

C’est avec Samedi soir à la violence qu’elle donne un fort coup d’envoi sous un costume lumineux. Dans la foule bien entassée devant le Palais Montcalm, bon nombre de spectateurs chantaient les paroles avec elle.

La voix des membres du public ne peuvent toutefois pas compétitioner avec celle de Klô Pelgag, surtout lorsqu’elle ponctue ses phrases de ses uniques inflexions. Son chant valse parmi les octaves plus aigus, avec quelques courtes envolées vers les sommets les plus hauts. La finale de Tunnel, où elle laisse aller sa voix presque nue sans la présence des autres instruments, lui vaudra une belle ovation.

Capitaine Québec

Lorsqu’elle n’est pas au piano, Klô Pelgag se ballade sur scène, avec ou sans sa guitare. Elle semble alors nonchalante, parfois un peu perdue dans sa propre bulle. Elle semble plus souvent chanter pour ses musiciens ou pour le vide que pour le public qu’elle regarde peu. Ce n’est toutefois pas par manque de volonté ou d’amour, loin de là. Elle passe d’ailleurs beaucoup de temps à exprimer sa joie et son plaisir d’être sur place entre ses chansons. La plus belle preuve vient vers la fin pour Les ferrofluides-fleurs, alors qu’elle laisse son pied de micro à la foule pour qu’il fasse un peu de body surf. «Je vous ai offert ce micro en guise de ma reconnaissance» dit-elle.

Parmi les autres moments forts de la soirée, on note son invitation lancée à VioleTT Pi de se produire pour la première fois au festival. Leur duo sur Labyrinthite est aussi glauque et beau sur scène qu’en studio. Comme des rames, l’une des plus vieilles chansons de Klô Pelgag, a rejoint le public d’une autre façon, créant plusieurs heureux. Enfin, on note le retour de son désormais célèbre costume fleurdelisé, qu’elle enfile en mi-parcours, et sa percée politique. «Le Québec appartient à ceux qui l’aime!» lance-t-elle. «Fuck les frontières! Fuck les racistes!»

 

Hubert Lenoir déchaîné

Difficile d’évaluer qui de Klô Pelgag ou Hubert Lenoir a attiré la plus grosse foule, mais il était clair par les mouvements de spectateurs entre les performances que chaque artiste avait son public. Lenoir semblait toutefois avoir le plus gros buzz, lui qui surfe allègrement sur la vague de son album Darlène, paru à l’hiver. Chose certaine, Place d’Youville était plein à craquer pour le petit gars de Québec. Rarement avait-on entendu une foule aussi excitée de voir arriver un artiste sur cette scène. L’entrée du chanteur était en effet ponctuée de cris laissant croire à une réelle Hubertmanie.

C’est principalement vêtu d’un simple bandana en foulard et d’un chic pantalon gris que la nouvelle coqueluche de Radio-Canada et du jury du Prix Polaris a livré un spectacle énergique et inspiré. Certes, ses mouvements de danse n’étaient pas toujours des plus gracieux, mais on sentait malgré tout une fougue et un déhanchement à la Jagger durant une bonne heure de spectacle.

Même s’il n’a pas réussi à causer une émeute, comme il l’avait souhaité plus tôt sur les médias sociaux, Hubert Lenoir a quand même réussi à semer le chaos quelques peu lorsqu’il a décidé de quitter la scène et d’aller grimper sur le toit d’un abri-bus bien ancré dans le public, ses deux majeurs bien en l’air.

Hubert Lenoir ?

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Il a également profité d’une chanson instrumentale pour faire monter trois membres du public pour danser sur scène avec lui. Enfin, il n’a pas manqué l’occasion de célébrer le 21e anniversaire de sa bonne amie, et récente finaliste des Francouvertes, Lou-Adriane Cassidy, le temps d’un duo.

Hubert Lenoir ne laisse personne indifférent et il le sait très bien. Il s’amuse d’ailleurs avec cette polarisation lorsqu’il s’adresse à la foule. «Pendant un bout, j’avais l’impression que tout le monde m’haïssais», confie-t-il. «Pis après, j’ai ouvert la bible et j’ai réalisé que tout le monde haïssait Jésus aussi!» Il en profite alors pour écorcher sans aucune dentelle les médias qui se concentrent sur son identité et son orientation sexuelle. Le chanteur androgyne commence alors à interpréter une nouvelle chanson mettant en vedette «tous les papas de la terre» qui lui balancent «de mauvais commentaires».

Bref, avec son glam rock aux accents kitsch bien assumés, Hubert Lenoir aura réussi à faire vibrer un public drôlement hétéroclite et ce, dans sa propre cour. Bête de scène assumée, le chanteur prouve toutefois qu’il n’est peut-être pas le meilleur projet pour une sortie familiale. Pour les adultes avertis, sa « vulgarité » se traduit plutôt par un franc-parler et une énergie sexuelle drôlement divertissante. Tout comme Klô Pelgag, Hubert Lenoir prouve que la musique québécoise est plus souvent à son meilleur lorsqu’elle émane des ovnis les plus flamboyants.

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