Eric Lapointe

Éric Lapointe aux Francos 2018 | Qu’est-ce qu’elle a sa gueule ?

Programmer un show extérieur gratuit d’Eric Lapointe en ce premier samedi des 30e Francos de Montréal, le jour du Mondial de la Bière, en plein week-end de la F1 : c’est pas un hasard tout ça. C’est même vachement bien pensé. Peu habitués aux partys à Ti-Cuir, on s’est dit que c’était le temps où jamais d’aller vivre l’expérience Lapointe à fond, et essayer de comprendre à quoi carbure cette inépuisable ferveur.

On s’entend que tout ce qui entoure un show d’Eric Lapointe est AU MOINS AUSSI intéressant que le show lui-même.

La veille du show, par exemple… À 2h du matin, les Francos ont eu la brillante idée de nous « appeler dans la nuit » avec cette notification mobile pour le moins appropriée :

Pas mal drôle.

Même en route vers la show, c’est quelque chose en soi. Surtout en partant de Hochelaga en métro sur la ligne verte.

Ça donne lieu à des échanges comme celui-ci, entre deux usagers de la STM :

– Gars #1 : Heille, c’est où le show d’Éric Lapointe?

– Gars #2 : C’est à la Place des Arts.

– Gars #1 : C’est où, ça, la Place des Arts ?

– Gars #2 : C’est au métro Place-des-Arts.

– Gars #1 : Ah ok !

On lui souhaite bonne chance, parce que bien que la Place des Festivals soit effectivement à même la station de métro Place-des-Arts, on a eu peur que notre protagoniste se retrouve au Théâtre Maisonneuve, genre au show de Claude Dubois, et qu’il gueule des demandes spéciales comme « MARIE STOOONE! ».

Probablement que tout s’est bien passé pour lui. Après tout, comme disait l’un des deux gars : « Dans ce boutte-là, tu peux boire de la bière n’importe où et c’est sur que tu vas l’entendre, Éric, même si tu le vois pas. »

À notre arrivée sur la Place des Festivals, la foule est bien fournie mais ça circule plutôt bien. À 21h tapant, l’animateur de CKOI (Mise à jour : on m’indique à l’oreillette qu’il est rendu à Energie) Philo Lirette retentit sur scène allumé comme un dynamo pour présenter le show, aux côtés de Laurent Saulnier — qu’il a rebaptisé « Laurent Lessard des FrancoFolies » (alors que les Francos ont flushé le « Folies » de leur nom) —, ne laissant jamais au big boss de la programmation l’occasion de dire le moindre mot. On est loin des présentations classy du Festival de Jazz…

Et c’est parti pour un… karaoké !   Oui oui, la foule chante en choeur N’importe quoi, avec les paroles qui défilent sur le grand écran, question de se réchauffer pour l’arrivée du rockeur.

Peu après, Ti-Cuir arrive, une cigarette aux doigts, tout feu tout flamme. Littéralement. Je veux dire… On a eu droit à DU FEU d’entrée de jeu. Woouuuf. On se croirait dans un show de Metallica.

Ça y va au toast avec Bobépine, et 1500 miles, et plusieurs chansons probablement récentes qu’on peine à reconnaître. La foule aussi, manifestement.  La première demi-heure est étonnamment tranquille. Ça manque de hits, un peu…

Ça se réchauffe quand l’ami Kéveune (Parent) arrive pendant Sans vous, et Éric le laisse même prendre la scène seul pour interpréter Seigneur. Il a l’air en shape, le Kéveune. Il paraît même plus jeune que jamais. Fréquenter l’oubli suit, et cette fois, Éric vient le rejoindre, parce qu’après tout, le refrain va mieux à Ti-Cuir qu’à Kéveune. « Y’a tu d’autres choses à faire / pour chasser l’ennui / au lieu d’boire tous les soirs / en regardant passer ma vie? »  Kéveune a visiblement trouvé la réponse : aller au gym. Probablement un truc que lui avait partagé Jonathan Painchaud.

Évidemment, tout ça nous rappelle un peu Le Vent, La Mer, Le Roc, ce fameux spectacle qui avait lieu aux Franco(Folies, à l’époque) de 2003, et qui avait même donné lieu à un DVD. C’était avec Kévin Parent, Eric Lapointe… et Daniel Boucher.

Ah bin l’affaire, ti-Dan qui retentit à son tour pour compléter le trio, sur une chanson apparemment titrée Ma Blonde, et ça swingue du bassin sur un moyen temps. Évidemment, La désise allait suivre, avec une chorale bien sentie de la « gang de malaaaaades! »

 

Disque d’or et autres choses sérieuses

C’est bien beau les invités, mais c’est Éric que le peuple est venu voir. Alors Mon Ange suit, Éric est debout su’l piano, avec un visuel d’église en arrière-plan. Si vous saviez tout ce qu’il nous jure, du fond de son armure.

On est de retour aux choses sérieuses.

Et parlant de choses sérieuses, on doit mettre son sarcasme de côté lorsque vient le temps de souligner qu’Éric Lapointe s’est vu remettre un disque d’or pour son plus récent album. En ces temps maudits pour les ventes de disques, c’est pas rien. On est en juin, presque la moitié de l’année est derrière nous, et Éric Lapointe est le seul artiste AU CANADA a avoir atteint cette barre magique des 40 000 copies vendues. Vrai que son public en est un qui achète encore des disques. Mais même là. C’est épatant qu’un artiste francophone québécois puisse encore le faire. Bravo.

* Photo de courtoisie par Benoit Rousseau.

Une fois l’intervention surprise derrière nous, Ti-Cuir y va à fond la caisse avec Les Boys, Marie-Stone, et Motel 117, est là, ça commence à ressembler à ce qu’on s’attendait. Les fans sont en feu, le chanteur aussi. Il y a là un genre de communion primaire. On veut viiiivre, vivre encoooore !

Eric termine ça avec Loadé comme un gun, avant d’ajouter Moman, une sympathique reprise du classique country Mama Don’t Let Your Babies Grow Up To Be Cowboys, et bien entendu, N’importe quoi et Terre Promise au rappel.

On s’entend que rien de tout ça ne réinvente la musique populaire, ni même le rock. Au contraire, un show de Lapointe, c’est un exercice de style dans la plus pure tradition du hard rock, avec des solos de guit’ dos à dos, un chanteur qui nous demande « Êtes-vous làààà? » à chaque fois que ça se tranquillise, et des ballades cheesy comme ça se peut pas.

Mais c’est aussi l’occasion de crier à pleins poumons des phrases que tout le monde au Québec connaît, comme « JE-T’A-PPE-LAIS-DANS-LA-NUIIIIT ». Ironique ou pas, c’est un plaisir qui se consomme bien en plein air, surtout quand c’est gratuit (et idéalement un peu coquetel)!

Événements à venir

Vos commentaires