Peter Peter

Entrevue avec Peter Peter | Introspection pop

On l’a perdu à la France, mais il est de retour en ville pour lancer son troisième album, Noir Éden, Peter Peter sera en spectacle ce mercredi au Club Soda dans le cadre de Montréal en Lumière. Sors-tu.ca l’a eu au bout du fil pour discuter de cette nouvelle disquette, de ses influences et de chat.

Peter Peter nous arrive avec un troisième album plus introspectif et plus pop, après nous avoir présenté un album plus folk en début de parcours sur son album homonyme en 2011, suivi d’Une version améliorée de la tristesse en 2012 plus électro nostalgique. Il explore différentes sonorités sur Noir Éden, toutes inspirées de sa nouvelle terre d’accueil et du changement d’environnement. « J’ai un peu fabulé sur ce que je vivais. Avec Noir Éden, je me suis perdu dans ma tête pendant quelques mois. C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à écrire un album, qui écrit un album et qui se perd dans sa tête pour l’écrire. Il se sacrifie dans un exil, dans une solitude et qui, après coup, est incapable de s’en sortir. » Et cet univers parallèle, il l’a baptisé Noir Éden.

Son album se divise sur deux antipodes: le radiophonique et le chaotique. Bien qu’on puisse considérer cet album comme étant pop, l’auteur-compositeur-interprète n’a pas prémédité ce résultat. Selon lui, on ne peut pas préméditer la pop. « Je pense qu’une chanson pop s’écrit d’elle-même. À partir du moment que tu forces les choses, tu peux un peu perdre les points de repère. Je n’ai pas essayé d’écrire un album pop, certaines chansons se sont manifestées par elles-mêmes dans la pop. Je fais vraiment attention à ce mot-là parce que c’est un fourre-tout parfois. »

Comme à son habitude, l’écriture de Peter Peter est très imagée, en introduisant diverses créatures mythiques dans ses paroles. On avait déjà vu les vampires, les chimères, il nous arrive maintenant avec Nosferatu, figure emblématique du cinéma d’horreur des années 1920. « Considérant que c’est un album de solitude, j’ai pourtant été plus tourné vers la littérature que le cinéma. J’ai flirté autant avec des œuvres de science-fiction que de la bédé surréaliste. Là où je suis allé puiser mon inspiration, c’est dans des choses qui se prêtent au silence, des romans ou de la bédé. »

Il a choisi d’introduire pour la première fois un peu d’anglais à ses textes et tout est fait de manière réfléchie. « C’est quelque chose que je n’aurais pas utilisé si je n’avais pas déménagé en France. D’avoir une chanson bilingue, j’aurais trouvé ça sans doute cheezy. Je trouvais que ça ne marchait pas avec moi à une certaine époque. » Depuis qu’il est arrivé en France, sa relation à l’anglais a changé. « À Montréal, je me forçais de bien parler anglais, de mettre les accents toniques aux bons endroits. En France, tu te rends compte que les gens francisent l’anglais. Je trouvais intéressant de ramener l’anglais et de l’utiliser à la Française. Je voulais jouer avec de nouveaux codes, des tabous, de faire une moitié de phrase en français, une moitié en anglais, mais de le faire hyper chanson, hyper francophone. »

Me, myself & Vénus

Pour écrire son album, Peter Peter s’est isolé entre les quatre murs de son appartement, un processus complètement différent des précédents albums. « J’avais plusieurs idées, quelques textes d’écrits, mais avoir des idées d’album, ça ne donne pas un album. » Noir Éden a été écrit en huis clos avec lui-même s’inspirant de ses pensées plutôt que de son environnement. « C’est un gros délire de tout ce que j’ai vécu. C’est hyper personnel en même temps d’être fabulatoire, c’est fantasmagorique. J’avais envie de puiser dans ce que j’ai vécu, mais de le rendre plus fantasmagorique. »

Toutes les inspirations sont bonnes, même un chat peut faire sortir les mots qu’il faut pour écrire une chanson. C’est le cas de Vénus, le chat de son ancienne copine, à qui il dédit une bonne partie de son album. « Vénus était toujours là sur le canapé. Je l’admirais beaucoup pour son côté serein. J’étais là à écrire un album alors que dehors, ce n’était pas nécessairement les meilleurs moments à Paris. Il y a eu beaucoup de tension, beaucoup d’insomnie. Vénus pour moi, c’était un peu un modèle de sérénité. » Cette figure féline l’a aidé à focusser, à vivre dans 35 mètres carrés sans trop en sortir.

Les rues de Paris plus agitées suite aux événements de 2015 sont également venues se frayer un chemin dans ses textes, faisant apparaître l’idée d’une fin du monde certaine. « Allégresse, par exemple, est un peu une fabulation d’une fin du monde ou avoir l’impression que Dieu revient, alors que Dieu n’était plus dans mon champ lexical depuis des années. »

Transition naturelle

Peter Peter nous a offert son single Noir Éden en juin dernier, et tout de suite, on a pu entendre une continuité entre Une version améliorée de la tristesse et le nouveau matériel à venir. « C’était une belle transition, dans la narrative, ça se prêtait bien. Pour moi ça montrait un peu toutes les couleurs de l’album. C’est clairement un prolongement, une continuité des synthés d’Une Version améliorée de la tristesse. »

Il a enregistré son troisième album entre la France et Montréal. Il n’a pourtant pas eu le temps de ressentir le mal du pays. « C’était tellement un album où j’étais coincé dans ma tête que j’aurais pu être n’importe où et ça n’aurait rien changé. Je perdais un peu mon rapport avec les choses peu importe où j’étais. Je voyais mes amis, mais j’étais tellement dans le travail. »

Je suis surtout nostalgique de revenir jouer à Montréal. Ça signifie beaucoup de revenir. J’avais envie de revenir avec un album. Ça me faisait chier de revenir avec un album pas terminé, pas lancé.

L’album est paru en France au début du mois de février et au Québec le 24 février dernier. Le chanteur peut donc maintenant donner de la tête uniquement aux concerts à venir. « Je suis un peu plus en paix avec moi-même maintenant. Quand l’album n’était pas encore terminé, je ne me donnais pas le droit de connecter avec la réalité. Maintenant que l’album est lancé, ça veut dire pour moi de revenir sur la Terre. »

Il se produira sur scène avec la même équipe qui le suit depuis ses tout débuts et il est impatient de mettre l’album à l’épreuve. « Je me suis hyper sacrifié pour cet album-là. Le live, c’est le moment de sacrifier l’album, de l’immoler sur Terre. Je le vois plus comme ça qu’un gros party, plus comme un rituel. »

Ne manquez pas Peter Peter le 8 mars prochain au Club Soda avec Barbagallo en première partie. Les billets sont disponibles juste ici.

Vos commentaires