Pop Montréal – Jour 3: David Byrne & St. Vincent en mettent plein la vue à l’Église St-Jean-Baptiste

Vendredi 21 septembre 2012 – Église St-Jean-Baptiste (Pop Montréal)

Générations X et Y (et même quelques boomers) se sont donné rendez-vous à l’église, vendredi soir. La grand-messe – possiblement le principal happening de Pop Montréal 2012 – réunissait le cerveau des Talking Heads (David Byrne), la talentueuse tête frisée de St. Vincent (Annie Clark) et 10 musiciens, dont un ensemble de cuivres à 8 paires de mains. Bien soutenus par ceux-ci, David Byrne & St. Vincent ont livré un show magique, plein de surprises et d’humour, et bourré d’une énergie contagieuse qui a soulevé le lieu sacré et tous les fidèles rassemblés.

Annie Clark, alias St. Vincent. Photo par Josée Schryer.

Avant même l’arrivée des artistes sur scène, il y avait de l’ambiance dans le superbe temple chrétien du Plateau Mont-Royal. L’architecture luxuriante à elle-seule en met plein la vue.

Après un message d’introduction de David Byrne lui-même – exprimant le souhait que « personne ne regarde le spectacle avec un gadget électronique devant le visage » – les musiciens ont gagné la scène puis aussitôt étalé leur son vitaminé dans le vaste lieu.

Sans surprise, on débute avec deux titres de leur excellent album conjoint Love This Giant: les extraits Who et Weekend In The Dust. Mélange de pop, de funk, de rock (chacun portant une guitare, qui ne se détachaient hélas pas de l’ensemble du mix, toutefois).

Lui porte un pantalon blanc comme sa chevelure, une chemise également blanche et de chics bretelles. Elle revêt une robe noire qui lui va à ravir. Splendide, la dame, comme toujours. Les musiciens respectent la thématique de l’habit noir et/ou blanc, comme si la scène était un jeu d’échec musical.

 

Formule à toute épreuve: Talking Heads + St. Vincent + Love This Giant

Musicalement, la formule prend forme: après 1 ou 2 titres du nouvel album, chacun y va d’un extrait de son répertoire. St. Vincent interprète Save Me From What I Want, David Byrne chante Strange Overtones, les deux partagent I Am An Ape. Elle entonne Marrow, il rapplique avec This Must Be The Place (Naive Melody) (des Talking Heads), ils présentent The Forest Awakes.

Chacun harmonise sur les chansons de l’autre, qui sont de toute façon modifiées, joliment cuivrées.

David Byrne. Photo par Josée Schryer

La mise en scène prend beaucoup de place: chaque chanson vient avec sa chorégraphie kitsch et amusante, mettant tous les musiciens à profit, Byrne et Clark compris.  Avec beaucoup d’humour et peu d’orgueil, tout le monde y met du sien, même si David Byrne semble s’en donner en coeur joie plus que quiconque.

Des exemples ? Tout le monde sauf Clark est resté étendu au sol lors de l’interprétation de Cheerleader, pour créer un effet. Plus tard, on y va carrément d’une danse en ligne, voire même un petit train (ce que les anglos appellent un « conga line ») lors de Road To Nowhere. David Byrne multiplie les mouvements de danse expérimentale, comme un vieux pantin.

Cet aspect du spectacle, que l’on pourrait qualifier de « théâtral » avec une forte touche humoristique, rappelle surtout la folie scénique des Talking Heads, mais s’agence aussi très bien à l’esprit de St. Vincent.  Byrne semble également parfaitement à l’aise dans l’univers de Clark, dansant sans retenue, lorsqu’il n’intervient pas dans les chansons, carrément.

Leur complicité, qui se transpose dans leur matériel commun, déborde dans tout le spectacle. Ça donne lieu à de jolis moment, notamment un duo de thérémine « ninja style » lors de Northern Lights, qui a valu au duo la plus chaude ovation de la soirée (à l’exception peut-être du succès des Talking Heads, Burning Down The House, au rappel).

Photo par Josée Schryer.

Puis, au deuxième rappel, un moment tout simplement sublime: Annie Clark entame, seule sur scène et sans guitare, sa chanson The Party. Le clavier est remplacé par une sonorité profonde, riche, qui provient de l’arrière de la salle: c’est en fait l’orgue Casavant de l’église qui résonne! Les musiciens, eux, ont envahi l’allée centrale avec leurs instruments à vent.

Le spectacle se termine en beauté avec l’entraînante Road To Nowhere des Talking Heads.

Près de deux heures, du matériel varié (une grille de chansons parfaitement calibrée) mais une énergie commune qui a transporté le spectateur du début à la fin et qui relie le tout avec du fil doré.

Au coeur de toute cette soirée: le plaisir, tout simplement. Nourri d’un respect mutuel, ils s’amusent ferme ensemble – ça se sentait déjà sur le disque – et communiquent cette joie si bien que les plus cyniques pourraient difficilement résister.

Le concert de David Byrne & St. Vincent restera gravé longtemps dans la mémoire des centaines de spectateurs présents. Très bon coup pour Pop Montréal.

Jamais une sortie à l’église n’aura été aussi emballante…

Photos en vrac
(par Josée Schryer)

 


 

Grille de chansons

Who
Weekend In The Dust
Save Me From What I Want (St. Vincent)
Strange Overtones (David Byrne)
I am An Ape
Marrow (St. Vincent)
This Must Be The Place (Naive Melody) (Talking Heads)
The Forest Awakes
Ice Age
Like Humans Do (David Byrne)
Lightning
Lazarus
Cheerleader (St. Vincent)
Lazy (David Byrne)
I Should Watch TV
Northern Lights (St. Vincent)
The One Who Broke Your Heart
Outside of Space and Time

Rappel
Cruel (St. Vincent)
Burning Down The House (Talking Heads)

Rappel 2
The Party (St. Vincent)
Road To Nowhere (Talking Heads)

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