Critique concert: Jon Anderson et Rick Wakeman à Montréal

Soirée de récital avec deux survivants du rock

Samedi 12 novembre 2011 – Théâtre St-Denis 1 (Montréal)

La première chose que l’on remarquait en entrant dans la salle du Théâtre St-Denis 1 samedi soir, où Jon Anderson et Rick Wakeman s’apprêtaient à performer, c’était l’ambiance feutrée. Un éclairage tamisé effleurait la scène, agrémenté de quelques dizaines de bougies (vraies ou artificielles, nous n’avons pas vérifié) qui couvraient toutes les surfaces, des planches aux claviers, rappelant le numéro central de la comédie musicale The Phantom of the Opera.

Ensuite, sur l’air de Also Pracht Zaratustra de Strauss jouée à partir d’un vinyle (et une version d’ailleurs très rigolote, qui a bien fait rire le public), Rick Wakeman et Jon Anderson sont entrés sur scènes, accueillis comme des héros par leurs fans montréalais. Les deux anciens membres de Yes (claviériste et chanteur, respectivement) sont deux survivants du rock progressif, ayant chacun frôlé la mort à un moment ou un autre de leur vie, et dont le parcours fut semé autant d’embûches que de bons moments.

Cette soirée, que Jon Anderson a qualifiée de « récital » (car il devait lire ses paroles sur un lutrin), marquait la fin de la tournée Project 360 On Tour (titre de tournée affreux s’il en est un). Et les deux hommes étaient visiblement de bonne humeur.

Toujours à la hauteur des attentes

La voix toujours haut-perchée de Jon Anderson n’a rien perdu de son charme, quoiqu’il n’atteint plus aussi facilement les plus hautes notes, faisant des compromis dans son interprétation des grands classiques de Yes, comme And You And I (quasi méconnaissable) ou Time And a Word (en version… reggae!).

Quant à Rick Wakeman, sa présence aux claviers est toujours aussi impressionnante, même s’il n’a plus sa cape et ses paillettes d’antan. Ce grand comique anglais, animateur de radio, comédien et acteur, a le sens de la répartie, et s’amuse à détourner l’attention de Jon Anderson lorsque celui-ci présente ses chansons. Les blagues de M. Wakeman ont bien fait rigoler la foule.

Les nouvelles compositions, tirées de l’album The Living Tree lancé en 2010, ont été bien accueillies par le public, malgré leur trop grande ressemblance entre elles et leur tendance à traiter à outrance de croyances et de spiritualité. Notons malgré cela la pièce Just One Man, qui fut brillamment interprétée par les deux hommes, une chanson dont l’arrangement de piano est des plus magnifiques.

Parmi les meilleurs moments de la soirée, soulignons Your Move et All Good People, auxquelles le public a été amené à participer en chantant, ainsi que Roundabout en rappel. Mais le meilleur moment reste Awaken, jouée dans son entièreté, un pari risqué de jouer ce classique de 15 minutes à deux musiciens seulement, mais relevé haut la main. Le son de l’orgue, reproduit par le synthétiseur, emplissait la salle et le chant de Jon Anderson s’est avéré sans failles. Un moment magnifique.

Les deux hommes ont terminé la soirée avec Soon et The Meeting, deux des plus jolies ballades de leur répertoire.

C’est une soirée des plus envoûtantes qu’ont fait vivre Rick Wakeman et Jon Anderson aux Montréalais, toute en simplicité, humour et camaraderie. Un moment magique, qui à aucun instant ne nous a fait regretter l’absence des membres de leur ancien groupe…

Grille des chansons :

1. Intro
2. Starship Trooper
3. Sweet Dreams
4. Forever
5. And You and I
6. The Living Tree (Pt. 1)
7. Long Distance Runaround
8. America
9. Garden
10. The Living Tree (Pt. 2)
11. Time and a Word

Entracte

12. South Side of the Sky
13. Wonderous Stories
14. Just One Man
15. Nous Sommes Du Soleil
16. Leaves of Green
17. 23/24/11
18. Your Move
19. All Good People
20. House of Freedom
21. Awaken

Rappel
22. Roundabout
23. Soon
24. The Meeting