Steven Wilson

Critique album | Steven Wilson – The Raven That Refused To Sing (And Other Stories…)

Steven Wilson - The Raven That Refused To Sing (And Other Stories...) Steven Wilson The Raven That Refused To Sing (And Other Stories...)

L’enfant-prodige de la musique progressive du 21e siècle, Steven Wilson, aborde sur son nouvel album solo le thème du surnaturel en six tableaux musicaux.

The Raven That Refused To Sing (And Other Stories) tire son inspiration de la littérature fantastique (Poe, entre autres), et s’intéresse plus particulièrement au mythe du fantôme qui ignore son état spectral. Chaque chanson raconte une histoire différente, et l’album s’écoute comme on lit un recueil de nouvelles.

Le multiinstrumentiste Wilson a fait appel à d’excellents musiciens pour mener à bien son projet : Nick Beggs à la basse, Guthrie Govan à la guitare, Adam Holzman aux claviers, Marco Minnemann à la batterie et Theo Travis à la flûte et saxophone. Wilson donne de l’ampleur (et une touche nostalgique) à l’ensemble en jouant du mellotron, celui même dont Ian McDonald s’est servi sur le premier album de King Crimson en 1969.

 

Enregistrement live en studio

Pour la première fois de sa carrière, Steven Wilson a tenté l’enregistrement « live », c’est-à-dire qu’au lieu de capter la performance de chaque musicien en différé, le groupe a joué ensemble en studio, créant ainsi une musique plus organique.

En recrutant le vétéran Alan Parsons (ingénieur de son sur Abbey Road et Dark Side Of The Moon) pour manier la console, Steven Wilson a tenté de reproduire le son des albums classiques de rock progressif. D’ailleurs, la pièce d’ouverture, Luminol, s’ouvre sur une attaque dynamique de la section rythmique, digne de Squire et Bruford à la belle époque de Yes.

Wilson, qui est en demande constante pour remixer de nombreux albums classiques, a été beaucoup inspiré par le son et la musicalité présente sur l’album Lizard de King Crimson. Lui qui avait déjà pris une tangente jazz sur son précédent disque, Grace For Drowning, s’éloignant ainsi du rock plus musclé de sa formation principale, Porcupine Tree, a laissé beaucoup de place à l’improvisation de ses musiciens, aux « erreurs » qui peuvent survenir lors d’une performance captée en direct.

Si Wilson s’est inspiré de l’album Lizard, et principalement de son inclinaison vers le jazz, certains passages de The Raven… évoquent également la période Red de King Crimson – ce qui n’est pas mauvais du tout. C’est le cas de The Holy Drinker, entre autres, avec son jeu de batterie intense et ses magnifiques solos de flûte et de saxophone.

Ceci dit, Steven Wilson est, à la base, un technicien qui chante. Excellent guitariste, prolifique auteur et compositeur, et formidable meneur de groupe, sa musique souffre d’un manque de chaleur et d’émotion. Ça a toujours été le cas avec Wilson, qu’il s’agisse de Porcupine Tree ou de ses autres projets tels que Blackfield ou Storm Corrosion. Le musicien excelle dans l’art de reproduire des ambiances et des sonorités, mais auxquelles il manque la touche de magie qui fait des albums de Yes et King Crimson de réels classiques.

Si Drive Home et la pièce titre sont de très jolies chansons, voire poignantes, Wilson aurait eu avantage à les faire chanter par quelqu’un de plus apte à transmettre ces émotions. C’est ce qu’avait compris Robert Fripp, fondateur de King Crimson, en engageant Greg Lake, Jon Anderson et John Wetton au chant : l’interprétation vocale est tout aussi importante que celle des autres instruments. Et c’est là le point faible de Steven Wilson. Son chant est correct et juste, mais un peu froid.

Malgré ce détail, The Raven… est le plus intéressant des albums solos de Steven Wilson jusqu’à présent, rempli d’un mystère envoûtant et empreint d’une grande maturité. Il s’inscrit déjà parmi les sorties majeures de l’année 2013 dans le domaine du rock progressif.

* Steven Wilson sera en concert à Montréal, le 25 avril 2013, au Club Soda.

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