crédit photo: Maxyme G.Delisle
Coeur de Pirate

Critique album : Coeur de pirate – Blonde

Coeur de Pirate - Blonde Coeur de Pirate Blonde

Ses premiers pas sur disque ont été scrutés (et appréciés) par la francophonie entière, ou presque. Et voilà que Coeur de Pirate rapplique avec Blonde, un 2e album qui témoigne de ses 3 dernières années de montagnes russes amoureuses, tout en démontrant une douce évolution esthétique.

Étrange paradoxe que celui auquel Béatrice Martin s’est retrouvée confrontée. Après tout, il s’en passe des choses en 3 ans lorsqu’on est dans la jeune vingtaine. Le tournant vers la 3e décennie de notre vie est sans doute le plus tumultueux et le plus propice aux métamorphoses et aux transitions. Mais lorsqu’on tombe sur la formule gagnante dès l’âge de 19 ans, la prudence généralement réservée aux vétérans s’avère parfois être la sage décision.

Sur Blonde, les traits principaux de Coeur de Pirate sont pratiquement intacts: cette mignonnette voix de gamine s’exprimant dans un français international frôlant le franchouillard, cette joliesse qui traduit une charmante fragilité et cette plume tirée tout droit d’un journal intime de jeune femme en amour avec l’amour. Ou des versions romancées de textos intimes, à vous de choisir.

Toutefois, les ballades pianotées ne sont plus majoritaires, la jeune artiste ayant décidé d’explorer la pop rétro, le rock et le country folk. Se faisant, elle se retrouve parfois dans la cour d’autres artistes avec qui elle partageait déjà quelques traits. Les titres pop yéyé comme Danse et danse et Ava rappellent un peu Stéphanie Lapointe, alors que des titres plus « européens » dans le ton, comme Les Amours dévouées, évoquent une certaine époque de la carrière de Vanessa Paradis.

Le duo Loin d’ici (avec Sam Roberts), pièce la plus country du lot, rappelle plutôt le travail au sein du duo Armistice, qu’elle complétait avec son copain de jadis, Jay Malinowski (de Bedouin Soundclash), alors que la pièce de fermeture, La Petite Mort, semble avoir été écrite par Pierre Lapointe tellement la livraison vocale de Béatrice prend les tics de celui-ci.

Ces ressemblances ne relèvent toutefois pas de la copie: on sent plutôt que Béatrice butine, explore des genres communs à ces artistes. À travers cet exercice, c’est la personnalité de Coeur de Pirate, autrefois plutôt timide, qui prend du galon. La décision de la séparer progressivement de son inséparable piano portera sans doute fruit à long terme. Les portes qui s’ouvrent sur Blonde laissent entrevoir de belles choses…

 

Bien entourée

Pour effectuer ces virées dans des contrées jusque-là inexplorées par Béatrice Martin, il fallait une équipe capable de catalyser ses envies de variété. L’album est co-réalisé par Howard Bilerman (du studio Hotel2Tango, fréquenté par les bands indie anglos les plus en vue à Montréal), qui s’est visiblement inspiré de son travail sur l’album de Basia Bulat pour ajouter une saveur subtilement vintage à la pop plutôt léchée et très féminine de Coeur de Pirate.

Pour sa part, Micheal Rault signe des arrangements bien choisis et placés avec finesse dans le mix grâce au tact de Bilerman derrière la console. Béatrice semble d’ailleurs tout à fait à l’aise dans ces tableaux musicaux finement dessinés.

En ce qui a trait aux textes, la thématique centrale demeure la même: les garçons, les garçons et encore les garçons! Rien de très nouveau à ce niveau: les amours et les amourettes viennent et vont, détruisent tout, font un bien fou, etc.

Sa plume s’affine peu à peu, mais il y a bien quelques formules creuses qui se confondent plus facilement pour de la poésie dans le contexte musical que sur papier.

N’empêche, Blonde démontre bien que Coeur de Pirate n’a pas l’intention de faire du surplace, malgré le succès considérable récolté par son premier album et propose une plus belle variété que celui-ci. Un deuxième pas dans la bonne direction pour la jeune artiste, qui semble équipée pour éviter le syndrôme du feu de paille.

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