Coup de coeur francophone 2014 – Jour 4 | Mehdi Cayenne Club et Caltâr-Bateau au Divan Orange

Pas facile de trouver la motivation de sortir tard par un frisquet dimanche soir de novembre. Coup de coeur francophone savait comment s’y prendre : suffit de réunir deux groupes entraînants comme Caltâr-Bateau et Mehdi Cayenne Club sur la scène du Divan Orange, avec un petit buffet de couscous et de tourtière, et le tour est joué.

Un buffet de couscous et de tourtière ?  Oui, madame. Voyez-vous, les membres de Caltâr-Bateau aiment bien se qualifier de « rock tourtière », alors que Mehdi Cayenne Club a adopté l’étiquette « couscous punk ». Alors pourquoi pas prendre les spectateurs par le ventre en exploitant ces petits sobriquets rigolos au pied de la lettre…

Photo par Marc-André Mongrain.

Photo par Marc-André Mongrain.

 

Alors ça sonne comment, du « rock tourtière » ?   Si on se fit au son de Caltâr-Bateau, c’est un mélange de pop, de funk et de rock progressif, avec des épices un peu hippie et des effluves de Harmonium.

Ils sont six – deux filles, quatre gars – et produisent une musique accrocheuse et rythmée avec une instrumentation assez variée, employant parfois du violoncelle et du saxophone. C’est sympathique, relativement varié et les musiciens font tous du bon travail à leur instrument, surtout Étienne Dupré, à la basse.

La sono du Divan Orange ne permettait pas de capter les textes adéquatement, mais la voix d’Alexandre Beauregard est plutôt convaincante. Les prouesses vocales un peu soul d’Alex Guimond font aussi bon effet auprès de la foule. Elle sait manier le chant, la jeune dame.

Ils n’ont pas encore l’aplomb d’un groupe chevronné, mais ça viendra. Dans l’ensemble, une belle découverte.


Une rockstar nommée Mehdi

Photo par Marc-André Mongrain.

Photo par Marc-André Mongrain.

Suivait Mehdi Hamdad et son Mehdi Cayenne Club, en formule trio avec François Gravel et Olivier Bernatchez.

Si le deuxième album du groupe – Na Na Boo Boo, paru au printemps 2013 – témoignait d’une plume originale et d’un groove contagieux, l’interprète en Hamdad pète le feu et éclipse son (pourtant très bon) disque.

Le nom du groupe n’est pas un bon indicateur de son approche musicale, pas plus que son étiquette-à-la-blague de « couscous punk ». Loin d’être worldbeat (ou punk), c’est en fait très québécois (et sympathique). Pour donner une idée, sur scène, il rappelle un mélange entre Jean Leloup et Martin Léon, un peu plus rock’n’roll et moins imprévisible.

Il danse avec abandon, chante avec passion (et justesse) et assume pleinement son art, tout en incluant le public à son trip. Il manie l’humour aussi, alternant de l’attitude rock-star-je-me-la-pète à l’auto-dérision totale, présentant notamment son spectacle comme une « grande rétrospective » de sa glorieuse carrière qui « cartonne en Papouasie, en Guyane et à Rouyn-Noranda ».

Il sait aussi se faire touchant, et poétique, comme en témoigne ces strophes récitées entre deux chansons :

Nous bâtissons une cathédrale
avec nos mains instrumentales.
Pour se dire les mots que l’on n’a pas su se dire, puis les oublier.
Pour ne pas peindre le monde avec notre ignorance.
Il n’y a personne à qui répondre. Nous gardons le silence
comme un habit de laine ensoleillé. Nous réinventons le sens

pour faire vibrer à fière allure
nos mains gauches qui esquissent une danse infinie.
Tombée du ciel comme une croyance un jour de pluie.
Nous bâtissons une cathédrale
avec nos cahiers à spirales.
Alors faites sonner les cloches.
Il n’y a pas de sot métier.
Nous faisons feu de tout bois.
L’aube sera notre encrier.
Sa chaleur garde nos chansons à l’endroit.
Et les livres se lisent à sa lueur.
Et ce lieu est à tous comme un ciel ouvert.
Et nos prières sont des dessins d’enfant.
Et nos scribes sont des pissenlits.
Et nos lits sont des croissants de lune.
Et la lune est dans nos yeux.
Et dans nos yeux la messe est dite.

Pas mal, hein ?  On est loin du simpliste « Vous êtes là, Montréaaaaaal? »…

 

Du neuf

Ses chansons, courtes et efficaces, font flèche de tout bois et prennent un nouveau sens, une vigueur supplémentaire aux versions endisquées. Un nouveau disque est d’ailleurs dans les plans, possiblement pour le printemps prochain. Le Mehdi Cayenne Club nous en a d’ailleurs partagé quelques extraits, dont Ta Solitude, qu’il nous avait interprétée en direct dans les studios de CIBL 101,5,  vendredi soir dernier.

Au terme d’une soixante de minutes, Mehdi a conclu avec une belle surprise : une reprise de Collé collé de la Compagnie Créole, avec les membres de Caltâr-Bateau qui le rejoignent dans cette belle folie.  Un clin d’oeil ludique, sans être racoleur.

Du gros plaisir.

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