crédit photo: Gabriel Germain
Cabaret Tangente - La Grande Messe

Cabaret Tangente – La Grande Messe | Quand danse contemporaine et néoburlesque se rencontrent…

Pour conclure sa saison 2021-2022, Tangente propose un cabaret pour le moins inusité, où le néoburlesque et la danse contemporaine se fusionneront pour créer une soirée dite « festive, sensuelle et engagée ». Telle est la prémisse du Cabaret Tangente – La grande messe, présenté à l’Édifice Wilder du 15 au 18 juin 2022. On en a discuté avec la commissaire et responsable de la programmation de Tangente, Laurane Van Branteghem, et l’artiste Nanah Postel, qui animera la soirée.

Le néoburlesque et la danse contemporaine représentent deux des scènes montréalaises les plus foisonnantes. Mais la rencontre des deux demeure intrigante.

À travers huit numéros imaginés par quatorze artistes, la soirée cabaret, qui se veut dansante et queer-friendly, risque de faire découvrir aux adeptes des deux scènes l’une et l’autre.

Pour Tangente, diffuseur de danse contemporaine émergente installé à l’Édifice Wilder, l’idée était « d’ouvrir l’espace, de désacraliser la boîte noire, nous raconte Laurane Van Branteghem. Ce qui m’intéressait à travailler avec le burlesque, c’est comment présenter des corps de nouvelles manières, comment la sensualité peut être évoquée différemment. L’humour, on en voit un peu dans les pratiques contemporaines, mais ça s’intègre d’une façon différente. »

La rencontre avec Nanah Postel a aussi fait ressortir un autre besoin : la professionnalisation du burlesque.  « Tangente est notre tremplin pour nous aider à pouvoir faire des demandes de subvention », admet candidement Nanah.  Au fil de sa formation en profil création au Département de danse de l’UQAM, Nanah sentait déjà l’attrait pour le burlesque et en intégrait les codes dans sa pratique. « Quand je faisais ça, c’était pour la blague, mais j’aimais beaucoup ça. Je l’intégrais dans mes chorégraphies, mais avec parcimonie, parce que c’était encore moins reconnu [qu’aujourd’hui]. » Mais pour ce cabaret présenté en juin, « le fait d’être chorégraphe et performeuse peut apporter un petit plus. »

La scène burlesque n’est pas reconnue par les bailleurs de fonds, et ce projet permet non seulement de financer un spectacle pour ce milieu sous-estimé, mais aussi de créer un précédent sur lequel on souhaite bâtir. « Sans Tangente, on n’aurait jamais pu y arriver, admet Nanah. C’est une chance incroyable. On se le dit pas mal tous les jours : c’est une occasion d’être reconnus, appréciés, et de rayonner, pas seulement au Québec, mais ailleurs. »

Il faut savoir que Montréal est la meilleure place de burlesque dans le monde entier. On a quelque chose de fort à tenir, et il faudrait l’utiliser. Parce que ça ramène énormément de monde de l’extérieur.

Des artistes seront jumlé.es : la drag Bobby Ananass et la danseuse spécialisée en danses de rue (waacking et hip-hop) Krystina Dejean, l’interprète Manuel Shink et Bunny Valentin, Rock Bière et l’artiste de danse queer, juive, sex-work-positive Maxine Segalowitz, Rosie Bourgeoisie et le Collectif NU.E.S, Lady Josephine et l’artiste multidisciplinaire Audrée Lewka.

D’autres préparent des numéros en solo, comme Dana Dugan ou Celesta O’Lee.

Deux approches de la nudité

La scène burlesque est souvent décrite comme étant « l’art de l’effeuillage » : l’acte de se dévêtir, avec humour, autodérision, mais aussi de manière subversive.

Un spectacle burlesque comporte la notion de retirer des vêtements.

En danse contemporaine, la nudité est souvent abordée de façon plus crue, et présentée comme telle. « En danse, il y a de la nudité très souvent, mais on est moins dans cette célébration du corps, admet Laurane Van Branteghem. Et pourtant, en burlesque, tout tourne autour du tease, mais pas tant de la nudité officiellement ! »

Le burlesque embrasse l’aspect ludique de sa pratique.  La danse contemporaine, elle, tente de « penser le divertissement autrement ».

Nanah Postel rapplique. « Les performeurs sur scène passent un bon moment. Ils se mettent en valeur dans leur nudité. Et ils se moquent d’eux-mêmes, ou s’autosubliment. Mais on est plus dans le plaisir. Même s’il y a toujours cette idée d’avoir un message à faire passer, c’est très important. L’humour et la nudité supportent le message qu’on passe, de manière divertissante. »

Le défi sera tout de même considérable de présenter un tel spectacle chez Tangente, puisque l’Édifice Wilder revêt un certain cachet plus corpo. « En burlesque, les shows sont souvent dans des bars, tu bois un coup, tu viens avec des amis ou un.e date et tu passes un moment coquin », souligne Nanah.

Elle spécifie toutefois que cet aspect a été réfléchi pour La grande messe. « Tangente fait en sorte qu’il y ait une mise en scène pour que les gens se mettent à l’aise. Il va y avoir des bars, des petites stations pour créer une atmosphère, une ambiance cabaret. Ma crainte, c’est plus les silences, mais on va les préparer ! Rien n’est insurmontable ! C’est excitant ! »

Nanah Postel animera le spectacle, en duo avec Bunny Valentin, qu’elle décrit comme son stage rabbit ! « Il y a ce rôle dans le burlesque de stage kitten. Cette fois-ci, ce sera un stage rabbit. C’est une personne qui passe ramasser les vêtements après les numéros. C’est celui qui va soutenir le host. »

Ça promet !

La grande messe est présentée du 15 au 18 juin à l’Édifice Wilder, rue Bleury à Montréal. Le spectacle débute à 20h30, et est suivi d’une soirée dansante à 22h. Le vendredi 17 juin, on invite les spectateurs à venir « paré·es de vos plus beaux atours pour épater la galerie » et à « sortir vos paillettes, dentelles et latex et de vous emparer de la piste de danse ». Détails et billets par ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec Tangente.

 

Écoutez aussi ce balado de la série Par les temps qui dansent au sujet du néoburlesque en danse contemporaine :

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