Cyndi Lauper

Critique | Cyndi Lauper au Métropolis de Montréal

Il y a trente ans déjà, une excentrique jeune chanteuse américaine perçait sur la scène internationale avec un album pop qui allait grandement contribuer à définir une époque : un microsillon intitulé She’s So Unusual. Trois décennies plus tard, une Cyndi Lauper nouvellement sexagénaire revisitait le contenu de ce disque culte sur la scène du Métropolis, devant un public gonflé à bloc pour une expérience qui s’annonçait purement nostalgique.

Sans tambour ni trompette, la chanteuse s’est pointé sur une scène relativement dépouillée de tout artifice (à l’exception d’une immense boule disco) aux côtés de ses cinq musiciens, avec sa chevelure rouge écarlate, ses petits botillons et son costume de cuir aux pattes effilochées.

Photo par Richard Mercier.

Photo par Richard Mercier.

Décidément, l’élégante dame platine qui était venue nous présenter son album blues au Festival de Jazz en 2010 était en mode tigresse cette fois. On s’est refait une petite jeunesse pour la tournée revisitant le tout premier album solo, ça augure bien.

« C’est la tournée She’s So Unusual, alors on va jouer tout l’album tel qu’il a été enregistré. Comme me disait mon fils : ‘Let’s make some noiiiiiise !’ ».

La prestation a commencé sur les chapeaux de roue avec Money Changes Everything, bien étirée afin de permettre à Lauper d’y aller de quelques prouesses vocales. À la voir à genoux à s’époumoner, on aurait cru que c’était déjà la fin du concert tant l’intensité était au maximum. Ce n’était pourtant que le début.

Suivait Girls Just Wanna Have Fun, classique s’il en est un. Chantée à l’unisson par 2300 fans, évidemment. Lauper peinait à rejoindre le registre haut de la chanson, mais rien pour atténuer l’effet boeuf de cette bombe sur la foule.

La soirée se poursuit avec When You Were Mine, chantée en partie à quatre pattes, puis Time After Time, probablement la moins réussie de la soirée. Tant au niveau du tempo que de la basse tonalité, la chanteuse semblait un peu perdue, un peu off lors du refrain en harmonie avec Rob Hyman, son complice avec qui elle avait composé le hit en question, et qui l’accompagne sur cette tournée à titre de claviériste.

 

Placotons avec Cyndi

Après quatre chansons – l’album n’en contient que dix – le temps était venu pour la première d’une série de loooongues anecdotes, toujours divertissantes tout de même. Elle souligne d’abord l’influence du son de caisse claire de Men Without Hats sur l’une de ses chansons, avant d’introduire She Bop comme « une chanson qui m’a mise dans le trouble, mais je la trouve bonne quand même ».  Pour ceux qui l’ignorent : She Bop traite de masturbation féminine.

Photo par Richard Mercier.

Photo par Richard Mercier.

Plus tard, elle raconte avoir donné le tout premier show de sa carrière solo devant 14 personnes, puis d’avoir ouvert pour The Kinks devant 10 000 spectateurs… qui lui lançaient des pièces de monnaie et des cigarettes allumées sur scène. Elle se rappelle s’être fait huer en jouant la courte He’s So Unusual au ukulélé, expérience perturbante jusqu’à ce que le coloré Captain Lou Albano lui apprenne que se faire acclamer ou conspuer par 10 000 personnes, c’est du pareil au même.

La deuxième moitié du concert était un peu plus terne que le début du concert, tout comme la face A de She’s So Unusual est plus dynamique que la face B. Lauper et ses musiciens terminent tout de même le tout en beauté avec Yeah Yeah.

Après un « c’était l’album She’s So Unusual » laconique, la troupe a tout simplement quitté avant de revenir pour un rappel de cinq chansons, à commencer par The Goonies ‘R’ Good Enough, single lancé peu après la parution de She’s So Unusual, qui figurait sur la trame sonore du film The Goonies.

S’ensuivirent Shine, tirée de l’album du même nom paru au début des années 2000, ainsi que la version dance de Sex Is In The Heel, du spectacle Broadway Kinky Boots.

« Je termine toujours avec cette chanson, parce qu’elle est porteuse d’espoir et les gens l’adorent », laisse-t-elle entendre avant d’entamer True Colors en duo avec Hyman. Superbe interprétation de la chanson titre du deuxième album, devenue au fil du temps un véritable hymne pour la communauté gaie.

Sur le coup du moment, la chanteuse est revenue sur scène afin de proposer une jolie version a cappella d’I’m Gonna Be Strong, avant de quitter pour de bon.

Bien qu’imparfaite sur le plan vocal (et truffée d’interventions un peu trop longues), la soirée s’est avérée beaucoup plus qu’un simple exercice de nostalgie glorifiée. La prestation de Cyndi Lauper faisait à la fois honneur à l’album de jadis et à l’artiste d’aujourd’hui.

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Grille de chansons

1. Money Changes Everything
2. Girls Just Want to Have Fun
3. When You Were Mine
4. Time After Time
5. She Bop
6. All Through the Night
7. Witness
8. I’ll Kiss You
9. He’s So Unusual
10. Yeah Yeah

Rappel
The Goonies ‘R’ Good Enough
Shine
Sex Is In The Heels (version dance)
True Colors
I’m Gonna Be Strong (a cappella)

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