
Festival Fono 2025 – Jour 3 | Une dernière soirée rythmée entre nostalgie, intensité et flamboyance
Il y a des fins de festival qui s’impriment dans la mémoire par l’énergie partagée, par la diversité des univers musicaux et par la manière dont le public répond présent, malgré quelques accros organisationnels. Hier, le 13 septembre, la troisième et dernière journée du festival Fono a rassemblé des milliers de festivaliers sur le campus où se dresse la scène Geneva et ses voisines. Entre les légendaires Les Trois Accords venus remplacer Charlie Puth au pied levé, l’authenticité sombre de Renforshort, le reggae solaire de MAGIC! et la flamboyance irrésistible de Lu Kala, la soirée s’est déployée comme un patchwork de couleurs, de rythmes et d’émotions. Retour sur la finale contrastée d’un festival encore jeune, mais qui peine à convaincre tous ceux qui avaient payé le gros prix pour y assister.
Les Trois Accords: le triomphe de la substitution
Annoncé comme un remplacement de dernière minute à Charlie Puth, le passage de Les Trois Accords aurait pu décevoir. Il n’en fut rien. La foule, loin d’être contrariée, s’est entassée devant la scène Geneva dans une ambiance survoltée. On aurait presque dit que l’attente se transformait en cadeau inattendu. Dès les premières notes, une évidence s’est imposée: Simon Proulx n’a pas pris une ride. Avec son éternel air gamin, sa guitare accrochée au cou et son entrain contagieux, il a prouvé que l’humour et la dérision de ses chansons vieillissent aussi bien que lui.
Sous un éclairage mauve enveloppant qui habillait la scène de reflets électriques, le groupe a revisité ses classiques avec une assurance joyeuse. Les spectateurs, eux, n’ont pas manqué de donner de la voix, notamment lors de l’incontournable Dans mon corps (2009). On entendait les refrains repris en choeur par des milliers de voix qui semblaient connaître les paroles par coeur, comme si ce morceau était une part indissociable de la mémoire collective québécoise.
Entre les blagues légères, les riffs accrocheurs et la complicité des musiciens, Les Trois Accords ont transformé ce qui aurait pu ressembler une déception en moment de liesse. Ce soir-là, sur le campus transformé en véritable ruche humaine, la pop-rock déjantée du groupe a rappelé à tous qu’il reste une valeur des grandes scènes.
Renforshort: la sincérité à fleur de peau
Sur une autre scène, plus tôt, un univers bien différent a pris forme avec l’arrivée de Renforshort. Tout de noir vêtu (chandail, jupe et collant), la chanteuse canadienne s’est présentée avec une élégance sobre, ses cheveux noirs rassemblés en un simple chignon. Elle était accompagnée d’un guitariste et d’un batteur, dans une configuration minimaliste qui laissait toute la place à sa voix et à sa présence scénique.
Après sa première chanson, elle a lancé avec assurance: « Quebec City, what’s up? », avant de s’excuser en riant de son français « pourri » et de tenter un timide « Québec, ça va? ». Cette gêne charmante suffi à établir un lien avec la foule, composée en grande partie de jeunes adultes visiblement curieux de découvrir cette voix montante de la pop alternative.
Au début, l’espace devant la scène restait clairsemé, mais peu à peu, les spectateurs se sont rapprochés, happés par sa fragilité assumée et son intensité. Les titres Pretend You Like Me et You’re The One ont résonné avec force, provoquant des cris enthousiastes et des téléphones brandis pour immortaliser l’instant. On sentait que pour plusieurs, ces chansons étaient déjà des hymnes personnels, des refrains associés à leurs propres histoires d’amour et de désillusion.
Renforshort n’a pas besoin d’artifices, sa force est dans la sincérité, dans cette façon de rendre palpable ses émotions en quelques accords et en quelques phrases. À Fono, elle a offert un moment suspendu, fragile et beau, prouvant que même un festival parfois critiqué pour son côté « trop cher payé » peut livrer de vrais instants de grâce.
MAGIC! : le charme d’un reggae-pop sans détour
À l’heure pile, la scène Geneva s’était plus tôt illuminée d’un grésillement de lumières, annonçant l’arrivée du groupe MAGIC!. Le guitariste est apparu en premier, suivi par le chanteur, vêtu de noir. Pas de longs détours, dès les premières minutes, le chanteur a demandé à la foule de claquer dans ses mains. Et la foule a embarqué, comme happée par l’évidence d’une musique conçue pour rassembler.
Si MAGIC! n’a pas réinventé la formule, il l’a déployé avec conviction. Les refrains accrocheurs et les rythmes solaires rappelaient les grandes heures où le groupe faisait danser la planète avec ses premiers succès. Ce n’était pas le moment les plus éclatant du festival, mais c’était une parenthèse légère et rassembleuse, le genre de performance qui s’écoute sans résistance, comme un plaisir coupable assumé.
Dans une journée où l’on passait d’un univers à l’autre, MAGIC! a offert un intermède rassembleur, simple et efficace.
Lu Kala: flamboyance et magnétisme
Avant Magic, c’est Lu Kala qui avait littéralement électrisé la scène. Impossible de passer inaperçue: haut et jupe aqua très courte sur une culotte et un bustier pailleté, cheveux orange éclatant, longs ongles roses, bottes grises métalliques, micro rose, fond d’écran rose flash. Elle incarnait une esthétique flamboyante et assumée, entre pop star glamour et icône futuriste.
Au milieu du spectacle, elle a lancé un énergique: « I want a see your moving ». La foule, déjà en effervescence, a redoublé d’énergie. Ses chansons comme Who’s Gonna, Hotter Now et Lottery ont fait vibrer l’espace d’une sensualité assumée, mêlant danse, puissance vocale et charisme magnétique. Sexy sans jamais perdre en authenticité, elle habitait littéralement chaque recoin de la scène.
Elle a terminé sa prestation en lançant un simple « Be-Bye », aussi spontané qu’attachant, laissant derrière elle une traînée d’énergie rose fluo. Lu Kala a été sans conteste la révélation flamboyante de la soirée, une artiste qui ne fait pas qu’interpréter ses chansons, mais qui les incarne de tout son être.
Si cette dernière journée du Festival Fono a offert de grands moments musicaux, elle a aussi mis en lumière des irritants. Plusieurs festivaliers ont exprimé que le prix d’entrée paraissait démesuré pour ce qui ressemblait d’avantage à un gros show sur un campus qu’à un véritable festival. Et le fait de diffuser des publicités sur les écrans géants, avec le son, entre les prestations, a donné une impression bon marché qui contrastait durement avec l’ambition affichée.
Fono a encore du chemin à faire pour s’imposer comme un incontournable de la scène musicale québécoise. Mais dans les sourire des fans qui ont chanté Dans mon corps à l’unisson, dans les cris de ceux qui vibraient avec Renforshot, dans les mains qui battaient au rythme de MAGIC! et devant les regards fascinés devant l flamboyante Lu Kala, il y avait quand même quelque chose qui ressemblait à la magie des festivals.
- Artiste(s)
- Festival Fono, Les Trois Accords, Lu Kala, Magic!, Renforshort
- Ville(s)
- Québec
- Catégorie(s)
- Festival, Pop, Rap, Reggae, Rock,
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