crédit photo: Normand Trudel
Le Phoque Off

Phoque OFF 2025 | Les 9 découvertes et coups de coeur de Martin

Depuis dix ans déjà, le Phoque OFF de Québec permet aux groupes émergents de se faire entendre auprès des différents diffuseurs du milieu, par le biais de vitries. Au fil des années, cette formule a permis à des artistes comme Jérôme 50, Hubert Lenoir ou encore Ariane Roy de sortir de l’ombre. Encore une fois cette année, étant donné la quantité phénoménale de performances, notre collaborateur Martin Laverdière s’est fait un point d’honneur d’aller à la rencontre de plusieurs des artistes figurant à la foisonnante programmation. Voici une sélection de neuf artistes qui ont particulièrement attiré son attention. 

La sélection de Martin

Erika Angell (Indie)

La chanteuse et compositrice suédoise Erika Angell vit maintenant à Montréal depuis 2012. À travers ses seize albums, l’artiste est devenue une force poétique audacieuse interprétant une musique qui défie les genres. Angell a publié son premier album solo The Obsession With Her Voice en mars 2024.

C’est devant la salle pleine du Pantoum de la rue Saint-Vallier Ouest que l’hypnotique poétesse minimaliste de l’obscure offre sa prestation ce soir. Tenant plutôt de la performance, la profondeur abyssale d’Erika Angell est rehaussée par la névrotique performance de son chevronné batteur. Les structures progressives de ses chansons pour le moins que l’on puisse dire percutantes, mettent en valeur ses envolées vocales remplies d’effets numériques.

Dans un exercice poétique inédit, Angell invite les spectateurs à improviser avec elle à partir de mots clés: Joy ! Joy!, Life ! Life!, Time ! Time !. Les bras portés au ciel, j’assiste à une séance de défoulement collectif aux allures de grande messe avant-gardiste.

L’ange suédoise interprète une musique qui nous imprègne le corps et l’âme comme des stigmates sensoriels et des tatouages électroniques.

Yoo Doo Right (Rock expérimental)

Le groupe de rock expérimental Yoo Doo Right de Montréal marie guitares bruyantes et trames de synthétiseurs à des lignes de basse lourde et pesante amalgamées d’une section rythmique déchaînée. Il en résulte des œuvres tentaculaires et cathartiques. Puisant son inspiration non seulement du post-rock et du shoegaze, YDR crée de gigantesques pièces monolithes titanesques et rugissantes.

Paru en novembre 2024, leur plus récent album, From the Heights of Our Pastureland est disponible sur les différentes passerelles de téléchargement.

Yoo Doo Right entre en transe sismique dans un crescendo tonitruant dès le début de prestation. Le niveau sonore est tellement puissant et élevé que la formation offre gratuitement des bouchons d’oreilles aux spectateurs. Les vibrations musicales me rappellent les quelques séances de résonance magnétique que j’ai dû subir au fil des ans où toutes les fibres et tissus de mon corps vibrent en même temps à la merci des différentes tonalités interprétées sur scène.

YDR, c’est une expérimentation sensorielle minimaliste et monocorde très percutante. Une expérience en soi!

Angine de Poitrine (Rock)

Angine de Poitrine, cet ésotérique duo de substance burlesque et absurde, est issu d’un autre espace-temps. Le phénoménal vortex sonore hypnotique et syncopé des frères Klec et Khn de Poitrine est inclassable.

Les mutants minimalistes aux grandes tronches de papier mâché ne manquent pas de marquer l’attention avec leur attirail clownesque et complètement loufoque.

Les boucles de guitares microtonales à deux manches, signature sonore officielle du groupe, ne manquent pas d’audace et rappellent légèrement l’univers de Primus.

Ça brasse pas mal au Pantoum en avant-scène pour cette courte prestation d’à peine 30 minutes. J’en aurais pris encore un peu plus afin de mieux connaître les musiciens qui se cachent derrière ces mystérieux personnages.

Saints Martyrs (art-punk)

Saints Martyrs est une formation gothique complètement irrévérencieuse et mystique au discours poétique brutal et engagé. La guitare lourde et pesante couplée aux synthétiseurs sombres et obscurs suit le rythme imposé par la batterie métronométrique et syncopée. Les cris sauvages et incantations lugubres donnent des allures de grande messe noire dans une enceinte qui fut jadis lieu de culte. La Nef se transforme, l’espace d’un court instant, en temple gothique aux allures sataniques alors que le chanteur vomit sa rage devant les pros de l’industrie peu après l’heure de l’angélus. La bouffe de rue, l’alcool qui coule à flots et la station de tatouage rappellent les orgies romaines.

Le grand prêtre du groupe, vêtu d’une soutane noire, ressemble à Darth Vader avec tout l’équipement électronique qu’il porte au thorax. Celui-ci, en cours de prestation, dévoile un autre côté de son personnage en arrachant sa soutane afin de nous dévoiler son attirail BDSM.

L’éclairage est on ne peut plus minimaliste, reposant essentiellement sur des effets stroboscopiques en arrière-scène, une lampe de poche et un seul projecteur rouge placé stratégiquement au-dessus du poète BDSM.

Une prestation coup de poing d’un groupe qui a avantage à développer l’aspect scénique de ses performances. J’ai bien hâte de les revoir !

Mon Doux Saigneur (Indie, Rock, Folk)

Afin de demeurer dans une atmosphère de l’ordre du divin, la formation Mon Doux Saigneur foule les planches immédiatement après les Saints Martyrs québécois. Depuis une décennie, Émerik St-Cyr Labbé façonne le son de Mon Doux Saigneur culminant à la parution en 2024 du quatrième album Du Soleil dans l’Oeil.

L’essentiel du matériel, composé par son collègue guitariste Eliott Durocher-Bundock, défie les formes et les styles musicaux, intégrant le rhythm ‘n’ blues aux accents jazz, pop et rock. Les autres membres de la formation (Mandela Coupal-Dalgleish à la batterie, Cédric Martel à la basse et David Marchand au pedal steel) viennent apporter couleur et textures au matériel.

Les cinq musiciens s’amusent fermement sur scène en développant une belle complicité musicale. Il en résulte une musique inspirée, remplie de finesse et de texture.

BéLi (Pop, Electro)

Arrive en scène BéLi avec sa pop vive et corporelle. Résolument éclectique, j’avais déjà eu l’occasion d’assister à une de ses performances lors de l’édition 2024 de St-Roch XP. De l’artiste de l’ombre insécure qu’elle était, elle s’affirme et explose maintenant sur scène. Elle a fait beaucoup de chemin en si peu de temps!

Son matériel, rappelant Björk, Klô Pelgag et Aurora, démontre une créativité débordante et dynamique rehaussée par l’exceptionnelle qualité de ses musiciens.

Son premier album, XUV, est paru à l’automne sous l’étiquette Duprince.

Lemon Bucket Orkestra (Musique du Monde)

Lemon Bucket Orkestra,groupe original de Toronto vient clôturer le volet prestation de cette belle soirée à La Nef de la rue Saint-Joseph. Mêlant musique slave, balkanique, klezmer et punk, l’ensemble Lemon Bucket Orkestra a performé à travers le monde.

Les neuf chanteurs et musiciens sont venus faire la fête avec leurs amis de Québec. La réponse des pros est des plus festives ce soir et culmine en une fin de prestation dans la salle avec les spectateurs. Le party est pogné solide! « I Like to Move It, Move It… »

BIRRD (Electro)

Petit tour en vitesse au Studio d’Essai de la rue Saint-Vallier Est, histoire d’aller s’imprégner dans l’univers de l’artiste français Birrd.

L’auteur de musique électronique propose une musique aux harmonies cosmiques, créée à l’aide de puissants synthétiseurs afin de faire naître une version toute personnelle de la musique des machines.

Une musique pour bouger et danser dont le rythme inspire la transe corporelle et l’hypnose cérébrale.

Aysanabee (Indie)

Nous rejoignons maintenant au Grizzly Fuzz, sur Saint-Joseph Est, le chanteur Aysanabee, artiste oji-cri récompensé deux fois aux JUNOS et qui vient présenter sa première tournée en tête d’affiche au Canada.

Aysanabee, originaire de la Première Nation de Sandy Lake au Nord-Ouest de l’Ontario, monte sur scène pour partager sa musique et ses histoires dans un style americana  fichtrement bien écrit. Les arrangements mélodiques me rappellent les intonations du groupe Imagine Dragons mais dans un univers musical très différent.

Les quelques chansons qu’il interprète seul à la guitare en fin de prestation démontrent une facette plus personnelle et profonde de l’artiste. De plus, ses talents de chanteur n’ont rien à envier à sa dextérité sur la six cordes.

Aysanabee et ses musiciens terminent leur mini concert parmi la foule, entouré par un cercle fraternel illuminé uniquement par les cellulaires des spectateurs. Un moment magique!

C’est ce qui met fin à ma couverture médiatique de l’édition 2025 du Phoque OFF de Québec. Un festival qui prend du galon et qui se bonifie au fil des ans. Je vous invite donc à découvrir et encourager ces artistes émergeant que le festival nous a permis de voir cette année.

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