crédit photo: Content Content
Men I Trust

Santa Teresa 2023 – Jour 3 | Comme une odeur de printemps

Ce dimanche 14 mai se tenait la dernière de la première des festivals. En cette fête des Mères, Santa Teresa a clôturé sa septième édition avec une programmation mettant pleinement à l’honneur la musique québécoise, ainsi que les artistes féminines.

Depuis le métro Montmorency, un trajet de trois quarts d’heure sur la ligne 9 bien plus bondée qu’à l’habitude, arrivée à 15h30.

Sur la rue Blainville, avec de la musique sortant d’un restaurant adjacent, un constat d’emblée s’impose : Sainte-Thérèse, c’est beau, c’est mignon, c’est propre, ça change de Montréal.

Courte marche jusqu’à la scène Desjardins, entre les cafés, pubs du village, food trucks (nourriture de festival classique : poutine, tacos, sandwichs), terrain de pétanque et même stand de massage ou de vente de plante, un deuxième constat : il fait beau, un peu moins qu’il y a quelques jours (15°C environ), mais assez pour que quelques courageux sortent leur t-shirt!

On apprécie la musique de la jeune artiste Roselle près de la charmante Place du village, qui se situe à côté de la paroisse Sainte-Thérèse-d’Avila, trônant au milieu du site du festival, puis on pose un dernier constat : c’est le début du printemps, les bourgeons se révèlent être de retour et le soleil tape aux visages des festivaliers.

Il est possible de faire tourner des fleurs en bois et d’apercevoir des morceaux de linge séchant sur une corde, jolie touche des organisateurs par rapport au thème. Si une importance capitale est accordée à ce dernier, la sécurité (présence de service médicaux événementiels et d’employés du GRIP) et l’environnement (escouade Vert Teresa) s’avèrent également pris à cœur par Santa Teresa.

Contre toute attente, il y en avait pour tous les âges dans la foule de cette dernière journée de l’événement (pour les petits boutchous, des balançoires restaient accessibles sur le site gratuit comme payant, de même que de plaisants desserts, tels que des Queues de castor ou des crêpes au Nutella, pour les dents sucrées).

Petite mention à Vincent Roberge, alias Les Louanges, en mode festivalier, venu socialiser et surtout, soutenir ses collègues musiciens.

Après une visite du site gratuit du village, place à la musique sur la scène Loto-Québec!

 

Ariane Roy, la révélation

Suivant un DJ set, Ariane Roy, auteure-compositrice-interprète, débute le bal de cette troisième et dernière journée de Santa Teresa.

Proposant une pop agréable à tendance psychédélique (cela existe? Allez savoir), la native de Québec a le mérite de faire danser le public dès le milieu de l’après-midi, entre des séquences jammées déjantées (à se questionner, d’une manière positive : « On est à un show d’Ariane Roy, ou sur un album fucké de Miles Davis? ») ou ses morceaux davantage groovy, comme Quand je serai grande.

Ariane saute, se déchaîne à la guitare, enchaîne sur une danse loufoque durant Banc de parc, afin de voir si « les chakras sont alignés », le tout devant un écran dans le fond de la scène projetant des motifs colorés.

Outre Banc de parc, Le ciel est en place, provenant du même EP, est également joué devant une foule réactive, de même que le morceau Ce n’est pas de la chance, tiré de son album de 2022, medium plaisir.

* Crédit photo : Content Content.

Sa prestation de quelques dizaines de minutes se termine symboliquement : Ariane Roy invite Lou-Adriane Cassidy sur scène, son amie depuis l’âge de 9 ans, chanter Fille à porter.

Un épisode d’amitié, de girl power, de transition vers la performance qui s’ensuit.

Bref, une excellente entrée en matière.

« Un gros merci », peut-on lire sur l’écran dès les dernières notes du concert.

Lou-Adriane Cassidy, rockeuse dans l’âme

Lou-Adriane Cassidy débute son segment à Santa Teresa en interprétant quelques titres de son plus récent album, Lou-Adriane Cassidy vous dit : Bonsoir.

Sans que cela ne s’attribue par sa faute, il faut avouer que le concert n’a pas débuté de la plus belle manière. Une faille logistique amène rapidement un moment étrange dès l’entame de sa performance, obligeant l’artiste à commenter que « ça se peut qu’il y ait d’autres problèmes techniques, mais ça va être le fun pareil, let’s go! », puis à continuer que « c’est un début houleux, mais ça s’en vient de plus en plus ».

Elle n’avait pas tort.

Alors que son acolyte Ariane Roy dégage un penchant plutôt psychédélique, Lou-Adriane Cassidy semble habitée par une énergie davantage rock, à la frontière du heavy metal.

Sous des éclairages stroboscopiques, de la fumée et des séquences de headbanging, la musicienne offre à la foule une version fougueuse de son répertoire, étonnant lorsqu’on écoute les titres studio de celle qui s’était rendue en finale des Francouvertes en 2018.

Des succès comme Poussière ou La petite mort, de son premier album, C’est la fin du monde à tous les jours, seront entendus, pour finalement clôturer avec une interprétation acoustique de Ça va ça va, superbe morceau qui lui aura permis de percer il y a de cela presque six ans, puis avec Ré​ponds.

L’auteure-compositrice-interprète salue le public et les quatre musiciens avant de quitter la scène, non sans avoir partagé qu’elle profite de chaque moment car elle ne se produit pas beaucoup en festival cet été, contrairement à l’année dernière.

* Crédit photo : Content Content.

Petite parenthèse pour féliciter le fait que les seules trois bières vendues par Santa Teresa se révélaient être trois différentes sortes de Dieu du Ciel! : dans la bière, tout comme en musique, le Québec est à l’honneur.

Chapeau.

Milk & Bone, la complémentarité

Le duo électro-pop à succès Milk & Bone suit finalement le pas vers 18h30.

Leur entrée et la mise en scène de leur performance marquent un effet atypique du tandem : face à face et debout en tête d’un pupitre, Laurence Lafond-Beaulne et Camille Poliquin s’adonnent à leur musique singulière, à sonorités électroniques et regorgeant d’harmonies vocales, devant trois toiles transparentes renfermant des parties vertes, rouges et jaunes.

« Ça fait tellement du bien de vous retrouver, vous n’avez aucune idée », lance Laurence, quelques minutes après avoir débuté le concert.

Habillées en noir et blanc, de la manière du Yin et du Yang (un parallèle avec la pochette de l’album nominé au prix Polaris, Little Mourning, pourrait être établi), les deux interprètes n’interagissent toutefois pas énormément avec la foule entre les chansons, à peine une phrase de temps à autre.

Des morceaux de leurs deux premiers albums, notamment Faded ou le très bon Coconut Water, seront joués au cours de la performance, de même que le single Peaches, non sans avoir oublié de mentionner que Laurence Lafond-Beaulne brandit sa basse pour interpréter un segment du concert.

* Crédit photo : Content Content.

Si leurs créations demeurent originales, le manque d’interactions durant le concert et la mise en scène particulière donnent l’impression que Milk & Bone s’ambiance à deux, mais pas avec le public… Dommage.

 

Clay and Friends, party time!

Cette bande de joyeux lurons talentueux du nom de Clay and Friends monte sur scène pour une petite heure, alors que l’un des membres du groupe lève sa bière vers le public en arrivant, annonciateur de l’esprit divertissant de la suite.

Sans attendre une seconde de plus, les premières notes d’OMG sont jouées, Mike Clay se permettant un solo de trompette au cours de la chanson.

La vibe chill, le bon mood, excusez les anglicismes, caractérisent pleinement la formation derrière la Musica Popular De Verdun, que ce soit dans leur musique funk, leur façon de se produire sur scène, de parler.

« C’est la première de la saison, et ça fait du bien », répète Mike Clay entre deux morceaux.

Le meneur de Clay and Friends se détache du lot comme étant un artiste drôle et charismatique, qui joue aisément avec le public. « Deux choses importantes aujourd’hui, boire de l’eau, et appeler sa momz!», informe Mike Clay.

« Je savais que Santa Teresa c’était des bonnes personnes, you know what I’m saying », continue le chanteur, après que la majorité du public ait levé la main suite à sa question « Qui a appelé sa momz? ».

* Crédit photo : Content Content.

Des chansons récentes seront interprétées (Cardin, CNQDL, de leur album AGUÀ EXTEND’EAU, ou encore Moneytree, parue il y a à peine deux mois), et de plus vieux succès de même (Name on It), sans jamais perdre un instant ce groove, cette humeur second degré et ce trio de langue (français, anglais, espagnol) utilisé pour chanter.

Mention à Adel Kazy, dit « Poolboy », auteur de plusieurs segments de beatbox complètement déments durant la performance du quintette.

Nouvelle preuve de l’aisance scénique de Mike Clay, la performance se termine dans un esprit intégral de fête collective : l’artiste fait chanter différentes parties en simultané par les garçons et les filles, suggère à la foule d’aller à droite, à gauche, et ainsi de suite, puis parvient à faire baisser et lever le public d’un coup sur Going up the Coast, en le faisait entonner des « na na na » en boucle.

Coup de cœur personnel de la soirée, à écouter de toute urgence si ce n’est pas déjà fait.

Men I Trust, la cerise sur le gâteau

Autre coup de cœur absolu – oui, il y en a deux –, la tête d’affiche de cette fin de semaine à Sainte-Thérèse, la formation d’indie internationalement renommée Men I Trust, qui cumule plus de sept millions d’auditeurs mensuels sur Spotify.

Musicalement, ce sont les meilleurs de la journée, il n’y a pas l’ombre d’un doute sur ce propos, et bien qu’il ait été légitime de se demander si une musique aussi calme soit adaptée à un festival du style, l’ambiance mystérieuse installée par le trio de Québec a rapidement su démentir les plus sceptiques d’entre tous.

À la suite d’une entrée manquée, d’un « preshow » dans propres mots, Emmanuelle Proulx accède à la scène Loto-Québec et chante accompagnée de quatre autres musiciens les morceaux qui ont su procurer le succès au trio par le passé, et encore aujourd’hui.

Il y a quelque chose d’envoûtant dans leur musique. C’est peut-être la douce voix d’Emmanuelle, les arrangements distincts, cette sonorité indie que personne d’autre n’arrive à reproduire… Quoi qu’il en soit, il y a bien ce quelque chose d’envoûtant, d’indéfinissable.

Le groupe déclarait il y a quelques jours dans La Presse qu’il désirait jouer des versions différentes de celles enregistrées en studio « afin de mieux adapter l’intimité de [sa] musique à des salles plus grandes, tout en étant fidèle à l’esprit des originales ».

C’est chose gagnée.

* Crédit photo : Content Content.

Le groupe propose des interprétations variées de son répertoire : le clou de leur passage à Santa Teresa, d’un point de vue personnel, consiste au medley d’Oncle Jazz, avec le dessin de l’album sorti en 2019 perceptible en arrière-fond ainsi que les transitions musicales, et dans l’éclairage, totalement maîtrisées.

Emmanuelle termine avec d’innombrables mercis, puis le groupe quitte la scène, avant de la regagner une trentaine de secondes plus tard.

« You’re listening to Radio Men I Trust », en référence à l’intro d’Oncle Jazz, entame la chanteuse, en rappel.

Le groupe joue le succès planétaire Show Me How, puis clôture cette sixième édition de Santa Teresa avec Say Can You Hear.

Le décor est enchanteur : on aperçoit la paroisse dans une craque entre un bâtiment et la scène, la température demeure parfaite, et le ciel apparaît d’un tendre bleu-noir à faire rêver les romantiques d’un millier de nuits sous les étoiles qui les attendent cet été.

On comprend que cette horrible saison qu’on appelle l’hiver semble bel et bien derrière nous.

Enfin, j’aimerais dire.

Événements à venir

Vos commentaires