crédit photo: tirée de la webdiffusion du Ministère
Razalaz

Razalaz au Ministère | Entre jazz, funk et dérision, le party prend avec le groupe d’Olivier Salazar

Olivier Salazar nous présentait lundi soir le dernier album de son projet Razalaz, intitulé Jungle givrée, aux accents funk et jazz qui mélange énergie et contemplation avec une touche de dérision jamais bien loin. Le tout a été défendu avec une grosse formation de quatorze musiciens dans un Ministère complet.

Razalaz est donc le projet d’Olivier Salazar.

Salazar / Razalaz, vous l’avez?

C’est un jeune musicien reconnu pour ses talents au vibraphone et aux claviers. Il a notamment joué avec Louis-Jean Cormier, Diane Tell, Jacques Kuba Séguin, Le couleur, Urban Science, The Brooks et le projet Lucioles de Guillaume Martineau, pour n’en citer qu’une poignée.

Jungle givrée est le deuxième album de la formation, qui fait suite à Océan sucré sorti en mai 2019. La réalisation en a été assurée par Olivier Salazar ainsi qu’Alexandre Lapointe (aussi bassiste avec the Brooks, Drogue) et François Jalbert (aussi guitariste avec Little Misty, Yannick Rieu, dans un excellent duo avec Jérôme Beaulieu…) Le disque sort sur l’étiquette Dièse Onze Jazz Club & Records, dirigé par Gary Tremblay et Émile Chiasson, les piliers de l’incontournable club de jazz sur Saint-Denis, le Dièse Onze.

C’est tout de même un bel exploit d’avoir réussi à remplir le Ministère un lundi soir, ce qui a permis aussi à bien des musiciens de la scène montréalaise de venir en ce jour de relâche pour la plupart. Avec quatorze musiciens présents, il a été nécessaire d’allonger la scène pour faire tenir tout ce beau monde. Olivier Salazar se retrouve sur un prolongement, bien à l’avant avec son vibraphone et ses claviers.

Après une longue attente, le concert commence enfin avec l’arrivée de la section rythmique, rapidement rejointe par les quatre cuivres et Salazar qui passent par l’entrée principale, avant d’être rejoint par le quatuor de cordes. On remarquera les tenues agencées de la formation, quelque part entre pimps et touristes sud-américain.

Avec Trouver la raison pourquoi, Salazar nous ressort une antique talk box, l’effet qui module le son suivant les mouvements de la bouche, appliquée ici à ses claviers. Oui le même effet rapidement devenu insupportable dans les années 70 à cause du titre Do You Feel Like We Do de Peter Frampton. Ces derniers temps, on remarque que l’effet revient en grâce mais intégré de façon bien plus musicale et subtile – et sans solo de guitare interminable.

Après quatre titres, c’est la première intervention d’Olivier Salazar pour présenter le projet et c’est avec beaucoup d’émotions et quelques sanglots refoulés qu’il remercie les nombreux spectateurs de s’être déplacés. Mais son côté volubile revient rapidement et il nous conte diverses anecdotes tout au long de la soirée dont celle du bronzage napolitain (titre d’une des pièces de l’album) : imaginez un homme roux à la peau claire en speedo qui prend trop de soleil et qui se retrouve avec trois teintes de bronzage sur le corps…

Saveurs métissées

Razalaz, c’est un mélange des origines chiliennes et québécoises, un croisement entre ambiances sud-américaines, jazz et du funk. Quelques danseurs s’invitent rapidement au devant de la scène et même si ça bouge plus tranquillement dans la salle, on y retrouve de gros sourires ravis. Visiblement, la musique a rejoint le public.

Parmi les diverses interventions musicales, on notera les solos d’Andie King à la trompette et d’Alex Francoeur au saxophone ténor, ainsi qu’un solo bien senti du toujours impeccable François Jalbert à la guitare. Il y a aussi diverses facéties du groupe qui ponctuent brièvement le concert, comme un pitonnage effrénée de pédales, un « Nacho » en cri de ralliement sur le titre Nacho Tortuga ou certain habillage sonore sur les anecdotes d’Olivier Salazar. Ça joue sérieusement mais avec dérision!

Les titres sont présentés dans l’ordre du disque et se terminent logiquement avec Slow Living où le compagnon de tournée de the Brooks, Alex Lapointe, prend la basse. La chanteuse Nadia Baldé apparaît sur le bar et nous met à terre avec sa voix puissante et chaleureuse.

Dans une ambiance très caliente, aussi bien sur scène que dans la salle, les quatorze musiciennes et musiciens ont su présenter l’album Jungle Givré avec toute sa chaleur et sa puissance, avec bonne humeur et dérisions de bon goût. Razalaz prouve ce soir qu’elle est une formation importante de la scène montréalaise et confirme tout le bien que l’on pensait déjà d’Olivier Salazar.

Si vous avez raté le concert, il y a une séance de rattrapage ce mercredi soir, 7 décembre, au Dièse Onze, avec une formation réduite de 7 musiciens et en invité Marie-Christine Depestre et Alan Prater.

Notre rédacteur en chef Marc-André Mongrain a également réalisé une entrevue vidéo d’une quinzaine de minutes avec l’artiste, qui était présentée en introduction de la webdiffusion du concert de lundi soir. Cette entrevue sera bientôt rendue publique sur les réseaux sociaux de Plaque tournante, l’émission web dans le cadre de laquelle l’entrevue était réalisée.

Musicien.ne.s :

  • Olivier Salazar : claviers, vibraphone, compositions
  • Andy King : trompette
  • Christopher Kerr-Barr : trompette
  • Alex Francoeur : saxophone ténor
  • Patrice Luneau : saxophones baryton, ténor et alto
  • Annie Gadbois : violoncelle
  • Ligia Paquin : alto
  • Chantal Bergeron : violon
  • Élise Paradis : violon
  • François Jalbert : guitare, synthé
  • Émile Farley : basse électrique
  • Phil Beaudin : percussions
  • Noam Guerrier-Freud : batterie

 

Grille des titres

  1. Chercher le trouble
  2. Interturlude
  3. Bronzage napolitain
  4. Trouver la raison pourquoi
  5. Weird Wine
  6. Nacho Tortuga
  7. Déjeuner nocturne
  8. Poème musical
  9. Gin Jazz
  10. Slow Living

 

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