crédit photo: Thomas Mazerolles
Nättefrost

Messe des Morts XI – Psaume I | Variations blasphématoires

Du war metal de Blasphemy au black’n’roll de Nättefrost en passant par le métal noir de Délétère ou les hymnes païens de Horn, cette deuxième soirée de la Messe des Morts 2023 n’a pas baissé d’intensité, dans un Théâtre Paradoxe bien rempli et au mosh-pit grandissant. Voyant également les performances de Afsky, One Master et Ethyl, les cris et décibels ont résonné sous le grand plafond de l’ancienne église.

Ce Psaume I était introduit par le black metal cru et lancinant des nord-côtiers de Ethyl, side-project de l’un des membres de Neige éternelle, nous emmenant dans de tristes et sombres hivers imbibés de boisson et de mélancolie.

S’ensuivait les Américains de One Master, de retour au festival pour présenter leur dernier opus, The Names of Power, dans un registre encore assez hypnotisant, parfois répétitif, mais bien exécuté par de bons musiciens, en transe avec leurs compositions.

Place aux Allemands de Horn dont c’était la première apparition de ce côté de l’Atlantique, un groupe prolifique qui possède une discographie bien remplie avec une dizaine d’albums. Horn ne se produit pas si souvent en concert, ce qui rend leur apparition montréalaise encore plus exceptionnelle. Et si ce n’est pas un groupe qui tourne beaucoup, Horn délivre pourtant une superbe prestation, défendant son pagan black metal avec brio. Les guitares sonnent bien, mettant en valeur les riffs mélodiques et les hymnes épique du groupe, diablement entraînants sur scène, faisant lever les poings dans les airs à une salle très bien remplie.

La horde de métal noir Délétère prend la suite, et fait les choses en grand pour célébrer la sortie de l’album Songes d’une Nuit Souillée. Tout comme Seth la veille, Délétère fait l’excellent choix de projeter la pochette de l’album directement sur le chœur en bois de l’ancienne église. Des croix de Saint-André voient des filles se faire attacher pendant que le groupe présente ses pièces, faisant aussi la différence avec un chœur de quelques chanteurs dans un coin de la scène, ajoutant une texture vocale appréciable. Une fois de plus, Délétère s’affirme à la tête de la relève du métal noir, dans la lignée de Monarque et Forteresse.

Autre première, les Danois de Afsky et leur black metal atmosphérique, avec cette griffe scandinave mélodique et un chant cru qui prend une couche de puissance supplémentaire en concert. Le quatuor nous enveloppe dans un éclairage sombre et bleuté où brûlent deux grandes torches, présentant notamment des pièces de Om hundrede år, exécutées par des musiciens irréprochables délivrant une prestation envoûtante.

Il était temps de passer dans un tout autre registre, du Norwegian Rock’n’Roll comme le décrit lui-même le légendaire Nattefrost, de retour à la Messe des Morts après son passage l’année dernière avec Carpathian Forest. Le premier morceau est cacophonique, on ne comprend pas trop ce qui se passe, alors que Nattefrost arbore un étrange masque de porc, en accord avec la subtilité des paroles : on n’est pas là pour de la poésie mélancolique cette fois. Le son se rétablit, le groupe envoie Sluts From Hell et le mosh-pit explose de grand vikings qui s’entrechoquent violemment en glissant sur le sol imbibé de bière. Nattefrost vient d’injecter la piqure de rappel que le punk et le black metal sont intimement liés, envoyant une prestation marquée par les fameux « Ough! » repris par le public. Il se permet même de faire un passage à l’harmonica, de reprendre White Wedding de Billy Idol, puis The Gate Of Nanna de Beherit, bref, une prestation unique et encore mémorable d’un pilier de la scène norvégienne.

Une autre légende très attendue, cette fois canadienne, clôturait ce Psaume I. Lunettes de soleil noires, crânes rasés, bracelets à clous, lumières rouges infernales, Blasphemy investit la scène du Théâtre Paradoxe sous une ovation, envoyant les titres War Command puis Blasphemous Attack. Le groupe n’a sorti que deux albums dans les années 90, mais leur bestialité malsaine fait encore écho aujourd’hui, accentuée par la mauvaise réputation des membres originaux ayant fait des séjours en prison pour divers méfaits. Parfois appelé war metal, leur mélange black/death est sans concession, d’une violence crue et sombre, sans subtilités. Si leur musique chaotique est un peu rébarbative dans un concert d’une heure, il faut reconnaître qu’elle prend une autre dimension sur scène, plus massive, dégageant cette noirceur très crue et sauvage pour conclure en force cette deuxième soirée. Blasphemy se permet de faire un rappel pour terminer avec Empty Chalice et Ritual, des titres encore appropriés dans cet ancien lieu sacré : que le black metal soit !

 

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