crédit photo: Sophie Prophète

Le Festif 2022 | Tonnerre de braise!  

La Covid s’étant invité dans l’été 2022 au Québec, la quasi-totalité de la programmation du Festif de Baie Saint-Paul cette année avait lieu sur des scènes extérieures dispersées aux quatre coins de la ville.  L’avantage du Festif, c’est l’embarras du choix de spectacles. Malgré la foudre qui s’est abattue sur quelques soirées et les annulations covidiennes je vous présente un survol des « choix de Sophie » parmi les scènes inusitées de ce festival hors du commun.  

La scène de la microbrasserie de Charlevoix : un gros carré de sable. 

Côté réinvention cette année, la scène de la microbrasserie de Charlevoix ne donnait pas sa place. Les Hôtesses d’Hilaire ont lancé le bal le premier soir avec un son à faire vibrer la rue Saint-Jean Baptiste au complet. Le chanteur du groupe dans son langage coloré a invité chaleureusement la foule à profiter de l’endroit : « Bon là, n’ayez pas peur de vous asseoir dans la litière à chat ! »  À la suite de quoi il nous a raconté un conte comme prémisse d’une chanson. La foule lui opérait au doigt et à l’oeil. Ce spectacle haut en couleur et en costume m’eut semblé plus approprié pendant le jour vu le ton et l’enthousiasme du chanteur charismatique et l’effort visuel déployé qu’il était dommage de voir dans la noirceur.

* Photo par Caroline Perron.

 

Justement, la programmation du lendemain a permis au groupe Le Couleur avec sa pop énergique de faire entendre ses vers d’oreille au beau milieu de l’après-midi. Avec le soleil qui luisait, l’ambiance était tout à fait appropriée pour aller jouer dans leur carré de sable.   

 

 La scène flottante Hydro-Québec: les poissons gigottent

Fort des prestations des années antérieurs (on se rappelle Bleu Jeans Bleu qui avait fait tout un tabac il y a quelques années), la scène flottante est un must du Festif.

Quoi de plus saugrenu que d’écouter un spectacle assis sur un tube gonflable, les deux pieds dans les airs ou dans l’eau sur la rivière du gouffre.

On a pu voir des gens souffler des flotteurs au rythme de la musique du P’tit Belliveau.

Pendant sa prestation enthousiaste, il était le premier surpris de voir la scène dériver sous ses pieds. (Ça prenait vraiment quelqu’un pour la retenir!)

Mine de rien, écouter un spectacle dans l’eau, ça implique des moments où tout le monde s’arrose dans un chaos total et c’est là où l’aspect « festif » du Festif prend tout son sens.

Excellente idée de programmer le P’tit Belliveau sur cette scène dont la prestation fut un succès absolu. La foule s’est agglutinée sur le pont, les berges, en kayak, en planche à pagaie ou carrément debout dans l’eau.  Y’a qu’au festif où ce genre de chose peut arriver.   

La scène du Quai Bell: place aux dames cette année

Myriam Gendron a parti le bal avec son folk reposant. Presqu’à voix basse, accompagnée brièvement par un clarinettiste, elle a mis la table doucement pour une lignée de musiciennes de grands talents.

Ensuite, Lou-Adriane Cassidy a tout arraché en nous offrant une prestation fort énergique. Sautant littéralement sur scène dès la première pièce, on se demandait comment ça pouvait être plus intense. Au sommet du crescendo de sa prestation, elle s’est dénudée carrément en gardant qu’un maillot deux pièces avec la chanson Entre mes jambes. Chanson assez relax sur l’album mais qui ressemble davantage à une prise de parole revendicatrice en prestation live.

Le show se termine sur un ton apaisant avec son premier succès Ça va, ça va. Rhabillée d’une robe de chambre rouge, on était ici moins dans le rock, plus dans la berceuse avec la foule qui chantait le refrain doucement. Après cette prestation, je considère que cette scène était trop petite pour elle. Un autre constat: c’est probablement notre prochaine Diane Dufresne. On l’aura su au festif de BSP!  

Salomé Leclerc a poursuivi cette enfilade de dames de grands talents, livrant tour à tour ses plus récentes chansons et celles de ses plus vieux albums. En compagnie de son acolyte José Major à la batterie, le vent aussi les accompagnait dans leur envolée musicale. Avec la baie en toile de fond, c’eût été difficile d’obtenir un cadre plus enchanteur et reposant. 

 

Martha Wainwright s’est produite sur la même scène en fin de course dimanche. Au menu quelques pièces « hors curriculum », notamment Dinner At Eight, une reprise de son frère Rufus formidablement interprétée. Une excursion à venise des soeurs McGarrigle qu’elle pratiquait cette semaine-là pour le camp de vacances qu’elle organise au Ursa (sa petite salle intimiste montréalaise).

Or, le moment le plus touchant fut cette reprise bien sentie de Dis, quand reviendras-tu? de Barbara. Dans les choses qu’on ne pensait pas voir au festif : son chien, Zoro, dont l’apprentissage des consignes de base reste à peaufiner. Celui-ci a tenté un « accompagnement » qui a bien su divertir la foule. 

 

La cours à Johanne : une « corde à linge » pour tous les goûts 

Dans la cour de ladite Johanne, une belle scène ombragée a accueilli plusieurs artistes dont Malaimé Soleil. Le groupe chouchou ayant remporté la première place du Cabaret festif 2022 a présenté son surf-rock un qui fleurtait à l’occasion avec le rock psychédélique.

Une foule semi debout, semi étendue sur des sac de pois n’a cependant pas pu dormir là, je peux vous dire. La voix du chanteur rappelle un peu celle de Philippe Brach dans les aigues. Une basse bien appuyée et un rythme qui soutenait la cadence a semblé ravir les fans du groupe réunis pour la prestation.  

Les festivaliers ont également eu droit à une sensible prestation de Belle Grand fille dont la poésie a su bercée dimanche la fin d’après-midi juste avant la pluie. Son album Nos maisons aux textes sympathiques et touchants se révèle encore plus intéressant en spectacle où elle se présente au piano en trio avec guitare et contrebasse. Ce qu’on ne pensait pas voir au festif: cette artiste qui ajoute du Jig-A-Loo sur sa pédale parce que son instrument est un brin récalcitrant. Charmant moment. 

 

La scène Radio-Canada: un show sur une botte de foin 

Je m’en voudrais de ne pas mentionner cette scène dans un décor idyllique, où a notamment joué Mara Tremblay.

Son band constitué de son fils, Victor Tremblay Desrosiers à la batterie, de Catherine Durand à la guitare et de Marie Claudel à la basse nous a fait voyager au travers de ses 8 albums truffés de succès.

Mara a livré une solide prestation qui s’est terminée sur un solo instrumental au violon. Très émue de l’enthousiasme du public, on a même pu lui chanter bonne fête. Mémorable prestation s’il en est une. 

Le festif est aussi reconnu pour ses prestations surprises, alors on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre. Cette année, Peter Peter, Les Louanges, Dani Dorchin, Federico Albanese, Julie Doiron et Dany Placard ont fait partie des spectacles imprévisibles, annoncés par notification via l’application mobile du festival.

Vivre son festif, c’est courir dans les rues pour assister au prochain show. À la fin de chaque édition on se dit: j’ai hâte au prochain festif! 

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