Festival Triste

Inauguration du Festival Triste | Un évènement né pour faire pleurer

On ne donne pas assez de place aux œuvres à connotation triste en évènementiel : c’est ce que déplorent les instigateurs et instigatrices du tout nouveau Festival Triste, qui versera ses premières larmes à Montréal du 24 au 26 novembre prochain. Musique, cinéma, poésie, performance – tant que l’on a envie de sortir un mouchoir, ça passe. Sors-tu? a discuté de cette proposition singulière avec deux des trois noms qui en sont à l’origine, l’acteur Maxime Genois et la directrice générale du Festival BleuBleu, Anne-Julie St-Laurent.

Le pari? Proposer au public « d’accueillir sa tristesse pour enfin consentir à un nouveau sentiment de légèreté », détaille le communiqué. En plein mois de novembre, en plus, alors que les blues de l’hiver commencent à pointer du nez.

Anne-Julie St-Laurent, cofondatrice de BleuBleu, festival de musique à Carleton-sur-Mer, a démarré sa réflexion quant à l’offre « triste » en événementiel en discutant avec un ami. « Il m’a dit qu’il trouvait ça dommage que je crée le festival [BleuBleu], parce que c’était trop festif pour lui, nous raconte-t-elle en entrevue. Moi-même, comme festivalière, je ne suis pas en état de faire la fête tout le temps. »

Maxime Genois. Photo par Monic Richard.

La solution? « Se rassembler dans un cocon, accueillir et même célébrer la tristesse », énumère Maxime Genois. À bien y penser, c’est un festival qui s’ancre à merveille dans son temps, alors que la normalisation des émotions négatives et la tombée des façades de bonbons et d’arcs-en-ciel qu’érigent souvent les réseaux sociaux entre utilisateurs et utilisatrices sont de plus en plus applaudies.

Entamer une discussion

N’empêche, les réactions sont mitigées. « Certaines personnes sont extrêmement enthousiastes, nous assure le confondateur. Elles sentent qu’il existe enfin un festival pour elles. » D’autres sont plus réfractaires, voire choquées, soulève Anne-Julie. « Elles nous demandent, pourquoi vous faites ça? » Il faudra s’y déplacer pour le savoir (ou lire notre article!).

Détrompons-nous : il n’est pas question de choquer les spectateurs et spectatrices, mais plutôt d’explorer des émotions plus sombres, entouré·es et avec bienveillance.

Le but n’est pas de sombrer dans une dépression commune, nous rassure Maxime Genois. Il y a quelque chose de très salvateur dans l’écoute d’une œuvre triste en toute connaissance de cause.

Le festival offre même une sensibilisation et des ressources liées à la santé mentale.

Offre multidisciplinaire

Les deux soirées musicales (24 et 26 novembre) jetteront les projecteurs sur Arielle Soucy, Noubi Trio et moniquemoniquemonique dans un premier temps, et sur Anna Arrobas, Kee Avil et SEULEMENT par la suite. Des soirées DJ (pour sécher les larmes et bouger les hanches, on imagine) sont également à l’agenda, avec entre autres le duo Shark Boy et Lava Girl en clôture du festival, composé de nul autre que Xavier Dolan et Catherine Brunet.

Le Festival Triste mise aussi sur le cinéma, la poésie et la performance pour vivre à fond ce novembre « grisâtre et froid ». Cinq films présentés en collaboration avec Cinéma Moderne (qu’on adore!) seront à voir, ainsi qu’une soirée au nom évocateur de « Vagalâme », lors de laquelle la pianiste autrice-compositrice-interprète Lysandre Ménard, qui a pondu cette année l’excellent album Sans oublier, accompagnera les poèmes de huit artistes littéraires.

Le film culte Grave of the Fireflies, animé japonais de 1988, fait notamment partie de la programmation ciné :

Un thème qui intrigue, des noms issus de la scène émergente ou qui, du moins, n’ont pas une base considérable : est-ce trop audacieux? « On n’a pas misé sur des headliners, on garde ça pour l’année prochaine, promet Anne-Julie. On aime que ce soit tout petit, presque caché. On jette les bases du festival. »

Votre curiosité est piquée comme la nôtre? C’est ce que souhaitent le cofondateur et la cofondatrice du Festival Triste. Les deux collègues espèrent nombreuses les personnes qui se déplaceront pour aller faire saigner leur cœur à la fin novembre, grâce à des artistes qui proposent du doux. Et aux côtés d’autres humains, bien sûr. « On veut se rassembler », conclut Maxime Genois.

Pour des billets et la programmation complète, ça se passe ici.

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