En attendant le déconfinement #16 | Des sondages font le point sur l’année passée et incitent au retour des festivals en personne
On poursuit notre série hebdomadaire visant à donner la parole à des acteurs du milieu culturel qui ont été durement touchés par la pandémie et à mettre en mots les actions concrètes qu’ont dû poser les intervenants pour s’adapter à la crise. On se penche sur ce qui les occupe, ce qu’ils font (souvent dans l’ombre) en attendant le déconfinement culturel et comment ils permettent à la culture de survivre et de continuer à exister. Cette semaine, rencontre avec François G. Chevrier, directeur général chez Événements Attractions Québec.
Les Québécois au rendez-vous
Dans la dernière année, l’offre culturelle s’est grandement transformée et aura permis au public de continuer à consommer différentes formes d’arts en virtuel, en présentiel et parfois en hybride. Alors que la pandémie dure depuis maintenant plus d’un an et que les régions se déconfinent chacune à leur rythme, l’organisme Événements Attractions Québec a mené un sondage révélateur de l’intérêt des Québécois et Québécoises quant aux différents types de contenus culturels qui leur sont offert.
D’abord, le sondage mené par Événements Attractions Québec (ÉAQ) auprès de 1005 Québécois et Québécoises en collaboration avec Sigma Recherche dresse un portrait plutôt révélateur de l’année 2020. On y apprend que des 64% des festivals et événements ayant proposé du contenu numérique, 79% du matériel qu’ils proposaient avait été créé spécialement pour pallier à la pandémie. Puis, on apprend que les Québécois sont prêts à payer 15,50$ en moyenne pour ce type de contenu.
Pour François G. Chevrier, ces faits saillants démontrent l’impossibilité de percevoir l’avenue virtuelle comme un modèle d’affaires viable à long terme: « Avec des billets à 15$, tu n’arrives pas. Malgré que les promoteurs n’ont pas à monter une équipe pour mettre sur pied un festival ou un événement, organiser un spectacle virtuel représente une tout autre expertise qui demande des coûts de régie, de captation et d’équipements, entre autres. »
Beaucoup de captations ont été faites avec de l’aide d’urgence mais, en autofinancement, ça ne tiendrait pas la route. C’est une vitrine temporaire qui n’est pas un modèle d’affaires viable.
Dans le même ordre d’idée, l’équipe d’Événements Attractions Québec, un groupe représentant des attraits touristiques, des festivals et des événements au Québec, a travaillé cette année pour s’assurer que les différents partenaires de leurs membres honoreraient leurs engagements financiers et que les différents programmes de subventions seraient adaptés. Si Patrimoine Canada, les ministères du tourisme et de la culture, le Conseil des Arts et des Lettres du Québec (CALQ) sont tous venus en aide aux festivals et aux événements et que plusieurs commanditaires financiers ont offert leur support lors des initiatives virtuelles, la question est à savoir pour combien d’années cela sera encore le cas.
Actif depuis vingt-cinq ans dans le milieu touristique, le directeur général d’Événements Attractions Québec pense que la première année pandémique s’est heureusement déroulée sans trop de dégâts, mais qu’il faut agir rapidement avant que les choses ne dérapent. « Ce qui est dangereux pour cet été, c’est que des gens ne survivent pas à une deuxième année d’aide gouvernementale. Si on commence à perdre des fournisseurs d’équipements par exemple, on manquera de ressources pour desservir tous les festivals et les événements. C’est un écosystème au complet qui dépend de la survie de chacun de ses membres. »
Des réponses et vite
Devant ce constat, le directeur général d’ÉAQ insiste pour avoir des réponses du gouvernement quant aux paramètres avec lesquels les festivals, attraits touristiques et événements devront travailler cet été. Sans demander une annonce de reprises des festivals, le point qu’avance le regroupement est que contrairement aux restaurants, aux musées et aux centres d’entraînements qui connaissaient les règles à suivre avant leur récente réouverture, les événements culturels n’ont pas cette information. « Peu importe les règles, on demande simplement une annonce des conditions sanitaires que les promoteurs devront suivre pour qu’ils puissent commencer à sécuriser leurs équipes et leurs commanditaires. Il faut savoir des choses comme les capacités de site permises, le nombre de personnes qui peuvent composer une bulle et les services alimentaires et de vente qui pourront être offerts ou non sur le site », conclut François G. Chevrier.
Pour le regroupement Événements Attractions Québec, adapter les règles sanitaires aux différents paliers de couleurs serait également un facilitateur pour les organisateurs d’événements en région moins touchés par la pandémie.
Dans un autre sondage réalisé plus tôt au moins de février par ÉAQ et Segma Recherche, on peut observer que la grande majorité (94%) des personnes ayant pris part à une activité ou une attraction touristique en contexte de pandémie se disent satisfaits ou très satisfaits de leur expérience:
Dans ce contexte, François G. Chevrier pense que les promoteurs et organisateurs d’événements ont fait leurs preuves l’été passé pour démontrer qu’ils sont en mesure d’établir et de faire respecter des protocoles sanitaires stricts et sécuritaires. « Les parcs d’attractions, les musées et les jardins étaient ouverts à des milliers de visiteurs et il n’y a pas eu de cas. Ce qu’on veut combattre, c’est l’image des grandes foules qui se regroupent devant une scène lors d’un festival. C’est possible de créer des systèmes de bulles sécuritaires et fonctionnels. »
Dans le sondage tenu au mois de mars, les répondants affirmaient à 55% qu’ils désiraient participer à un festival seulement si celui-ci était en personne. Bien qu’on ne puisse pas jumeler les résultats obtenus, on comprend que les gens ont envie de retourner dans les festivals et qu’ils font confiance aux mesures sanitaires mises en place.
Rappelant l’importance que jouent ces événements sur la santé mentale du public et sur la santé de l’écosystème culturel, Événements Attractions Québec demande des règles claires pour que les personnes qui travaillent à faire vivre la culture puissent le faire dès maintenant.
EN RAPPEL
Les articles précédents de la série En attendant le déconfinement:
- Comment Clément Turgeon a fait vivre le Festif en pandémie sans l’apport du virtuel
- Bonifier son offre pour survivre avec Sergio Da Silva du Turbo Haüs
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