Santa Teresa (festival musique)

En attendant le déconfinement #6 | Patrick Kearney (Santa Teresa & REFRAIN) : Rester critique et réaliste en temps de crise

On poursuit notre série hebdomadaire visant à donner la parole à des acteurs du milieu culturel qui ont été durement touchés par la pandémie et à mettre en mots les actions concrètes qu’ont dû poser les intervenants pour s’adapter à la crise. On se penche sur ce qui les occupe, ce qu’ils font (souvent dans l’ombre) en attendant le déconfinement culturel et comment ils permettent à la culture de survivre et de continuer à exister. Cette semaine, on discute avec Patrick Kearney, directeur général de Santa Teresa et porte-parole du REFRAIN.

* Photo en entête :  Jay Kearney

Thérapie de groupe

Ancien conseiller municipal à Sainte-Thérèse et fan de festival de la première heure, Patrick Kearney a fait ses premiers pas dans le milieu culturel en 2017 en devant directeur général de Santa Teresa. Quelques années plus tard, c’est lui qui mettra sur pied le REFRAIN (Regroupement des Festivals Régionaux Artistiques Indépendants), un effort de solidarité qui en a déjà fait beaucoup pour les festivals depuis le début de la pandémie. « Au départ, le REFRAIN est devenu un refuge pour tous les programmateurs de festival qui se sentaient durement affectés par la pandémie. Beaucoup l’ont pris comme une thérapie de groupe, affirme Patrick Kearney, joint par Zoom. Naturellement, parce qu’on partageait les mêmes problèmes, on s’est mis à échanger des pistes de solutions pour continuer à faire vivre nos festivals », continue-t-il.

Depuis quelques années, les festivals en région sont extrêmement populaires et, aussi nombreux soient-ils, les fédérer pour représenter leurs intérêts auprès du gouvernement s’est montré plus qu’utile.

Parfois, on me demande s’il y a trop de festivals au Québec. Ça, c’est comme me demander si on vend trop de poutine. Tant que ça vendra, pourquoi on arrêterait? C’est un signe de vitalité culturelle. Chaque festival est unique et sert sa région, mais de nous regrouper nous a permis de défendre nos objectifs communs en plus de donner des recommandations venant directement du terrain au gouvernement.

En constante évolution depuis sa création comme groupe d’échange sur Zoom, le REFRAIN continue de prouver sa pertinence. Appuyé à la mi-novembre d’un montant de 440 000$ venant du Ministère de l’Économie et de l’Innovation, le regroupement engagera un premier employé permanent en début d’année et consolide actuellement sa structure organisationnelle.

Quelques-uns des festivals membres du REFRAIN

Concrètement, Patrick Kearney souhaite que cela se traduise d’abord par « une plateforme de référencement des festivals où les gens pourront apprendre à connaître les différents festivals susceptibles de les intéresser. » Puis, on pourrait s’attendre à voir d’autres outils pour le public, comme des passeports donnant accès à plusieurs festivals servant à fidéliser les amateurs d’événements culturels. « Le but, c’est de devenir une référence aux yeux du public, une plateforme accessible pour ceux qui veulent participer à des festivals », affirme le directeur général de Santa Teresa.

 

 

Santa Teresa, soldat de première ligne

Ayant réussi à conserver la majorité de leurs subventions en 2020, le véritable défi pour les organisateurs de festivals sera l’été 2021, car une large partie des subventions privées ne seront pas renouvelées. C’est là que le REFRAIN tombe à point, pense Patrick Kearney: « On a un contact direct avec le gouvernement. On va pousser pour avoir des confirmations d’avance, pour ne pas se ramasser dans des situations comme le Festif! cet été qui s’est fait annuler un événement quelques jours d’avance. L’avantage, c’est qu’on a prouvé en 2020 qu’on était capable d’organiser des événements sécuritaires pour 250 personnes. On va donc demander le 250 personnes et organiser en conséquence pour 2021. »

Qu’il s’agisse de Petite-Vallée, du Festif de Baie-Saint-Paul ou de Santa Teresa, la majorité des festivals membres du REFRAIN planifient actuellement leurs différents concepts d’événements en fonction de cette capacité maximale de 250 personnes énoncée par le gouvernement l’été passé. Patrick Kearney demeure réaliste quant au sort de Santa Teresa, qui se tient normalement à la mi-mai: « Étant dans les premiers de l’année, notre festival se met plus à risque. Peut-être qu’on va avoir une édition plus modeste et que le FME, en fin d’année, va avoir droit à 1000 personnes sur son site. Tant mieux pour ces festivals-là. »

Amen Deniro, un des participants aux concours Champion du Clip organisé par Santa Teresa

Être premier au calendrier apporte un lot de complication, avoue le directeur général du festival: « Pour être honnête, on a laissé tomber les têtes d’affiche internationales. On vise une programmation d’artistes québécois et canadiens. Il y a aussi les subventions, pour lesquelles j’ai des confirmations parfois une semaine avant le festival. »

Puis, la stratégie de mise en marché des spectacles est encore à définir: « Est-ce que je devrais vendre des billets plus cher à 250 personnes pour des spectacles de 2h d’un même artiste ou organiser des plus petites expériences comme le Festif? Organiser des événements hybrides de spectacles live et diffusés en streaming en même temps? Beaucoup reste à définir mais, ce qu’on veut surtout éviter, c’est de devoir rembourser des gens parce qu’on aurait été trop ambitieux dans notre planification. »

Bien que plusieurs questions demeurent, on sent que Patrick Kearney est optimiste. En plus de penser à organiser une édition 2021 du Champion des Clips, concept élaboré dans le cadre de l’édition virtuelle de l’automne dernier, il pense que la programmation de Santa Teresa devrait être annoncée comme à l’habitude en février, moment où plusieurs autres festivals membres du REFRAIN devraient commencer leurs annonces.

En rappel

Les articles précédents de la série En attendant le déconfinement:

Vos commentaires