Primus

Critique concert: Primus à Montréal

Les épinards de Primus

Mardi 4 octobre 2011 – Métropolis (Montréal)

Primus était de passage au Métropolis, à Montréal, ce soir pour un concert en 2 parties: des vieux classiques, puis l’intégral du nouvel album Green Naugahyde. En dépit d’une sono épouvantable qui a presque coulé les anciens titres, les épinards de Popeye (!) sont venus à la rescousse du nouvel album et ont sauvé la soirée…

Les Claypool. Photo par Renaud Sakelaris

Personne ne s’inquiétait encore lorsque Les Claypool et ses 2 acolytes ont entonné To Defy the Laws of Tradition dans un fouillis sonore digne d’un début de show mal calibré. « Je crois que son micro n’est pas branché », lançait bêtement un spectateur à proximité de la console de son.

La situation ne s’améliorait guère pour Golden Boy, puis Frizzle Fry et bien que les fans nostalgiques s’éclataient au son des titres relativement aléatoires proposés par Primus, les trois musiciens eux-mêmes ne semblaient pas prendre autant de plaisir à l’exercice comme il se doit.

Étrangement, quatre des sept premiers titres provenaient du sous-estimé Frizzle Fry, le premier vrai album studio du groupe, qui date tout de même de 1990. Outre les deux chansons susmentionnées, le classique John the Fisherman – où l’on a pu voir les premiers vrais signes d’énergie sur scène – et The Toys Go Winding Down, qui permet à Claypool de faire aller ses fameux triolets, se sont rapidement insérés à la grille de chansons.

L’inéquilibre sonore semblait se résorber tranquillement vers la fin de la première partie, alors que Primus a vengé une version ratée de Mrs Blaileen avec une finale plus convaincante: Jerry Was a Race Car Driver et Over the Electric Grapevine.

Popeye et Green Naugahyde

Il fallait ensuite attendre une bonne demi-heure avant de revoir Primus à l’oeuvre pour la deuxième partie d’un concert plutôt décevant, à date, même si les derniers instants montraient des signes encourageants.

Ler Lalonde. Photo par Renaud Sakelaris

Heureusement, on nous présentait, sur écran géant, de vieux courts métrages de Popeye en noir et blanc. Visiblement, il n’y a pas que le célèbre marin animé qui a bénéficié des bienfaits des épinards: les techniciens de son aussi…

Au retour de la pause, les deux micros de Claypool semblaient amplifier davantage la voix nasillarde et si particulière du leader, et même ses tons de basse résonnaient adéquatement. Le volume de l’ensemble avait aussi enfin atteint un niveau respectable.

Les 3 musiciens semblaient également davantage impliqués dans l’interprétation du matériel du nouvel album, Green Naugahyde, lancé il y a 3 semaines (consultez notre critique de l’album).

Dès les premières notes de l’excellente Hennepin Crawler, la différence était flagrante: on retrouvait presque la fougue d’antan et l’aplomb des belles années, adéquatement soutenus par un mix sonore approprié. 

Les Claypool. Photo par Renaud Sakelaris

L’aventureuse Last Salmon Man, la pernicieusement comique Eternal Consumption Engine et Tragedy’s a’ Comin’ ont poursuivi sur cette lancée. En fait, ça ne s’est jamais arrêté. Green Naugahyde a eu droit au traitement royal: interprétation inspirée, des solos échevelés de Larry « Ler » Lalonde aux habiles riff de slap-bass de Les Claypool, en passant par la batterie qui Jay Lane qui faisait oublier l’absence de l’ex-collègue Tim Alexander, tout réussissait soudainement. On dirait presque que la mocheté acoustique de la première partie était volontaire afin de bien faire paraître le nouveau matériel…

Au terme de cette étonnante interprétation intégrale de Naugahyde, les trois virtuoses sur l’acide sont revenus sur scène afin d’interpréter le succès Wynona’s Big Brown Beaver avec tout le talent des vétérans qu’ils sont et l’énergie de jeunes premiers, suivi de Harold of the Rocks. Si les solos de guitare précédents brillaient par leur folie typique de l’approche « hors-gamme » de Lalonde, les emprunts plus typiquement blues de ce dernier solo ont aussi visé dans le mille.

Après 3 heures passées en compagnie du groupe culte, les lumières du Métropolis ont vite ramené les fans de Primus à la réalité d’un mardi soir. Plusieurs réclamaient encore une ou deux autres chansons. Après tout, aucun titre du mythique album de 1993, Pork Soda, n’a été interprété. C’est bien tout ce qu’il aurait manqué…

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Grille de Chansons
1. To Defy the Laws of Tradition
2. Golden Boy
3. Frizzle Fry
4. American Life
5. Seas of Cheese
6. John The Fisherman
7. The Toys Go Winding Down
8. Mrs Blaileen
9. Jerry Was a Race Car Driver
10. Over the Electric Grapevine

 

Deuxième partie
(Green Naugahyde intégral)

1. Prelude to a Crawl
2. Hennepin Crawler
3. Last Salmon Man
4. Eternal Consumption Engine
5. Tragedy’s a’ Comin’
6. Eyes of the Squirrel
7. Jilly’s on Smack
8. Lee Van Cleef
9. Moron TV
10. Green Ranger
11. HOINFODAMAN
12. Extinction Burst
13. Salmon Men

Rappel
Wynona’s Big Brown Beaver
Harold of the Rocks

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