Critique album | Coeur de pirate – Trauma (trame sonore)

Coeur de Pirate - Trauma Coeur de Pirate Trauma

Qui aurait cru qu’une émission de Fabienne Larouche donnerait lieu à une tradition appréciée des mélomanes… 

Après Pascale Picard, Ariane Moffatt et Martha Wainwright, c’était au tour de Coeur de pirate d’enregistrer une poignée de reprises anglophones en vue de la trame sonore de la cinquième saison de l’émission Trauma. Des relectures musicales dépouillées pour une série dramatique à thématique médicale… Pas très excitant, sur papier.

Le résultat, lancé sur disque ce matin par Grosse Boîte, donne pourtant lieu à une sélection pas piquée des vers de chansons pigées à part égale dans le répertoire indie et le songbook de la folk anglo-saxonne, arrangées avec retenue et interprétées avec émotivité par une Béatrice Martin appliquée et détendue. Et ça lui va comme un gant…

Des classiques à la Bill Withers (Ain’t No Sunshine), Nancy Sinatra (Summer Wine) ou Kenny Rogers (Lucille) aux plus contemporaines compositions de Patrick Watson (son incontournable The Great Escape), Bon Iver (Flume, bien sur), The National (Slow Show) ou Tom Waits (la récente Bottom of the World), Coeur de pirate s’est gâté.

Pour la plupart, les chansons originales que l’on retrouve sur les deux premiers albums de Coeur de pirate sont généralement assez intimistes dans les thématiques, un peu mélodramatiques, tendance journal intime musical.  À cet égard, Trauma permet d’entendre un pan rafraîchissant de l’artiste : détachée des textes, on entend chanter une Béatrice fan, admiratrice, humble et inspirée, qui prend plaisir à donner sa propre couleur à des chansons qu’elle a sans doute écoutées mille fois.

Le processus d’enregistrement a donné l’effet voulu : en toute intimité avec son guitariste et co-réalisateur Renaud Bastien et l’ingénieur de son Pascal Shefteshy, Béatrice a travaillé tranquillement dans le studio de Pierre Marchand, à confectionner ces relectures simplifiées et combien sympathiques.

L’approche piano-voix aurait été logique, mais facile. C’est pourquoi la musicienne et son comparse se sont permis quelques expérimentations plus intéressantes au niveau de l’instrumentation : il y a du piano, bien entendu, mais aussi de la guitare acoustique (Bottom of the World, Last Kiss, Music When the Lights Go Out, Summer Wine), de la guitare électrique rêveuse (The Great Escape), des cordes (joli violoncelle sur Summer Wine), du pedal steel, de l’orgue, une batterie délicatement balayée ainsi que de l’autoharpe sur The Last Kiss.

Toutefois, tant qu’à prendre cette approche, peut-être aurait-il mieux valu traiter la voix de Béatrice avec plus de retenue, par contre. Parce qu’en matière de reverb, ça beurre un peu épais. Alors que Béatrice sonne plus confiante que jamais sur le plan vocal, ç’aurait été intéressant d’entendre des trames de voix plus brutes…

Quoi qu’il en soit, Coeur de pirate donne lieu à la meilleure trame sonore de Trauma, à date. Et peut-être l’une de ses parutions les plus intéressantes aussi…

Grille de chansons
1. Ain’t No Sunshine (Bill Withers)
2. Heartbeats Accelerating (Les Soeurs McGarrigle)
3. Summer Wine (Nancy Sinatra)
4. You Know I’m No Good (Amy Winehouse)
5. Music When The Lights Go Out (The Libertines)
6. Last Kiss (Wayne Cochran)
7. Lucille (Kenny Rogers)
8. Slow Show (The National)
9. Bottom Of The World (Tom Waits)
10. Dead Flowers (Rolling Stones)
11. The Great Escape (Patrick Watson)
12. Flume (Bon Iver)

Événements à venir

Vos commentaires