The Sheepdogs

The Sheepdogs au MTelus | Faille temporelle

– Marty, monte dans la Delorean, je t’emmène sur Saint-Denis écouter un groupe de 1972 au MTelus! Et non, Einstein, reste ici, les chiens ne sont pas acceptés!
– Ah ouais, Doc, tu as complètement raison. Les cheveux longs, la moustache, le pantalon blanc, la Precision Bass… Doc, c’est-tu Tim Bogert de Vanilla Fudge à la basse?
– Mais non, voyons, Tim est mort l’année dernière.
– Et le clavier, c’est-tu Rick Wakeman de Yes avec ses longs cheveux blonds?
– Marty, t’es pénible. Écoute le solo avec les deux guitares en harmonie…

Effectivement, The Sheepdogs, c’est comme une expérience du passé, une remontée dans un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître (l’odeur de patchouli en moins). Tous habillés comme dans les années 70, munis d’instruments et d’un son de l’époque, les artistes créent un résultat qui semble sorti tout droit du passé.

Le groupe canadien originaire de Saskatoon (Saskatchewan) est composé de cinq membres : Ewan Currie (guitare et chant), Ryan Gullen (basse), Sam Corbett (batterie), Shamus Currie (claviers et guitare) et le nouvel arrivé Ricky Paquette (soliste guitare). Tout ce beau monde chante en harmonie d’une très belle manière. Fait intéressant, la voix d’ Ewan Currie est mixée bien plus en avant qu’à l’habitude en ce qui concerne les groupes de rock. Est-ce une façon de mettre les textes à l’avant-plan?

La belle voix chaude d’Ewan est un croisement entre John Fogerty de Creedence Clearwater Revival et celle de Randy California de Spirit : ça sent fort la Californie des années 70. D’ailleurs, le fantôme de CCR plane au-dessus du groupe avec son gros boogie gras. On félicitera aussi le guitariste soliste Ricky Paquette, le Québécois du groupe. Il a rejoint la formation le mois dernier et il donne l’impression d’en faire partie depuis des années. Seule faute de sa part : quelques exercices de tapping (la technique de guitare associée à Eddy Van Halen), ça ne va pas avec le genre!

J’ai trop saigné, sur les Gibson

Pour être raccord avec le son gras de l’époque, on ne trouve que des guitares Gibson. Les compositions sont fort honnêtes, les arrangements travaillés, les musiciens très à leur affaire. Outre les clichés visuels, on n’échappe pas à de très nombreuses envolées de guitares, sans parler des solos avec les deux (voire trois) guitares en harmonie. C’est beau. Et c’est très bien fait. Tout en maîtrise.

Mais à un moment donné, au bout du cinquième solo du genre, la ligne est franchie et le cliché est atteint. Et c’est ce que j’ai ressenti rapidement. Est-on avec un groupe hommage à Lynyrd Skynyrd qui entonne une nouvelle version de Free Bird ou une parodie de rock sudiste inspiré de Spinal Tap? Je regarde autour de moi : non, tout le monde est bien sérieux, mon voisin reconnaît les différents titres aux premières mesures et chante les textes, plusieurs ont sorti leur chapeau Stetson, ça frappe des mains à la demande du bassiste… Et on a même droit à un solo de batterie dont la principale qualité est d’être court. Le nom du groupe est écrit au fond de la scène avec des ampoules, comme à l’époque.

C’est pas toi, c’est moi

Les morceaux de Sheepdogs, pris individuellement, sont accrocheurs, intéressants, relativement courts et centrés sur le solo de guitare. Le groupe a toutefois le bon goût de ne pas faire en sorte que ça devienne une joute de guitare interminable. Enchaîner une vingtaine de titres du même acabit, c’est long, monotone même. Et ça fait vraiment beaucoup de solo de guitares, même pour moi. Je peux comprendre l’amour du rock sudiste (ou quel que soit le genre, d’ailleurs), mais pourquoi vouloir s’ancrer autant dans une époque, au point où la caricature en devient malaisante en 2022, soit 50 ans après l’heure de gloire du genre? Je n’ai pas la réponse. Cela ne les empêche pas d’avoir une carrière plus qu’honorable.

Boy Golden

Il fallait être en avance pour assister aux premières parties : à peine installé avec ma bière fraîche, à 19h40, un guitariste entre en scène, seul. Et non, ce n’est pas un test de son. Son nom m’échappera dans le brouhaha de l’indifférence générale. Il nous présente ses titres devant une salle encore peu remplie et peu intéressée. Cinq titres honnêtes à saveur de rock vintage.

20h00, il sort de scène. Aussitôt, un groupe arrive et on reconnaît notre « première » première partie qui revient comme guitariste de Boy Golden, artiste de Winnipeg. Suit un concert de 45 minutes où Boy Golden, chanteur, guitariste et claviériste, nous présente ses morceaux largement inspirés de son amour du rock laid back de JJ Cale. On y trouve des solos de guitare, des guitares barytons, des solos harmonisés à deux guitares et quelques envolées de claviers avec des titres plutôt bien faits. La présence de la choriste Mama Tizzy, aussi à la tambourine, apporte de l’énergie et de belles harmonies vocales. Une première partie agréable sans être inoubliable.

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