crédit photo: Normand Trudel
The Damn Truth

The Damn Truth à Québec | Putain de Vrai Bon Show Rock

Now or Nowhere est le troisième album du groupe The Damn Truth, un groupe qui, à bien des égards, passe sous les radars des médias commerciaux. Et pourtant !

Ayant joué avec ZZ Top, les Sheepdogs, Styx et Rival Sons, The Damn Truth peut se targuer de voir six pièces de Now or Nowhere produites par Bob Rock (Metallica, Aerosmith, Mötley Crüe, Bon Jovi, Tragically Hip) au Warehouse Studio à Vancouver. Pour les trois dernières chansons, c’est avec l’aide du producteur lauréat d’un prix Juno, Jean Massicotte (Patrick Watson), que l’album s’est complété.

Je me rends compte que les gens nous voient comme un groupe de hard rock, déclare la chanteuse/guitariste Lee-la Baum, et nous le sommes, mais nous sommes aussi, au fond, des hippies rock’n’roll. Toutes ces choses à propos d’être autonome, et communautaire, la paix et l’amour – eh bien, c’est nous! C’est ce que nous sommes!

« Je pense qu’avec cet album, nous avons essayé de faire un effort conscient pour écrire des chansons plus positives et édifiantes, explique Lee-la. Nos albums précédents étaient plus un reflet de ce que nous pensions qu’il se passait dans la société; ils avaient un ton sous-jacent plus sombre. Avec cet album, nous voulions vraiment redonner espoir et positivité dans nos chansons, en nous concentrant sur l’amour et non la peur. »

The Damn Truth est un exemple d’éthique de travail qui leur a valu près de 2 millions d’écoutes sur Spotify, 60 000 abonnés sur TikTok et plus de 2 millions de visionnements sur YouTube. La voix de Lee-la sur la publicité vidéo pour un parfum d’Yves Saint Laurent a été entendue dans le monde entier, doublant leur base d’admirateurs du jour au lendemain.

« Nous avons la chance de vivre à une époque où la connaissance est gratuite, et vous pouvez essentiellement apprendre à tout faire vous-même, dit le guitariste et chanteur Tom Shemer. Cela a été déterminant pour nous en tant que jeune groupe sans budget. Nous avons dû faire et tourner nos propres vidéos, produire et enregistrer nos propres sorties et faire toute la promo nous-mêmes. Le sous-produit de cela était que, dans un sens, nous étions l’artiste, la maison de disques et le distributeur de notre art, ce qui nous a permis d’avoir un aperçu de ce que cela signifie à quoi s’attendre d’une maison de disques, des cinéastes, etc. »

Cette attitude de bricolage a séduit Bob Rock et lui rappelait ses débuts en travaillant avec des groupes indépendants pendant ses années de formation à Vancouver. Il a été tellement impressionné par l’attitude et les chansons de The Damn Truth, et par la voix de Lee-la, qu’il a décidé de les enregistrer en direct, en accord avec les racines rock des années 70 du groupe. Cela permet une meilleure dynamique de groupe et garantit que les pistes ont cette puissante énergie de concert en direct qui est si cruciale pour le son de Bob Rock.

Trêve de bavardage et passons maintenant aux choses sérieuses.

 

L’Impérial Bell tremble aux pieds de The Damn Truth

Mercredi soir à Québec, capitale de la neige. Un soir où les flocons de neige tombant sur le sol se transforment presque instantanément en sloche incolore. Il y a peu de gens dans les rues et les restos de quartier. C’est différent à l’Impérial Bell où les tables sont presque toutes remplies par les fans venus assister au concert. Beaucoup de jeunes, des plus vieux et aussi des têtes blanches colorées par le temps et non la neige qui tombe à l’extérieur.

La première partie est assurée par le quatuor Hipshot, groupe caramel-grunge. Après un départ instable, la jeune formation place ses cartes pour finir dans un carré d’as plus qu’appréciable. Les fleurs de plastiques qui décorent la scène détonnent avec l’image que la formation veut donner. Hipshot aurait avantage à travailler plus souvent à deux ou trois voix afin de donner plus de profondeur à leurs chansons. Mention honorable pour la reprise de Touch Me de Samantha Fox.

Sur l’air de Walk on the Wild Side de Lou Reed et White Rabbit de Jefferson Airplane,  les lumières se tamisent pour faire place à l’attraction du jour: The Damn Truth.

La voix de Lee-la Baum perce la salle comme une fleur d’automne, perce la neige après la première bordée et n’a d’égal que sa mystique présence sur scène. Définitivement plus rock en spectacle, les chansons déchirent l’atmosphère enfumée. Les boucles de guitares, marquées au fer blanc, chauffent à bloc nos mémoires stigmatisées d’adolescents attardés. Ça sent le blues, ça suinte le rock et ça exhale le patchouli d’effluves psychédéliques et c’est parfait comme ça.

Peu loquace, la  chanteuse fringuée sixties, invitera la foule à chanter avec elle à quelques occasions. Les spectateurs, anesthésiés par les effets de la Covid, ont perdu l’habitude des shows rock et donnent l’impression de regarder un écran géant. Pourtant, sur les planches, c’est tout le contraire. Le quatuor se donne à fond la caisse dans cette intense prestation de 90 minutes.

La scène est dépouillée au possible et seul un étendard vient draper le fond de scène. Les éclairages sont simples, doux et efficaces. Pas de feu d’artifice, pas de gadget; seulement de la musique solide comme le rock.

Tantôt suaves, souvent rock mais toujours profondes, les chansons défilent en défiant le temps et l’espace entre les générations. Certaines de ces pièces sont d’or et déjà des hymnes du rock d’aréna.

Une finale aux accents psychédéliques et purement rock’n’roll fera vivement réagir la foule maintenant debout sans télécommande dans leurs mains.

Non ! Le rock n’est pas mort ! The Damn Truth peut se vanter de porter le flambeau bien haut et de déverser son âme sur ses fans assidus.

S’il est tombé de la neige tôt en soirée, elle doit être complètement fondue tellement l’énergie de The Damn Truth, le secret le mieux gardé du Québec, est intense sur scène.

Sur le chemin du retour, manteau, gants, tuque, foulard et écouteurs seront mes meilleurs amis. Dans mes oreilles, The Damn Truth réchauffera ma route et fera fondre le peu de neige qu’il reste encore sur l’asphalte mouillé. Ici et là, quelques fleurs transpercent la neige automnale me rappelant la voix de Lee-la Baum.

The Damn Truth poursuivra sa tournée québécoise ce soir et demain (jeudi 18 et vendredi 19 novembre) au Théâtre Corona à Montréal, ainsi que le 25 novembre à Sherbrooke et le 26 novembre à Trois-Rivières.

 

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