Taverne Tour 2024 – Jour 1 | De bières et de pénombre

L’hiver bat son plein. Un mois de février particulièrement doux accueille les festivaliers de cette huitième édition du Taverne Tour, dans les bars et les modestes salles du Plateau-Mont-Royal. Une vingtaine d’artistes se sont produits de 19h à 3h du matin ce jeudi 8 février, ouvrant admirablement cette première soirée de l’événement.

Entre Vincent Paul au Barraca et Solarium au Dièse Onze, jouant simultanément à 19h, ce sera le quatuor montréalais qui sera préféré par l’auteur de ces lignes.

 

Respecter l’ancien en intégrant le nouveau

Les quelques dizaines de paires d’yeux se dirigent vers le fond de la salle, là où la musique émerge.

Sur scène, les doigts de Karl-André Rozankovic se baladent sur le clavier pendant que Vincent Dessureault, à la basse, et le batteur Léo Minville (principal contributeur aux créations de Solarium) tiennent le squelette de la pièce Aube. Le morceau est tiré d’Aube/Nocturne, le plus récent album de la formation.

Louis Plouffe, aux saxophones alto, ténor et soprano, assure principalement les lignes mélodiques des compositions. La formation enchaîne avec Houdini.

La bière coule à flots, les serveurs du Dièze Onze se promènent entre les membres attentifs du public pour leur servir de succulents repas.

Minville prend la parole entre deux pièces pour remercier le public, et ajoute dans la foulée que Solarium ne s’est plus produit au Dièze Onze depuis près de quatre ans.

Tiens, il ne se serait pas passé quelque chose depuis? Quelque chose qui a contraint les salles de fermer leurs portes? Oublions-le.

La musique de Solarium est éclectique, intègre des éléments de l’ancien jazz sur une base moderne. Adria est sombre, Opal respire la légèreté d’un folk rural, par exemple.

La musique de Solarium ne révolutionne pas le jazz, mais offre un moment très agréable à l’auditeur moyen, de la part d’excellents musiciens. Que demander de plus?

 

Nébuleux et intriguant

Le temps de se rendre jusqu’au mythique Esco, quelques minutes avant la fin de la performance de Solarium, le trio alternatif Sun Entire achève sa performance à peine une trentaine de minutes après 20h. Seulement un maigre fragment sera entendu. Dommage, ce sera pour la prochaine fois.

En parlant de la marche entre les deux salles, la fraîcheur caresse bel et bien les joues des passants de la rue Saint-Denis, mais pas agressivement, au contraire. Une douce brise d’avril de février (zut, encore) accompagne les intéressés.

Bientôt la fin de l’Igloofest, on suppose?

Laurence-Anne monte sur la scène à 21h, devant un Esco rempli, munie d’une tenue de moine sur Supernova.

La proposition de Laurence-Anne est planante, psychédélique, brumeuse, les couches de synthétiseurs oppressants se superposent.

Les sonorités sont parfois trop abstraites, mais la proposition ne manque pas d’originalité. Laurence-Anne interprète notamment des titres de son dernier opus, Oniromancie.

Le « mythiquissisme » Quai des brumes accueillait quant à lui, au même instant, l’auteure-compositrice-interprète de Limoilou Safia Nolin.

Le public est serré comme jamais, et essaie de ne pas manquer une miette de la proposition de Nolin. L’artiste ne s’éloigne pas des avenues qui ont tracé son succès, en s’adonnant à des chansons tristes, plaintives, sur une touche d’humour maladroit, devant les yeux attendris du Quai des brumes.

« C’est une chanson vieille. Quand je pensais que j’étais hétéro, c’est vieux, vieux là. Une autre vie », énonce Safia Nolin, avant d’interpréter Acide, de son premier album paru en 2015.

« Après la chanson hétéro, voilà une Lesbian Break-up Song », dit Nolin sous les acclamations amusées, jouant un morceau portant littéralement cette appellation.

La complicité entre Nolin et son ami guitariste, Marc-André Labelle, est palpable. L’artiste de Québec montre au public un magazine sur le thème de Labelle entre deux chansons, avec des dessins minimalistes le représentant. L’item était d’ailleurs vendu à la table de merch du Quai des brumes.

Un beau geste de la part de l’étoile du spectacle, de donner autant de lumière à un musicien accompagnateur.

Un comportement que l’on ne perçoit pas toujours sur scène. Même entre amis.

 

Dans la Taverne

À 22h se produisait BoBo OnO, alter ego de Nicolas Beaudoin, dans la Taverne Saint-Sacrement. L’endroit n’accueille normalement pas de spectacles, et cela se ressent.

Quelques dizaines de personnes sont entassées à l’avant de l’établissement, pendant que d’autres membres du public essaient de gratter des miettes de la performance de l’artiste en s’asseyant sur les tables dans le fond, histoire de gagner un ou deux mètres de hauteur.

En voilà, un charme propre au Taverne Tour. Ces bars fréquentés tout au long de l’année deviennent le temps d’une fin de semaine, le temps d’un spectacle, le temps de quelques accords des lieux encore plus effervescents, encore plus attrayants qu’à l’habitude. L’émergent montréalais et d’ailleurs est accueilli à coup de pintes et d’éclats de sourires.

Le temps d’un Taverne Tour.

BoBo OnO montre le visage d’un personnage haut en couleur, offrant des compositions entraînantes entre le psychédélique, le blues et le rock.

 

Finir dans le chaos

Danny Orlowski et Tommi Kelly, connus sous le nom de Deli Girls, se produisaient au Ministère de 23h à minuit.

Et la proposition déstabilise, c’est le cas de le dire.

Le duo new-yorkais présente une musique oppressante, glauque, voire violente, devant des expérimentations auditives et visuelles électroniques agitées.

Le mosh pit est constant, les éclairages virent dans tous les sens.

Le cœur bat à mille à l’heure.

Le Taverne Tour se poursuit le vendredi 9 et le samedi 10 dans divers établissements du Plateau-Mont-Royal.

 

Photos en vrac

Laurence-Anne

 

Safia Nolin

 

Deli Girls

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