crédit photo: Normand Trudel
Steve Hackett

Steve Hackett | Grand Théâtre de Québec | Tout Simplement Grandiose !

Le spectacle de Steve Hackett, ancien guitariste émérite de Genesis, était initialement prévu en mars 2022, mais a dû être reporté à ce dimanche soir, en raison d’une épidémie de Covid au sein du groupe.

Qu’à cela ne tienne, c’est maintenant le moment des retrouvailles avec la Capitale Nationale, ville qui a été témoin des premiers balbutiements de la glorieuse époque de Genesis avec le chanteur Peter Gabriel comme figure de proue.

Selon les maniaques de musique progressive, c’est à Québec que tout a commencé pour les Britanniques. L’histoire d’amour commence donc le 3 mars 1973 alors que ce même Grand Théâtre accueille les cinq musiciens inquiets de l’accueil qui leur sera réservé. Ce fabuleux concert devient une légende et marque l’histoire d’une génération. Encore aujourd’hui, peu de personnes peuvent se vanter et avec raison, d’avoir assister à ce spectacle grandiose.

N’étant pas né dans la bonne décennie, je n’ai pu assister à un concert de Genesis avec Phil Collins comme chanteur qu’en 1982 au Parc Jarry de Montréal. Un spectacle mémorable pour moi, mais qui n’avait rien à voir avec ceux du théâtral chanteur Peter Gabriel. Dès l’âge de 14 ans, j’ai été initié à l’univers de Genesis par l’album Live de 1973, mais surtout par Seconds Out, paru en 1977. Bien que j’aimais le premier, beaucoup plus pesant, mais aussi plus rock, le deuxième m’apparaissait plus travaillé musicalement avec des sonorités plus raffinées. Si quelqu’un m’avait dit que j’aurais la chance d’assister à l’intégralité de Seconds Out en spectacle, je ne l’aurais pas cru !

J’ai vu Steve Hackett en spectacle à bon nombre de reprises au fil des décennies. Mon plus grand plaisir était de pouvoir entendre de nouveau le matériel de Genesis plutôt que les chansons de ses différents albums studio. Je trouvais que ses albums étaient inégaux et décousus.

De plus, pour ses talents de chanteur, je préférais passer mon tour. Il y a certes d’excellentes chansons sur les premiers albums Voyage of the Acolyte, Please Don’t Touch, Spectral Mornings et Defector, mais il y avait toujours un petit quelque chose qui m’agaçait. Ce n’est qu’à la sortie de l’album Genesis Revisited en 1996 que l’intérêt est revenu. Avec cet opus, Hackett rendait hommage en quelque sorte au groupe qui l’avait fait connaître. Le guitariste y faisait une relecture plus moderne de pièces maîtresses de son défunt groupe.

Ayant produit pas moins de 27 albums divers depuis 1975, le guitariste de 72 ans nous amène donc ce soir au pays des rêves les plus fous en interprétant pour la tournée Genesis Revisited 2022 – Seconds Out + More ! ce qui représente pour moi la crème de la crème du matériel de Genesis entre 1971 et 1977.

La première partie du spectacle est consacrée à l’interprétation de matériel solo d’Hackett finissant avec par l’interprétation de la magnifique pièce Shadow of the Hierophant tirée de l’album Voyage of the Acolyte paru en 1975. C’est l’ovation monstre!  M. Hackett nous demande de patienter pour un entracte d’une vingtaine de minutes afin de vivre l’expérience Seconds Out dans intégralité en deuxième partie de concert.

L’album Seconds Out est interprété de façon magnifique ! L’ajout du saxophone, de différentes flûtes, claviers supplémentaires et percussion du multi-instrumentiste Rob Townsend,  rehausse la version 2022 des pièces maîtresses de la belle époque progressive de Genesis avec Peter Gabriel et plus tard Phil Collins comme chanteur principal.

Partenaire de longue date de Hackett, le claviériste Roger King impressionne encore une fois de par la justesse de la banque sonore de Tony Banks, compositeur émérite du groupe britannique. Au-delà de la sonorité, King démontre une virtuosité incommensurable absolument parfaite.

Le chanteur Nad Sylvan est encore une fois des plus flamboyant devant son micro. Le registre vocal des deux chanteurs originaux étant très différent, Sylvan semble pourtant être plus à l’aise à interpréter le répertoire écrit avec Peter Gabriel plutôt que celui de Phil Collins. Plus le concert avance et mieux se porte sa voix.

Nouveau venu cette année pour la tournée Seconds Out, le bassiste-guitariste suédois Jonas Reingold (The Flower Kings) tire agréablement son épingle du jeu et fait allègrement claquer sa basse Rickenbaker à l’instar de Mike Rutherford.

Dernier nouveau venu, Nick D’Virgilio (Spock’s Beard – Big Big Train) vient tenir la batterie à l’arrière du grand maître Hackett. D’Virgilio n’est pas en terrain inconnu ayant été choisi pour participer à l’obscur album de Genesis Calling All Stations paru en 1997 alors que Collins avait quitté le vaisseau mère.

Steve Hackett n’a plus besoin de présentation. Le petit bonhomme de 72 ans, a roulé sa bosse avec Genesis lors de l’époque la plus progressive du groupe entre 1971 avec Nursery Cryme jusqu’à 1976 pour Wind & Wuthering. S’ensuit une longue liste d’albums solos et de collaborations ponctuelles dont le succès commercial obtenu avec le guitariste de Yes, Steve Howe, pour l’album éponyme de GTR en 1985.

Le chevalier noir du progressif peut se targuer d’être le seul membre original de Genesis à perpétuer la musique de la plus prolifique du groupe. La période se situant entre 1971 et 1977,  représente pour moi la quintessence même du genre ayant en plus la qualité de se bonifier avec le temps.

Hackett à l’humilité de donner énormément de place à ses musiciens et c’est tout à son honneur. Pour ma part, le claviériste Roger King fut indéniablement la grande vedette de la soirée, excellant dans l’art d’interpréter à la perfection les parties instrumentales de Tony Banks. L’album Seconds Out était une captation en concert enregistrée en concert à Paris. En écoutant de nouveau ce classique, vous dénoterez que les claviers sont beaucoup plus en avant que les guitares dans la production finale, preuve même encore aujourd’hui de la modestie de Steve Hackett envers son art.

Un concert dense et compact de près de 120 minutes devant une salle comble. Les musiciens autant que les spectateurs dont la plupart dans la soixantaine sont comblés. Le groupe restera longuement sur scène afin de savourer l’instant présent et multiplier les poignées de main aux admirateurs de l’avant-scène.

Je peux mettre un crochet sur la liste des spectacles dont je ne pensais jamais avoir la chance de voir une fois dans ma vie ! Tout simplement grandiose!

 

Grille de chansons de Steve Hackett

Ace of Wands
The Devil’s Cathedral
A Tower Struck Down
Solo de basse
Shadow of the Hierophant

Seconds Out

Squonk
The Carpet Crawlers
Robbery, Assault and Battery
Afterglow
Firth of Fifth
I Know What I Like (In Your Wardrobe)
The Lamb Lies Down on Broadway
The Musical Box
Supper’s Ready
The Cinema Show
Aisle of Plenty

Rappel:

Dance on a Volcano
Solo de batterie
Los Endos / Slogans

 

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