crédit photo: Nicola-Frank Vachon
S'aimer ben paquetée

S’aimer ben paquetée à la Licorne | Entre rires et larmes

Une femme seule sur scène nous raconte sa relation à l’alcool, qu’elle côtoie depuis son plus jeune âge. Elle aborde avec humour la question de la dépendance a cette drogue si banalisée dans notre société. La pièce S’aimer ben paquetée, écrite par Cristina Moscini et interprétée par la comédienne Ariel Charest, est à l’affiche du Théâtre la Licorne du jusqu’au 24 novembre.

Aborder un sujet sensible avec humour

La pièce aborde principalement le sujet de l’alcoolisme, mais ce n’est pas le seul sujet un peu tabou qui figure dans la représentation : agression sexuelle, inceste, alcool, drogues et dépression ont tous une place plus ou moins importante dans le récit. Bien que ce ne soit pas des sujets simples à aborder, le texte de Cristina Moscini en parle avec justesse et permet d’empêcher les malaises tout en poussant le public à réfléchir à ces questions.

Ce qui permet à la pièce de si bien fonctionner, c’est le fait que ces sujets dramatiques soient abordés avec beaucoup d’humour. Tout au long de la représentation, le public rit en choeur et sans se retenir.

L’histoire est racontée avec un langage assez cru et familier, ce qui permet de donner une ambiance assez intimiste à la pièce. On dirait que le personnage s’adresse au public comme elle s’adressait à des amis, ce qui rend le récit captivant.

L’actrice passe de blagues à des phrases profondes voire bouleversantes avec brio, en permettant au public de ressentir le côté triste et émouvant de l’histoire sans pour autant faire descendre leur moral.

Une performance bluffante

Malgré une bonne dose d’humour et de rires, certains passages sont assez intenses, notamment lorsque les questions de la dépendance et l’idée que le personnage avait l’impression qu’il n’était pas possible de s’en sortir. Ariel Charest incarne son personnage à la perfection, elle parvient à faire oublier qu’on se trouve devant une pièce de théâtre et pas juste devant une femme qui nous raconte son histoire personnelle.

Il est également assez simple de s’identifier au personnage, même sans avoir vécu un quart de ce que le personnage a traversé, chacun peut se reconnaître dans certains passages, comme le simple fait de boire avant d’aller en soirée pour se donner du courage.

Toutes les émotions du personnage, que ce soit la tristesse, la douleur, la joie, et bien d’autres, ont l’air d’appartenir à Ariel Charest, ce qui rend la pièce d’autant plus bouleversante. Si on me disait que c’était son histoire personnelle qu’elle était venue raconter sur scène, je n’aurais aucun mal à le croire. Ses émotions semblent réelles et extrêmement touchantes. Elle parvient même à donner l’impression que certaines parties de l’histoire sont encore difficiles à raconter pour elle.

Un monologue dynamique

La pièce dure 1h05, ce qui pourrait, peut-être, sembler long pour un monologue. Pourtant, en sortant de la salle, j’avais l’impression que seulement 20 minutes s’étaient écoulées. Je n’avais pas envie que ça s’arrête, j’étais prête a encore écouter le récit de cette jeune femme moderne, touchante, drôle et forte.

Les jeux de lumières et quelques passages musicaux aident à rendre la pièce plus dynamique. Mais je pense que la présence de l’actrice sur scène y est également pour beaucoup. Elle ne fait pas un monologue monotone, il est au contraire très vivant. Il y a de nombreux changements dans le ton de la voix de l’actrice, elle se déplace sur scène… Par moment elle se met même à danser sur scène, pour aider le public à visualiser ce dont elle parle, comme si le personnage revivait les soirées qu’elle est en train de raconter.

Une pièce vraiment dynamique, où l’on n’a pas vu le temps passer.

S’aimer ben paquetée, de Cristina Moscini, est à l’affiche de la Petite Licorne du 30 octobre au 24 novembre 2023. Billets par ici.

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