crédit photo: Arach' Pictures
Les Trois Accords

Les Trois Accords à la Place des Festivals | Ouvre tes yeux Simon, tu clôtures Juste pour rire

En ce samedi 29 juillet, Les Trois Accords assuraient la dernière tête d’affiche de la programmation extérieure et gratuite de cette 41e édition de Juste pour rire. Succès après succès, la formation a brillé durant plus d’une heure et demie sur une Place des Festivals bondée, réussissant avec aisance cette dure tâche qu’est celle de conclure le festival montréalais.

Suivant de courtes publicités projetées sur les écrans de la scène Beneva, les membres des Trois Accords sont accueillis en héros par la foule présente sur la Place des Festivals, sous une musique classique épique et les acclamations de tous.

Le groupe débute par une interprétation d’Internet, tirée de leur album paru en octobre dernier, Présence d’esprit, en force et en énergie.

Seulement, le public ne réagit pas autant qu’il dansera, chantera plus tard.

Internet n’a certainement pas rencontré le même succès que d’autres compositions du groupe par le passé, mais l’entrée en matière permet tout de même de pleinement constater l’évolution artistique des Trois Accords depuis les quelques dernières années.

À l’inverse de ce récent morceau, Simon Proulx et ses partenaires enchaînent avec un vieux classique, au nom d’Hawaïenne, tiré de leur premier projet, Gros Mammouth Album, dont la réédition fêtera l’année prochaine son 20e anniversaire.

Car Les Trois Accords collectionnent les tubes comme Ginette Reno compte des interprétations de l’hymne national au Centre Bell à son actif.

Dès les premières notes de Dans mon corps ou de J’aime ta grand-mère (une mention au réalisateur du concert, qui a décidé de projeter des plans de femmes plus âgées durant le segment, pas un pur hasard évidemment), pour ne nommer que celles-ci, le public chante en chœur et par cœur et semble connaître presque l’entièreté du concert sur le bout de ses doigts.

Entre les titres interprétés, les interventions de Simon reflètent l’esprit propre au groupe québécois : percutantes et décalés.

Alors que le chanteur confesse un passé criminel des membres, continuant sur le récent Vol à l’étalage, Proulx explique encore dans une courte histoire – totalement pas inventée! – avoir retrouvé Alexandre Parr au poste de police, après que celui-ci s’était dévêtu sur une plage n’accueillant habituellement pas les nudistes, l’événement leur ayant inspiré l’écriture de Tout nu sur la plage.

 

Un invité spécial

Après une version live du morceau Bamboula, Simon Proulx raconte à quel point, à certains instants, il estime que les mères des membres du groupe seront fières de leurs fils quand la formation termine une session en studio, avant d’enchaîner avec Je me touche dans le parc, le contraste entre le discours et la musique proposant l’un des segments les plus drôles de la performance.

Gus Van Go, producteur des Trois Accords et membre de Me Mom and Morgentaler, foule ensuite les planches, pour que les musiciens réunis sur scène interprètent le titre Héloïse, composition du groupe de l’invité.

Le visage de Gus Van Go ne semble pas être connu du grand public, mais sa modeste notoriété ne rime pas forcément avec son impact sur la musique; ayant entre autres travaillé avec Robert Charlebois ou Les Cowboys Fringants, le producteur en est déjà à sa sixième collaboration studio avec Les Trois Accords, son court passage sur scène somme toute assez logique.

 

Rire, le meilleur remède

Les Trois Accords misent sur des chansons efficaces tout le long de cette clôture du festival JPR, aux mélodies exaltantes et aux textes cocasses, créatifs.

Évidemment, on reste loin de la plume de Robert Plant sur Stairway to Heaven ou celle de Jacques Brel dans Ne me quitte pas, mais là réside la force même des Trois Accords.

La formation parvient à toucher à des sujets sensibles sans brusquer dans leurs morceaux, grâce à une écriture généralement humoristique et légère, notamment en abordant la transidentité sur Elle s’appelait Serge ou la maladie durant l’interprétation du morceau Le bureau du médecin, le quatuor troquant toujours ce caractère sérieux pour le plaisir au cours de sa performance.

Après tout, pourquoi se prendre la tête, il n’y a que trois accords dans ces chansons!

En ne se penchant que sur la musique, et vaguement sur les paroles, Les Trois Accords pourraient apparaître comme un groupe pop lambda de Drummondville, mais une couche supplémentaire démarque les musiciens d’autres artistes similaires composant la scène québécoise actuelle, les plaçant assurément comme la référence première dans ce style.

Ajoutez à cela un Simon Proulx charismatique, énergique, des chansons aux influences variées et des projections psychédéliques, et vous voilà avec une prestation parfaitement maîtrisée de bout en bout par le groupe.

Après avoir entre autres interprété la chanson la plus douce et sentimentale du passage, mais toujours à leur manière, soit Les dauphins et les licornes, ou suggéré au parterre de sauter dans les dernières secondes de Caméra vidéo, Les Trois Accords terminent leur passage à Juste pour rire avec Grand champion, puis Ouvre tes yeux Simon!, chanson drôlement autobiographique lorsque Simon confesse – et reproduit les paroles sur le moment – qu’il aperçoit souvent peu de choses devant lui lorsqu’il chante.

Il manque encore deux ou trois morceaux, non?

« Rebonsoir Montréal, nous sommes toujours Les Trois Accords! », crie Simon Proulx quelques secondes après être retourné sur la scène Beneva.

Les musiciens regagnent rapidement leurs instruments, font danser le public malgré lui sur un enchaînement de Corinne et St-Bruno (Nuit de la poésie III), avant de calmer les ardeurs avec Saskatchewan, le dernier titre de la soirée.

La Place des Festivals bondée vacille de gauche à droite sur le morceau, les milliers de personnes présentes chantant à tue-tête « jusqu’à ce que les gens nous entendent jusqu’au fond de Montréal, jusqu’à Valleyfield, jusqu’en Saskatchewan », encourage le meneur des Trois Accords.

Année après année, un plaisir de constater à quel point la culture intéresse encore et toujours les Montréalais.

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