crédit photo: Rose Cormier
Festival Nuits Psychédéliques

Les Nuits psychédéliques de Québec | Soirée 3 : un vortex sonore avec Yoo Doo Right, Alex Zhang Hungtai et Solipsisme

La troisième soirée des Nuits psychédéliques de Québec s’est déroulée le 4 mai dernier dans une salle presque comble. Chaque jour, il y avait un nombre croissant de spectateurs, ce qui représente une bonne nouvelle!

Ce soir, on recevait deux groupes, Solipsisme et Yoo Doo Right, qui avaient déjà été invités pour l’édition de 2022, mais en pleine pandémie. Cette édition avait un peu passé sous silence, mais ce soir, on les retrouve pour la grande célébration des dix ans du festival. Sur un des murs du Pantoum se trouvaient des projections faites par Mya Perrier qui récapitulent les dix ans du festival avec les affiches des programmations passées.

Solipsisme

Pour débuter la soirée, c’est Solipsisme qui monte sur scène, un groupe de rock psychédélique de Montréal formé en 2022 par des musiciens d’expérience, dont François Lemieux à la voix, à la guitare et aux claviers, Xavier Laprade à la batterie, Taylor William Fitzpatrick Johnson aux claviers, Samuel Gadreau à la guitare, Maxime Doyer à la basse et la voix et Paige Dipiazza-Barlow à la voix et aux percussions.

Le spectacle commence tranquillement avec une certaine lenteur. C’est planant. François Lemieux, aussi membre de Milanku, joue une guitare à douze cordes. La musique du groupe comporte diverses textures, et c’est satisfaisant. On entend des coups de maracas et chaque instrument avec précision.

La chanteuse Paige Dipiazza-Barlow joue du tambourine et sa voix mélodieuse est comme un phare de féminité au sein du groupe. Sa présence dans les rangs de Solipsisme est merveilleux. Les jolis carillons tubulaires qu’elle joue ont quelque chose de féérique.

Tous les membres de groupe se prêtent au chant, même le batteur. Aucune voix ne surpasse elle des autres, et en fait, Solipsisme laisse beaucoup de place à la musique instrumentale. Les voix ne sont que des accompagnements, mais elles créent des textures variées.

Les chansons du groupe sont réellement issues d’un psych rock pur. Les riffs psychédéliques répétés à différentes vitesses ont quelque chose d’hypnotisant. Les chansons de la prestation se ressemblent un peu, mais c’est voulu. C’est le genre de musique qui le prescrit. Après tout, cela apporte une certaine harmonie : le concert est comme un fleuve.

Le public a droit à une nouvelle chanson qui n’est pas encore sortie et qui paraîtra sur le prochain album. Elle est bien rythmée, festive et plus rapide que les chansons jouées précédemment. Ensuite, au milieu de la prestation, on assiste à un mini jam. Pour la fin de leur prestation, la musique est un peu plus déjantée, rapide et loud.

Alex Zhang

Pour la deuxième partie du spectacle, c’est Alex Zhang Hungtai qui fait son entrée sur scène. Il s’agit d’un artiste montréalais originaire de Tapei plus connu comme membre de Dirty Beaches, un projet mêlant post-rockabilly, lo-fi et musique ambiante.

Il est seul sur scène, tout comme Andy Boay lors de la première soirée. Avec lui, un ordinateur portable et un beatmaker. Ça a des airs de DJ set intergalactiques. Sa musique est pratiquement juste instrumentale, et la plus expérimentale de tout le festival. L’artiste se permet vraiment d’aller dans des territoires inexplorés. Au fil des chansons, on peut entendre des bruits de robot et des sons presque extraterrestres. On est vraiment ailleurs.

Il y a des moments où les sons sont caverneux et cacophoniques, puis où les chants (ou plutôt les cris) produisent de l’écho. Alex Zhang Hungtai a même joué du saxophone, ce qui a ajouté à son ambiance mystérieuse. Le son est planant et quelques chants sont parsemés dans la prestation.

Certaines chansons ont un rythme plus dansant, qui serait digne d’un rave. La foule confuse se demande si elle doit danser. Les gens à l’avant et un peu partout se prêtent au jeu tout en restant plutôt timides.

Malheureusement, par d’autres moments, des gens en profitent pour jaser, car la musique fait plus ambiance de fond que spectacle en tant que tel. D’autres personnes semblent attendre impatiemment l’arrivée de Yoo Doo Right. Sûrement que ce genre de soirée aurait plus « levé » dans un autre lieu que le Pantoum, même s’il collait bien au thème des nuits psychédéliques. Les avis semblaient mitigés, quoique plusieurs personnes ont semblé bien aimer cette prestation.

L’ambiance était un peu plus house à la fin, mais somme toute dure à décrire, puisqu’il s’agissait avant tout de musique ambiante.

Yoo Doo Right

On avait été avertis, les bouchons sont de mise pour la prestation de Yoo Doo Right, un trio de krautrock et noise rock montréalais composé du bassiste Charles Masson, du batteur John Talbot et du guitariste Justin Cober, qui également aux synthétiseurs. Les bouchons étaient donnés avec une affiche sur laquelle il était inscrit « For God’s sake take them » (pour l’amour du ciel, prenez-les), si je me rappelle bien. C’est ce qui annonce une prestation tonitruante dans un éclairage rouge des plus sombre.

Le spectacle commence lentement, question d’habituer nos oreilles et de progresser vers des décibels sûrement plus hauts que 120 DB. Même si les premières notes sont plus calmes, c’est déjà loud. Le groupe procure un juste équilibre entre rythme et lenteur.

Il n’y a eu que de rares moments avec des paroles pour l’instant, mais ça marche bien. Le côté expérimental et instrumental de Yoo Doo Right est vraiment leur force et ça nous laisse apprécier toute la complexité de l’architecture des sons qui se superposent.

On se sent transporté par le rythme. Le batteur frappe ses tambours de toutes ses forces et les musiciens énergiques sautent sur scène et jouent de leur instrument brusquement. Le groupe a décrit sa musique comme un son qui s’apparente à un accident de la route au ralenti et ils ont totalement raison. Cette déclaration prend tout son sens en direct. Les gens font du headbang et semblent unanimement enthousiastes.

Par moments, Yoo Doo Right nous déchire les tympans avec leur succulent noise rock et la façon dont le guitariste qui fait crié sa Jaguar. Le tout doit résonner dans tout le complexe du Pantoum, mais heureusement, on porte des bouchons pour apprécier le tout à sa juste valeur. Par d’autres moments, il nous ensorcelle dans des rythmes de synthétiseurs mélodieux plus aérés et à tendance shoegaze. Le tout toujours teinté de psychédélisme. Cela démontre la polyvalence et le talent des musiciens.

À la fin, les gars de Yoo Doo Right s’exclament : « Bon, ben, on va en jouer une autre! ». Même s’il s’agissait d’une seule chanson, elle se développe d’une telle façon que ça pourrait en être plusieurs. La fin est électrisante, on peut presque entendre l’électricité grésiller dans l’ampli.

À un certain moment, vers la fin, on a l’impression d’entrer dans un vortex, on est aspiré dans un trou noir supermassif. Le son de foudre créée par les instruments déchaînés sonne le glas de l’humanité. C’est l’hymne de la fin du monde à laquelle on assiste. Longue chanson finale d’au moins une dizaine de minutes qui se termine de façon harmonieuse, telle une lueur d’espoir.

Les Nuits psychédéliques est un festival incontournable pour les amoureux de l’art psychédélique et expérimental depuis maintenant dix ans. Tous les mélomanes de Québec le connaissent, mais il commence à rayonner hors de la ville. À l’affiche, on retrouvait des groupes ultra excitants de l’international, et une place de choix est réservée aux groupes de Québec. C’est un rendez-vous à ne pas manquer encore l’an prochain.

Vous pouvez aussi lire notre retour sur la première soirée du festival ici, ainsi que celui de la deuxième soirée ici.

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Alex Zhang Hungtai

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