crédit photo: Morgane Dambacher
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La Femme au MTelus | Les charmes de leurs défauts

Était-ce le chauffage du MTelus alors qu’il faisait vraiment doux dehors en ce 11 novembre visiblement sponsorisé par le réchauffement climatique ? Dans tous les cas, il régnait une chaleur étouffante dans la salle de la rue Ste Catherine pour l’étape montréalaise de la tournée nord-américaine du groupe La Femme.

À 21h02, la voix de Leonard Cohen retentit : en clin d’œil à leur ville d’accueil pour la soirée, le groupe français La Femme débarque sur scène au son du plus célèbre des Montréalais. À l’exception du batteur à l’arrière de la scène, les cinq autres membres vont alterner entre guitare, basse, claviers et chant, dans un joyeux bordel. Visuellement, l’idée rendait bien, mais cela limitait aussi significativement leur liberté de mouvement, et les forçait à ne se déplacer qu’en bord de scène.

Connus pour apparaître sur scène déguisés, nous avions hier soir, sans aucune cohérence mais avec beaucoup de malice, un rockeur des années 80, un squelette essayant de se protéger de la pluie inexistante en ciré transparent, une Mime Marceau/clown triste/Anna Karina dans un film de Jean-Luc Godard (ce n’est pas une science exacte !), un sosie de la chanteuse Françoise Hardy en frange, robe style années 1960 et bottes blanches vernies, et pour les deux derniers membres, des tenues trop simples pour être identifiées en tant que déguisements. On a d’ailleurs pu apercevoir dans la foule compacte deux perruques fluo, certainement pour faire écho à l’exubérance vestimentaire du groupe.

Pour celles et ceux qui ne les connaîtraient pas, La Femme chante principalement en français, mais aussi en anglais avec un accent non dissimulé, et même en espagnol dans leur album Teatro Lúcido. Le verbe « chanter » est parfois d’ailleurs exagéré, car sur certaines chansons il s’agit plutôt de « parler avec un fond musical en arrière-plan ».

Les paroles sont très simples, les mélodies entêtantes. Leur style musical est à chercher du côté surf rock – d’ailleurs ni leur public ni eux ne rechignent à littéralement surfer sur la foule – et du yé-yé, qui colle d’ailleurs parfaitement à l’esthétique des tenues des chanteuses au MTelus hier soir. Il y a clairement une ambiance « films de la Nouvelle Vague », ce mouvement artistique et surtout cinématographique des années 60, qui émane de La Femme, pour le meilleur — le charme suranné et très français (ou du moins européen) de leur art – et pour le moins bon, c’est-à-dire une certaine lassitude face à la répétition d’une recette qui tourne dans leur cas depuis 2013.

2013 est en effet la date de sortie de la chanson qui les a fait connaître et qui n’a pas pris une ride, Sur la Planche : le surf, encore et toujours! Pas étonnant quand on sait que le duo fondateur du groupe vient de Biarritz, sur la côte basque française, lieu de prédilection pour les surfeurs. Ce hit et d’autres, comme Elle ne t’aime pas (album Mystère, 2016), a fait sauter le public de la fosse du MTelus, pendant que la mezzanine, remplie également, hochait gentiment de la tête. L’endurance du groupe est d’ailleurs plutôt impressionnante, car leur set a duré 1h45 si l’on compte le rappel triomphant, et ce quasiment sans aucune pause discussion.

Nul doute que pouvoir répartir l’effort à fournir sur six membres, ou même cinq puisque seul le batteur ne changeait jamais de poste, aide à tenir sur la longueur, pour le plus grand plaisir de leurs fans. Et même si l’on reste quelque peu sceptique face à l’ensemble de la performance, La Femme semblait avoir comblé le MTelus hier soir.

Première partie : Sam Quealy

La première partie était assurée par la chanteuse australienne Sam Quealy, qui est ensuite revenue à quelques reprises pendant le set des stars de la soirée pour chanter ou pour un mini wall of death (« mur de la mort ») où la foule préalablement séparée en deux côtés se fonce dessus…


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