crédit photo: Normand Trudel
Commission Brassicole

La Commission B 2023 en trois temps

Le week-end dernier, Les Grands Bois conviaient les gens à la Commission B, un rassemblement annuel, musical et gourmand en toute simplicité au cœur du village de Saint-Casimir. Au menu, trois jours de festivités avec une programmation musicale  festive et éclectique, de la bière, du cidre et des spiritueux, des kiosques gourmands et de l’animation. Notre collaborateur Luc Drapeau y a assisté.

Jour 1

Ce vendredi 16 juin, alors que la météo menaçait de jouer les trouble-fêtes, les festivalier·ère·s affluaient de tous les coins du Québec, fièrement vêtu·e·s aux couleurs de leurs artistes préférés. Que ce soit à travers des t-shirts, des patches sur leurs vestes en jean ou d’autres signes distinctifs, chacun·e exprimait son attachement autant à des groupes affiliés qu’à des styles musicaux variés, un spectre qui s’étendait d’Orbituary, un groupe de death metal américain, à Guylaine Tanguay, une chanteuse country québécoise.

 

Keith Kouna, Les Deuxluxes, Québec Redneck Bluegrass Project (QRBP)

Parmi la foule qui attendait Keith Kouna, l’éclectisme était tout aussi à l’honneur. Les fans des Goules, le premier groupe de Sylvain Côté en tant que parolier et chanteur, côtoyaient ceux et celles des différentes œuvres de Keith Kouna depuis 2008.

Le répertoire varié du natif de Saint-Augustin-de-Desmaures et de ses acolytes a été abondamment exploré pour satisfaire les publics réunis. À travers les 23 titres interprétés lors de la performance, le groupe a offert un peu de tout à ceux et celles qui ont été séduit·e·s par sa musique à différents moments de sa carrière, démontrant ainsi l’inépuisabilité du thème de la bêtise humaine. Les chansons ont alimenté tant la révolte des insoumis·es que la subtile rébellion de ceux et celles qui souhaiteraient briser le silence socialement construit.

C’est ensuite avec I Am the Man, tirée de leur plus récent album Lighter Fluid, que Les Deuxluxes (Étienne Barry et Anne Frances Meyer) ont fait une entrée remarquée, vêtus de manière extravagante.

Assumant tous les aspects de leur musique, les deux complices ont offert une prestation impressionnante et généreuse, qui s’est étendue sur 16 titres. Parmi ceux-ci, on retrouvait Vacances Everest, l’une des deux pièces en français qui démontre la grande habilité du groupe à passer d’une langue à l’autre.

À souligner également : l’utilisation de la flûte traversière, qui apporte une couleur unique à la chanson For I Myself, deuxième instrument que la chanteuse qu’elle l’utilise davantage dans le projet à saveur néo-disco, Barry Paquin Roberge (BPR), dans lequel son comparse est également impliqué.

Changement de niveau de langue maintenant pour s’accorder à Québec Redneck Bluegrass Project (QRBP) : à 22 heures piles, trois heures après que Keith Kouna ait droper le mike, pendant que les festivalier·ère·s ont l’estomac plein pis la gueule ben mouillée avec les frettes des Grands Bois, QRBP a hérité d’un terrain propice pour semer ses tounes teintées d’épopées, d’alcool et de réjouissances.

Les membres du groupe étaient survoltés, en parfaite symbiose avec la foule en délire, sans jamais faiblir jusqu’à l’ultime chanson, T’as-tu tué ?, extraite de leur quatrième album Royale Réguine sorti en 2016.

 

Du côté de la scène du parc 1 (Dunes – Desert Blues Ensemble)

La révélation de cette soirée reviendra toutefois à Dunes – Desert Blues Ensemble, une coopérative de musiciens composée d’une section rythmique de trois membres, d’un harmoniciste, d’un bassiste et d’un guitariste, menés de main de maître par Jesse MacCormack à la guitare également.

La formation montréalaise a captivé la foule dès les premières minutes avec ses cadences envoûtantes et les jeux subtils et délicats de chaque instrument. Les effets twangy sur les guitares, les rythmes entrelacés des percussions et les échos magiques produits par l’harmonica ont transporté le public dans un état de fascination.

C’est sans aucun doute l’un des moments marquants de cette édition. Les neuf titres interprétés étaient tous aussi solides les uns que les autres, incluant une reprise des Beatles, Get Back.

Jour 2

Les impromptus

Malgré un départ timide avec une météo défavorable, les festivalier·ère·s ont tenu bon et profité des activités qui se sont enchaînées dès 13h00.

Le public a savouré les kiosques brassicoles et les stands gourmands en profitant de l’animation de rue, à laquelle les musicien·ne·s de la Fanfare de l’île ont généreusement participé.

 

À noter également : les moments musicaux improvisés intitulés « Jazz Impro et fanfare », où des improvisateurs talentueux et des membres de la Fanfare de l’île ont uni leurs forces pour animer le festival. Nous avons eu la chance de découvrir les talents d’improvisation de Frédérick Desrochers, claviériste qui accompagnait Keith Kouna la soirée précédente, ainsi que du guitariste Martien Bélanger, également co-créateur de la Ligue d’Improvisation Musicale de Québec (LIMQ).

Alexandra Lost, comment debord, Bleu Jeans Bleu (BJB), Narcisse

À 16h15, la formation de Saint-Casimir Alexandra Lost a ouvert cette deuxième journée de festivité avec une prestation fort honorable malgré une pluie qui semblait ne jamais vouloir s’arrêter et un enthousiasme dans la foule qui se faisait attendre. Il a fallu quelques morceaux avant que le charme n’opère et que le groupe déploie ses mélodies efficaces et ses rythmes accrocheurs.

Ensuite, le septuor comment debord a pris d’assaut la scène pendant un peu plus de 45 minutes, puisant principalement dans son album homonyme sorti en 2020 ainsi que dans son prochain opus à paraître le 1er septembre prochain. La musique du groupe, à la fois groovy et décontractée, mêlant des sonorités rétro et des textes modernes, a trouvé un écho auprès de spectateurs et spectatrices qui ont bravé la pluie pour esquisser quelques pas de danse.

Il a fallu attendre l’entrée en scène de la formation Bleu Jeans Bleu (BJB) pour que la frénésie s’empare de ce second jour marqué par un public plus familial que la soirée précédente. Les membres de BJB, avec leur énergie débordante et leur talent pour créer un lien avec la foule, ont réussi à surprendre même les plus allergiques aux succès populaires, tels que Coton ouaté. Ils ont démontré une compétence technique remarquable et une maîtrise habile et efficace de la chanson accrocheuse. Tout au long des dix-huit titres de leur setlist, l’intérêt ne s’est jamais relâché.

La foule a particulièrement apprécié le medley musical où BJB a enchaîné à grande vitesse plus d’une dizaine des plus grands succès de notre époque – de Smells Like Teen Spirit de Nirvana à Master of Puppets de Metallica – avec une virtuosité étonnante.

À 22h30, dans un tout autre registre, Narcisse est venu clore la journée de spectacle sur la scène principale. Jorie Pedneault au chant, dont on ne peut douter du charisme, nous a honoré de son premier album, La fin n’arrive jamais, un projet multidisciplinaire sous forme de documentaire musical traitant de l’identité de genre.

Du côté de la scène du parc 2 (Ojos)

Une autre surprise attendait le public pour un deuxième soir de suite afin de conclure la soirée. Le duo français Ojos a fait une forte impression avec sa pop grunge, ses ambiances sonores et ses textes hypnotisants. La jeune chanteuse, à la voix suave et légèrement éraillée, passant avec aisance du français à l’espagnol, a séduit les festivalier·ère·s qui en redemandaient.

 

Jour 3

En guise de clôture, La Commission B proposait une représentation de musique classique et une chorale Gospel à l’église de Saint-Casimir.

Accueilli dès 10 h sur le parvis de l’église par la Fanfare de l’île, le public était d’abord invité à assister à la prestation du Quatuor Lunes, un collectif autogéré entièrement féminin qui a interprété plusieurs titres de son répertoire, dont une magnifique interprétation de Smile tirée du film Les temps modernes de Charlie Chaplin.

Ensuite, la chorale Gospel est entrée en scène, dirigée par le charismatique chef de chœur Ludovic Dubé, souhaitant faire participer la foule. Cela a donné lieu à une superbe finale, de nouveau sur le parvis de l’église, où les chants et la célébration ont continué avec la participation de la Fanfare de l’île.

Un très grand bravo aux organisateurs de ce festival qui ont su diversifier leur programmation. Des initiatives dont l’écosystème musical québécois a grandement besoin pour assurer sa survie.

 

Photos en vrac du Jour 1

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