Critique Publié le 20 septembre 2025 @ 16h38

Korn au Centre Vidéotron | Juste du vieux, juste du bon

L’air était électrique ce vendredi 19 septembre, et pour une excellente raison : le Centre Vidéotron a accueilli la tournée Kanada 2025, marquant le premier passage de Korn à Québec en près de six ans. L’attente était palpable, comme en témoignait le succès fulgurant des ventes de billets. Cette soirée s’est révélée être bien plus qu’un simple concert : c’était une célébration du métal moderne avec une affiche impeccable, et un crescendo de puissance en trois parties.

Loathe

La soirée a débuté plus tôt que prévu, un fait rare et apprécié, avec la prestation de Loathe. Sur scène, le groupe britannique s’est révélé bien plus lourd que sur ses albums, installant d’emblée une ambiance dense qui préparait parfaitement le terrain pour les basses tonalités de Korn. Une atmosphère très planante a persisté tout au long de leur set, créant une expérience déroutante et unique, un peu comme un concert métal vécu sur un trip d’acide où l’on ne sait pas trop ce qui se passe. Si la vision était intéressante, elle a fini par laisser le public dans un état semi-cathartique, manquant un peu d’action sur la durée. Après une vingtaine de minutes, on sentait que la foule était prête pour le prochain appel. Ce n’était pas mauvais, au contraire, mais leur son aurait peut-être été encore plus à sa place sur la tournée de Deftones la semaine dernière.

Gojira

Lorsque Gojira est monté sur scène, l’intensité a explosé. La mise en place était spectaculaire : du feu dès les premières notes de la pièce d’ouverture, Only Pain, avant même que les lumières ne s’allument. Avec un déploiement impressionnant d’écrans LED et de flammes, c’en était à se demander si les Français n’allaient pas voler la vedette à Korn. La foule était en délire, et le fait d’entendre le chanteur, Joe Duplantier, s’adresser au public en français n’a fait qu’amplifier la connexion et l’intensité. Personne n’est resté indifférent, l’énergie était palpable partout dans les gradins. Musicalement, la prestation était parfaite, avec un son d’une clarté et d’un équilibre impeccables.

Le groupe a enchaîné ses grands succès comme les puissantes Stranded et Silvera, sans oublier la surprenante Mea Culpa (Ah! Ça ira!), reprise qui les a véritablement fait exploser mondialement l’été dernier aux Jeux Olympiques de Paris. Le groupe était tellement sur la coche, tellement dominant, que j’ai ressenti une drôle d’impression : j’avais oublié que Korn suivait. J’avais le sentiment d’être à la fin de la soirée, en train d’assister à une véritable leçon de rock donnée par le groupe principal.

Korn : Le retour des rois

Finalement, j’avais tort. La soirée n’était pas finie, et Korn n’allait pas se faire voler la vedette. Dès que le rideau est tombé sur les premières notes de Blind, on a compris qu’on venait de passer dans les ligues majeures du nu-metal lourd et bruyant, une ligue où Korn règne en roi et maître. Visiblement frais et prêt en ce début de tournée, le groupe a immédiatement enchaîné avec la frénésie chaotique de Twist, avant de lancer l’hymne Here to Stay, faisant trembler le Centre Vidéotron. Jonathan Davis, charismatique, tenait la foule dans le creux de sa main, lui tendant le micro sur les refrains iconiques de Got the Life ou le provocateur A.D.I.D.A.S., au grand plaisir des musiciens qui sautaient partout sur scène.

Sans nouvel album à présenter, le groupe s’est concentré sur ses classiques, et le vieux stock sonne toujours autant comme une bombe. La démonstration s’est poursuivie avec des clins d’œil brillants, comme l’intégration d’un segment de One de Metallica au cœur de Shoots and Ladders, ou du classique We Will Rock You de Queen dans Coming Undone, prouvant que le plaisir de jouer était bien réel. La scénographie était tout aussi magnifique que la prestation, avec un jeu de lumières qui ajoutait à l’effet lourd et puissant. Le rappel a été l’apothéose attendue : Falling Away From Me a été repris en chœur par des milliers de voix, avant que l’incontournable Freak on a Leash ne vienne clore la soirée de manière magistrale, laissant un public conquis, la voix cassée et le cœur rempli de cette nostalgie furieuse que seul Korn peut provoquer.

Au final, cette soirée a été bien plus qu’un simple retour de Korn à Québec. Ce fut une démonstration de la vitalité de la scène métal, portée par la puissance brute de Gojira, qui a failli voler la vedette, et confirmée par des rois du nu-metal qui ont prouvé que leurs hymnes sont tout simplement intemporels. Le public québécois est reparti comblé, la tête pleine de riffs lourds et avec la certitude d’avoir assisté à l’un des concerts les plus solides de l’année.