Hawksley Workman au Théâtre Fairmount | Égal à lui-même : showman et plein de bonnes chansons

Hawksley Workman était au Théâtre Fairmount jeudi soir en duo avec Todd Lumley, son complice et claviériste de longue date. Il est toujours autant extraverti, exubérant et capable de livrer cette recette pop rock efficace.

Il y a tout juste 20 ans, une ancienne flamme m’avait convaincu de l’accompagner à un concert d’Hawksley Workman. Ce n’était pas bien compliqué, j’étais déjà une « guidoune à shows ». J’avais trouvé ça plutôt agréable, Workman avait de bons titres, un charisme certain et un déhanchement qui faisait se pâmer bien des femmes. Il y avait eu Serena Ryder en première partie, alors toute jeune et inconnue. Elle avait commencé sa prestation seule a cappella, devant une salle totalement indifférente, mais avait réussi le tour de force de capter l’attention de toute l’audience en trois minutes!

Et alors, Hawksley Workman, quessa donne en 2024? Le Théâtre Fairmount est en formule assise, et n’est pas tout à fait rempli. C’est une formation en duo avec Workman à la guitare électrique et au chant sur scène, accompagné du clavier toujours très solide et efficace de Todd Lumley, également aux chœurs. On comprend rapidement qu’il y a un public d’inconditionnels dans la salle dont l’âge oscille entre la quarantaine et la cinquantaine. Certaines personnes ont aussi emmené leur jeune progéniture.

On ne se le cachera pas, l’âge a fait son chemin et Workman et moi partageons maintenant tous deux la petite bedaine et les lunettes pour voir de près… Mais il y a toujours des femmes qui ne se peuvent plus devant lui, au point où ça en devient même gênant. « I WILL DRINK YOUUU! »

Euh?

Hawksley Workman me semble un peu moins exubérant que dans mon souvenir. Peut-être aussi qu’en formule duo, il doit assurer la guitare sans s’arrêter. Ça ne l’empêche pas de faire régulièrement son petit kick du pied droit dans les airs. Il est très bavard et plutôt comique, ponctuant d’anecdotes chaque titre. La voix est toujours là, puissante et présente, régulièrement lyrique et passant souvent en voix de tête au refrain.

Et les chansons? Eh bien, il a encore en réserve toute une poignée de titres imparables que je redécouvre ce soir. J’avoue que je ne l’ai pas vraiment écouté au cours de ces 20 dernières années, mais je refais connaissance avec Bullets, Claire Fontaine, Birds in Train Stations et ses hits comme No Reason To Cry Out Your Eyes ou Smoke Baby. Il y a Jealous of Your Cigarette, toujours aussi efficace où il se lâche pour l’unique solo de guitare de la soirée, avec grosse distorsion et l’attitude qui vient avec, pour un résultat plutôt complaisant et pas vraiment convaincant. Sur l’excellent Your Beauty Must Be Rubbing Off, on a droit à une partie de piano à quatre mains qui oscille entre la prouesse musicale et le show de cirque.

Suivant The City Is a Drag, qui évoque sa relation amour/haine avec Toronto, il enchaîne avec Karma Chameleon de Culture Club, puis brièvement We Built This City de Starship, avant de revenir au titre pour le dernier couplet. Il termine avec un rappel et le concert est terminé, avec un public conquis d’avance et conquis à nouveau.

J’ai trouvé ça plutôt agréable, Workman a de bons titres, un charisme certain et un déhanchement qui fait encore se pâmer bien des femmes. On regrettera que le répertoire n’ait pas beaucoup évolué depuis 2004. Hawksley, on se donne rendez-vous en 2044 ?

Murray Lightburn en ouverture

Le meneur de The Dears fait maintenant son chemin en solo avec un très intéressant dernier album, Once Upon a Time in Montréal. Il est seul sur scène, accompagné de sa guitare. Et il est toujours aussi élégamment habillé.

C’est une prestation qui semble difficile pour lui. Il se déclare rouillé et paraît insatisfait. Pourtant la courte prestation de six titres avait tout pour plaire, avec sa voix de velours toujours aussi captivante et de bons titres, si ce n’est la sensation qu’il voulait déjà être ailleurs. Il reste comme un goût d’inachevé.