Silvia Gribaudi - Graces

Graces de Silvia Gribaudi | Vent de fraîcheur et d’autodérision

Après Pina Bausch et l’École des Sables la semaine passée, c’est encore une grande première pour le diffuseur de danse contemporaine Danse Danse en cette rentrée culturelle, cette fois-ci grâce à une première compagnie italienne programmée. Dans le cadre de cette collaboration inédite avec l’Institut italien de la culture, Danse Danse reçoit l’artiste-chorégraphe Silvia Gribaudi et ses trois apollons qui nous proposent une interprétation de la sculpture néo-classique Les Trois Grâces, créée par Antonio Canova entre 1812 et 1817.

On ne se lance pas dans un cours sur le néo-classicisme ici, on va plutôt parler de ce que Graces a su provoquer en nous hier soir. Dans cette pièce qui a beaucoup fait parler d’elle en Europe et qui est de passage au théâtre Duceppe jusqu’au samedi 15 octobre, Silvia Gribaudi nous propose d’explorer de façon très interactive notre rapport au corps, à la danse et à la mise en scène.

Entre rire et malaise, des corps loin des stéréotypes

L’artiste-chorégraphe connue pour ses recherches sur l’impact social du corps et la relation performeur-spectateur explore avec beaucoup de précision et de subtilité la grâce et la beauté. L’humour des artistes nous accompagne tout au long de la pièce et le public est vite amené à interagir avec ces derniers. On s’interroge sur les corps qu’on voit habituellement sur scène, les moins communs et les stéréotypes. On est loin des Grands Ballets ici et cette diversité dans la programmation de Danse Danse fait du bien.

Les rires du public laissent place aux malaises et aux longs silences. Ils sont beaux ces malaises, surtout lorsqu’ils sont bien maîtrisés et nous amènent à questionner notre rapport aux corps dans la danse. Silvia Gribaudi l’a bien compris et jongle avec ces nombreux codes de la danse-théâtre avec humour et autodérision.

En se plaçant à la fois comme artiste et observatrice du joyeux bordel qui s’opère sur scène, elle nous propose un beau moment de contemplation et de réflexion.

Entre danse et performance

On a peu l’habitude de voir des pièces qui viennent nous confronter et nous faire réagir de cette façon dans la programmation de Danse Danse. Il faut reconnaître que ce choix de programmation est un vent de fraîcheur. En voyant le travail de Silvia Gribaudi, on ne peut s’empêcher de penser au chorégraphe Dave St-Pierre.

Entre danse et performance, on ressort de la salle avec enchantement en posant un nouveau regard sur ce qu’est la beauté, la grâce et les standards en danse. Les codes et les idées reçues sont éclatés pendant 60 belles minutes. Une découverte qui vaut le détour en ce début de saison à Danse Danse.

Nos photos en vrac

Vos commentaires